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Vers une disparition naturelle du coronavirus?

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Un ancien chef de l’OMS estime que l’immunité pourrait jouer un rôle très important dans la « disparition » progressive du virus. Une dissipation qui mettrait néanmoins encore plusieurs mois avant de se produire, si l’on en croit les projections de divers épidémiologistes.

Malgré la menace d’une seconde vague d’infections, le déconfinement se généralise dans les pays d’Europe. Signe que la situation s’améliore progressivement, si l’on en croit les statistiques. Et cela, alors même que de nombreux vaccins sont toujours en cours de développement. Le virus pourrait-il disparaitre naturellement – si pas définitivement, au moins temporairement – avant la création d’un vaccin? C’est ce qu’estime Karol Sikora, ancien chef de l’OMS. « Nous constatons un schéma à peu près similaire partout – je pense que nous avons plus d’immunité que prévu« , a-t-il déclaré ce week-end sur Twitter. « Nous devons continuer à tout mettre en oeuvre afin de ralentir le virus, mais il pourrait se dissiper tout seul. Je pense que c’est un scénario réalisable. » Ses commentaires interviennent quelques jours après la publication d’une étude réalisée au Royaume-Uni sur l’immunité des citoyens.

L’étude a utilisé les données sur les taux de transmission R0 fournies par les autorités locales du pays. Les chercheurs en ont déduit qu’environ 19 millions de personnes étaient « susceptibles » d’avoir déjà contracté le virus au Royaume-Uni, et d’avoir donc développé une potentielle immunité. Or, si le taux d’immunité dans les populations mondiales augmente, la probabilité d’une propagation du virus diminuerait, puisque moins de citoyens seraient des cibles potentielles du virus.

Cette immunité induite par le coronarivus pose cependant encore question auprès de la communauté scientifique. Il n’y a en effet aucune preuve, à l’heure actuelle, que les personnes qui se sont remises du Covid-19 et qui ont développé leurs propres anticorps sont prémunies contre une seconde infection. « Personne ne prétend savoir ce qui va se passer avec certitude. Je crois que dans une situation inconnue, [la dissipation naturelle du Covid-19] est une possibilité », a ajouté le profession Sikora dans un tweet. « Nous devons continuer à maintenir nos distances et espérer que les chiffres continueront de s’améliorer.« 

https://twitter.com/ProfKarolSikora/status/1261604101051289600Professor Karol Sikorahttps://twitter.com/ProfKarolSikora

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3 scénarios pour le futur de la pandémie

On le constate, l’avenir de l’évolution de cette pandémie reste encore incertain. Et si les épidémiologistes en savent chaque jour un peu plus sur ce virus, ils n’ont pas encore de réelles certitudes quant au comportement de la maladie, puisqu’il dépend de nombreuses variables. Pour l’instant, seule l’énonciation de divers scénarios est possible.

Le 30 avril dernier, le Center for Infectious Disease Research and Policy (CIDRAP) de l’université du Minnesota a publié une étude épidémiologique prédictive sur l’évolution de la pandémie dans le monde. Les chercheurs ont basé leurs prédictions sur les données de précédentes pandémies. Ils ont notamment pris en compte les similarités et les différences entre les pandémies grippales et celle de Covid-19.

Dans un premier temps, les chercheurs ont dressé une « carte d’identité » du virus et un ensemble de facteurs importants pour évaluer l’évolution de la pandémie. Ils ont tout d’abord estimé que »la durée de la pandémie [serait] de 18 à 24 mois, le temps que l’immunité de groupe se développe parmi la population humaine« . La cause de cette lente évolution? « Une part relativement faible de la population a été infectée et le taux d’infection varie substantiellement en fonction des aires géographiques », précisent-ils.

Ils ont ensuite comparé les pandémies grippales et celle du Corid-19. Non seulement, le coronavirus se propage beaucoup plus facilement que les grippes, en raison de la diffusion asymptomatique du virus, mais la pandémie de Covid-19 ne pourra être potentiellement stoppée que lorsque 60% à 70% de la population mondiale seront immunisées.

À partir de ces données, les chercheurs ont émis 3 scénarios potentiels de l’évolution de la pandémie actuelle :

  • Scénario 1: La première vague que nous connaissons aujourd’hui serait suivie d’une succession de petites vagues régulières et ponctuelles pendant un à deux ans. À noter que l’intensité de ces vagues diminuerait progressivement à partir de 2021, selon le lieu et le type de mesures adoptées (et surtout respectées). Si l’on en croit ce scénario, cela supposerait donc une succession de périodes de « reconfinement » et « déconfinement », jusqu’à la disparition du virus.
  • Scénario 2: La première vague actuelle serait suivie de deux vagues notables. Le second pic serait même plus important que celui que nous avons vécu ces dernières semaines. Les chercheurs estiment que cette seconde vague arriverait dès la rentrée scolaire 2020, ou au début de l’hiver. S’en suivrait alors d’une autre vague, plus petite, en 2021. « Ce modèle est similaire à ce qui a été observé avec la pandémie de 1918-19« , explique le CIDRAP. La pandémie avait commencé avec un premier pic en mars 1918, puis « une vague plus grande est advenue à la rentrée 1918. Un troisième pic est advenu pendant l’hiver et le printemps 1919 « .
  • Scénario 3: La vague actuelle ne serait pas suivie de réelles autres grandes vagues de contaminations. L’extinction du virus serait progressive, avec plusieurs apparitions de nouvelles infections, ne suivant néanmoins pas de schéma précis. Le virus serait donc bien présent, mais ne générerait pas de nouveaux pics ou de nouvelles saturations hospitalières.

En d’autres termes, il ne faut pas s’attendre à une disparition immédiate du virus. La pandémie risque bel et bien de durer encore plusieurs mois, avec la probabilité de nouvelles vagues de contaminations si les mesures de sécurité ne sont pas respectées. Mieux vaut en tous cas se préparer au pire et se munir dès à présent de plans concrets visant non seulement à mieux protéger le personnel médical en cas de nouvelle(s) vague(s), mais aussi à réinstituer des mesures strictes de grandes ampleurs si la situation l’exigeait.

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