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Découverte du plus ancien comportement de groupe chez les animaux

Le Vif

Des fossiles d’arthropodes marins vieux de 480 millions d’années ont été découverts rangés en file indienne, vers une même direction, probablement pour se protéger d’une tempête, signe d’une origine très ancienne du comportement collectif chez les animaux, selon une étude parue jeudi.

Il s’agit « de la plus ancienne forme d’organisation collective jamais trouvée de manière aussi précise » chez les animaux, a déclaré Abderrazak El Albani, chercheur au CNRS, un des auteurs de l’étude publiée dans la revue Scientific Reports.

Ce comportement, indispensable à la survie, est comparé à celui de certaines langoustes vivant aujourd’hui et qui ont l’habitude de se déplacer en groupe pour échapper aux perturbations environnementales.

Une équipe de chercheurs s’est penchée sur des fossiles d’Ampyx, des trilobites (une classe d’arthropodes marins) qui vivaient au Maroc il y a 480 millions d’années, à l’Ordovicien, période où la plupart des groupes animaux se sont diversifiés.

Sur les plaques découvertes, les fossiles de trilobites forment des files régulières, où les individus rampant au fond de l’eau se touchent via leurs épines, tous orientés vers une même direction.

L’analyse du sédiment autour d’eux a montré qu’ils avaient probablement été ensevelis dans cette position lors d’une tempête.

« L’hypothèse la plus logique est qu’ils devaient migrer en file indienne d’un environnement à l’autre, pour se protéger de l’agitation de l’eau, et/ou pour aller se reproduire dans des environnements plus calmes », comme le font aujourd’hui les langoustes en mer des Caraïbes, explique à l’AFP Muriel Vidal, paléontologue à l’Université Bretagne occidentale, co-auteure de l’étude.

Pourquoi migraient-ils en groupe, et pas séparément ? Et pourquoi se touchaient-ils ? « On ne sait pas encore analyser ce contact », détaille Jean Vannier, chercheur au CNRS et co-auteur.

« Mais statistiquement, c’est moins risqué de se déplacer en groupe, ça diminue les chances d’être dévoré par le prédateur, qui a plus de mal à identifier sa proie », avance le paléontologue.

Autre hypothèse: la migration en bande leur offrait plus de chances de se reproduire « car le groupe permet de rencontrer d’autres partenaires ». Et donc un « avantage évolutif ».

Ce type de comportement suppose quoiqu’il en soit un « système nerveux adapté pour faire passer les signaux », fait valoir le chercheur.

« On a beaucoup d’informations sur l’anatomie des premiers animaux, mais peu sur leur comportement. Cette étude vient montrer l’origine très ancienne du comportement collectif, qui s’est probablement développé très tôt dans l’évolution du monde animal », conclut-t-il.

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