C'est un cercle vicieux : la peur provoque des nausées, et les nausées font grandir l'angoisse. © GETTY

Vivre avec la peur de vomir

Le Vif

Éviter de rendre visite à ses amis, ne pas voyager en bus ou en train, éviter certains aliments… Comment vivre avec la phobie du vomissement ?

Laura, 26 ans, préfère ne pas aller à des soirées. Et quand elle s’y rend quand même, elle s’arrange pour rentrer avant que les autres n’aient bu un verre de trop. Elle-même ne boit pas d’alcool.  » Je ne mange pas de viande non plus ni de poisson, par crainte des bestioles qui pourraient troubler ma digestion. Je ne bois jamais d’eau du robinet et je contrôle méticuleusement la date limite de consommation des produits alimentaires.  » Laura ne veut pas seulement éviter de vomir, mais elle éprouve également une peur panique de voir vomir d’autres personnes.  » Si j’entends que des membres de ma famille ou amis ne se sentent pas bien ou qu’ils ont souffert récemment d’une grippe intestinale, je m’en vais. Et j’évite, si possible les transports publics. Imaginez-vous être assis près de quelqu’un qui souffre du mal des transports…  »

Impact social

Laura souffre d’émétophobie : une peur extrême et irrationnelle du vomi. Il s’agit de la 7e phobie la plus fréquente. Elle est surtout présente parmi les jeunes femmes. Son impact sur la vie de tous les jours est considérable. Certains émétophobes s’imposent des restrictions alimentaires et maigrissent en conséquence ou souffrent d’insuffisance pondérale. Manger ailleurs que chez soi est souvent considéré comme risqué et est donc évité. De même pour toutes les occasions où de l’alcool est servi. Il n’est donc pas étonnant que la vie sociale soit impactée.

Laura l’avoue :  » Je me rends compte que je dois chercher de l’aide, mais je crois que je serai prête au moment où je voudrai avoir des enfants. Je ne veux pas non plus devoir m’enfuir quand mes enfants vomiront et appelleront leur maman. Même si j’espère déjà maintenant que je ne souffrirai pas de nausées matinales quand je serai enceinte.  »

Rompre le cercle vicieux

L’émétophobie peut souvent être rattachée à un événement traumatisant avec des vomissements vécu pendant l’enfance ou la jeunesse. Après quoi toutes les situations avec des vomissements seront évitées. Ensuite, le cercle vicieux entre les vomissements et la peur se met en place : la peur provoque des nausées, et les nausées font grandir l’angoisse.

L’émétophobie n’est souvent pas identifiée ou diagnostiquée en tant que telle, ce qui fait que les patients ne sont pas toujours traités adéquatement. C’est regrettable car des thérapies aident les personnes concernées. Elle débutent en général par l’identification du problème, de l’origine de la phobie et de la raison pour laquelle la peur est entretenue. La plus utilisé est la thérapie comportementale cognitive, associée ou non à des médicaments.

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