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Vaccin, traitement : où en est la recherche contre le coronavirus ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Grâce à la science, nous en savons un peu plus chaque jour sur le Covid-19. Quelles sont les récentes percées et où en sont les développements de traitements et de vaccins ? On fait le point.

Les groupes pharmaceutiques et les laboratoires de recherche à travers le monde se sont lancés dans une course pour développer traitements et vaccins en utilisant une variété de nouvelles technologies. En voici les principaux exemples.

Apprendre à connaitre le coronavirus

Cartographie de la réponse immunitaire. Des chercheurs australiens ont réussi à cartographier le mécanisme de la contre-attaque immunitaire de l’organisme face au coronavirus. Cela permet d’étudier la montée au front des cellules de défenses immunitaires et des anticorps. Cette découverte peut avoir deux applications pratiques : aider à développer un vaccin et aider les autorités sanitaires à faire de meilleures prévisions. Ces « marqueurs » du système immunitaire pourraient prédire quels patients sont susceptibles de présenter des symptômes bénins ou graves.

Découverte belge d’un anticorps. L’Institut flamand de recherche en biotechnologie (VIB) a découvert anticorps capable de neutraliser le virus à l’origine du Covid-19. Ou du moins sa variante de laboratoire : « une avancée importante dans le développement d’un éventuel médicament antiviral ». Selon le laboratoire, « les résultats indiquent que l’anticorps pourrait empêcher le coronavirus d’infecter les cellules humaines. (…) Contrairement aux vaccins, un anticorps offre une protection immédiate – bien que de plus courte durée. » L’avantage de cette approche est que les patients n’ont pas besoin de produire leurs propres anticorps. Les travailleurs de la santé ou les personnes présentant un risque accru d’exposition pourraient par exemple bénéficier d’une protection immédiate. Des recherches supplémentaires sont toutefois encore nécessaires pour confirmer les résultats.

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Des essais de traitement

De nombreux scientifiques, institutions académiques et entreprises espèrent être les premiers à trouver un médicament efficace.

En Belgique, l’hydroxychloroquine est à l’essai. Une molécule, l’hydroxychloroquine, laisse espérer des bienfaits pour les patients hospitalisés, comme nous le révélions début de semaine. Comme tout médicament, il comporte risques et effets secondaires. Mais ils sont très largement compensés par tous ses avantages. La molécule fait l’objet de controverses sur son efficacité, mais les Chinois en ont fait le traitement de choix, ainsi que les Italiens.

>> Coronavirus : une molécule vient au secours des patients hospitalisés

Un traitement anti-paludisme. Un traitement contre le paludisme, la chloroquine, a montré des signes d’efficacité. Selon une étude chinoise mi-février, un essai clinique mené dans une dizaine d’hôpitaux pour mesurer son efficacité sur le traitement de pneumonies associées au Covid-19 a donné des résultats encourageants. Mais cette piste est être accueillie avec la plus grande prudence de la part des spécialistes: « Il faut avoir à disposition les protocoles, pour savoir comment l’étude a été conduite, quels ont été les critères d’évaluation, la population de patients ». En l’absence de données cliniques solides et publiques, on ne peut pas en déduire une preuve d’efficacité ni des recommandations. Par ailleurs la chloroquine peut même être « très dangereuse en cas de surdosage ».

Antiviral en premier sur le marché ? De tous les médicaments en lice pour combattre le Covid-19, le remdesivir pourrait être le premier à arriver sur le marché, d’ici quelques mois. L’antiviral a été développé contre d’autres virus comme Ebola (sans être efficace) et n’a encore été approuvé nulle part. Mais il a été prometteur dans le traitement de patients atteints du coronavirus en Chine, selon des médecins, et a été utilisé pour aider à soigner deux patients aux États-Unis et en France. L’entreprise Gilead lance la dernière phase des essais cliniques en Asie.

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Souris et anticorps humains. Le groupe américain Regeneron a développé l’an dernier un médicament connu sous le nom « d’anticorps monoclonaux », qui a permis d’améliorer le taux de survie de patients touchés par Ebola. L’entreprise a génétiquement modifié des souris afin qu’elles aient un système immunitaire semblable à celui de l’homme. Les souris ont été exposées à des virus, des formes atténuées de virus, ou des protéines virales, pour qu’elles produisent des anticorps humains. Ces anticorps, sélectionnés et isolés, sont alors cultivés dans des laboratoires, purifiés puis administrés à des humains par intraveineuse. Dans la recherche contre le coronavirus, les essais cliniques devraient commencer cet été. Le médicament pourrait fonctionner à la fois comme un traitement et un « vaccin », même si les effets ne seraient que temporaires car les anticorps ne feront pas partie de la mémoire du système immunitaire des individus.

En quête d’un vaccin

Il n’existe pour l’instant aucun vaccin agréé contre le virus Covid-19, mais de nombreux laboratoires y travaillent depuis des semaines. Jamais un vaccin très efficace contre un membre de la famille des coronavirus n’a été conçu pour les humains. Rien qu’en Chine, au moins neuf vaccins possibles sont en cours d’élaboration.

Avant l’automne ? La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen espère un vaccin contre le nouveau coronavirus « avant l’automne ». CureVac, un laboratoire allemand, travaille « sur une technologie prometteuse pour développer un vaccin. » L’UE leur fournit jusqu’à 80 millions d’euros. La société affirme être « à quelques mois » de pouvoir présenter un projet pour validation clinique.

Premier essai clinique aux États-Unis. Le premier essai clinique a débuté cette semaine à Seattle. Le vaccin se nomme mRNA-1273 et a été développé par des scientifiques des Instituts nationaux de santé américains (NIH) et de l’entreprise de biotechnologies Moderna. Les participants devront passer par différentes phases afin de déterminer si le vaccin est efficace et sécurisé. Il fonctionne avec l’information génétique de la partie du virus qui s’attache aux cellules et les infecte – des pointes appelées « protéines de spicule ». Cette information est stockée dans une substance appelée « ARN messager » qui transporte le code génétique de l’ADN aux cellules. Si tout se déroule comme prévu, il pourrait alors être commercialisé d’ici un an et demi, dans l’hypothèse où l’épidémie se prolongerait jusqu’à la prochaine saison grippale.

Vaccin, traitement : où en est la recherche contre le coronavirus ?
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Des tests en Russie et en Chine. La Russie a annoncé avoir commencé à tester sur des animaux un vaccin contre le coronavirus, et espère avoir de premiers spécimens prometteurs en juin. Au total, une dizaine de types du vaccin ont été créés à ce jour dans ce centre basé en Sibérie occidentale. La Chine commence de son côté à tester un vaccin qu’elle juge « efficace ». Approuvé après de premiers tests, il peut désormais être testé sur les êtres humains.

Recombinaison de l’ADN. Le groupe pharmaceutique Sanofi s’est associé au ministère américain de la Santé pour développer un candidat vaccin, en utilisant une « technologie de recombinaison de l’ADN ». Elle consiste à combiner l’ADN du virus avec l’ADN d’un virus inoffensif afin de créer une nouvelle entité cellulaire à même de provoquer une réponse immunitaire. Les antigènes créés pourraient ensuite être reproduits à grande échelle. Cette technologie est déjà à la base du vaccin du groupe pharma contre la grippe. Grâce à ses travaux de recherche sur le SRAS, l’entreprise pense avoir « une longueur d’avance » pour un résultat rapide des recherches. Ils espèrent pouvoir disposer d’un candidat vaccin « dans moins de six mois » et potentiellement entrer en essai clinique « dans environ un an à un an et demi ».

Un million de doses. Une autre entreprise pharmaceutique, Inovio, qui travaille sur un vaccin ADN, a annoncé qu’elle commencerait les essais cliniques le mois prochain. Depuis sa création en 1983, la groupe travaille sur des vaccins ADN, qui fonctionnent comme les autres vaccins à base d’ARN évoqués plus haut, mais plus en amont de la chaîne. « Nous prévoyons de commencer les essais cliniques aux États-Unis en avril. (…) Nous avons l’intention de livrer un million de doses d’ici la fin de l’année grâce à nos ressources et nos capacités existantes ».

Prudence

Les experts mettent cependant en garde : la recherche d’un vaccin et de traitements contre le coronavirus ne doit pas se faire à la va-vite : « Il est essentiel que nous travaillions aussi dur et aussi vite que possible pour mettre au point des traitements et des vaccins largement disponibles partout dans le monde. Mais il est important de ne pas prendre de raccourcis », juge Shibo Jiang, professeur de virologie à l’Université Fudan de Shanghaï, en Chine, et au New York Blood Center, une institution américaine. « Il est compréhensible que les gouvernements soient pressés de trouver une solution pour éviter les morts, les fermetures et les quarantaines qu’entraîne le Covid-19. Mais combattre cette maladie nécessite un vaccin sûr et efficace », poursuit cet expert.

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