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Une variante du coronavirus est-elle plus agressive ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Des chercheurs ont identifié des centaines de mutations du coronavirus avec cette question en ligne de mire : une mutation en particulier modifie-t-elle la gravité ou le caractère infectieux de la maladie ?

Des recherches préliminaires menées aux États-Unis ont suggéré qu’une mutation particulière -nommée D614G – devient dominante et pourrait rendre la maladie au Covid-19 plus infectieuse, et peut-être plus grave. Elle n’a pas encore été examinée par d’autres scientifiques et n’a pas encore fait l’objet d’une publication officielle, relaie la BBC.

Les chercheurs du laboratoire national de Los Alamos, au Nouveau-Mexique, ont analysé les modifications des « picots » du coronavirus qui lui donne sa forme si distinctive. Ils ont noté que cette mutation particulière semble la faire se propager rapidement sans que ses conséquences en soient encore claires.

L’équipe de recherche a analysé les données britanniques provenant de patients atteints de coronavirus à Sheffield. Bien qu’ils aient constaté que les personnes présentant cette mutation particulière du virus semblaient avoir une plus grande quantité du virus dans leurs échantillons, ils n’ont pas trouvé de preuves notables qu’elles étaient plus malades ou restaient plus longtemps à l’hôpital.

Une autre étude de l’University College London (UCL) a identifié 198 mutations récurrentes du virus. L’un de ses auteurs, le professeur François Balloux, explique : « Les mutations en elles-mêmes ne sont pas une mauvaise chose et rien ne suggère que le SRAS-CoV-2 mute plus vite ou plus lentement que prévu « . Selon ses observations, « jusqu’à présent, nous ne pouvons pas dire si le SRAS-CoV-2 devient plus ou moins mortel et contagieux« .

Le suivi des petites modifications de la structure du virus est important pour comprendre le développement des vaccins. Le virus de la grippe, par exemple, mute si rapidement que le vaccin doit être adapté chaque année pour traiter la souche spécifique en circulation. Ce que redoutent le plus les scientifiques, c’est que le virus accumule suffisamment de mutations pour compromettre la mise au point d’un vaccin. Pour le moment, aucune preuve d’un changement dans la biologie intrinsèque du virus n’a été apportée.

Variante A, B ou C

Des études sont également en cours pour déterminer les différentes variantes du coronavirus. Une étude de l’Université de Glasgow, qui a analysé les mutations du coronavirus, a déclaré que ces changements ne correspondaient pas à différentes souches du virus. Ils ont conclu qu’un seul type de virus circule actuellement.

Grâce à des modèles algorithmes complexes, des scientifiques de l’université de Cambridge ont, eux, réussi à distinguer trois mutations globales du SRAS-CoV-2. Elles sont répertoriées par les lettres A, B et C, rapporte De Morgen.

Une variante du coronavirus est-elle plus agressive ?
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New York aurait ainsi été touchée par la variante européenne du Covid-19 tandisque Los Angeles par la variante chinoise, selon le gouverneur de New York Andrew Cuomo. En Asie de l’Est, en revanche, c’est un type de virus que l’on ne trouve pas chez les patients européens qui domine. Le virus a donc bien muté et continue de le faire.

L’équipe s’appuie sur des échantillons de virus prélevés sur des patients du monde entier entre le 24 décembre 2019 et le 4 mars 2020. Cela crée un pedigree phylogénétique qui montre quels types descendent d’un ancêtre commun et comment ils sont liés les uns aux autres. Ils montrent également les voies d’infection possibles, explique De Morgen.

Le type « A » est appelé le type ancestral et est le plus proche de la source de l’épidémie : il est présent à Wuhan, mais – ce qui est frappant – il n’y est pas dominant. Des mutations du type A apparaissent également plus tard aux États-Unis. L’Asie est touchée par le type B qui se produit dans peu d’autres endroits du monde. Selon les chercheurs, il est probable que cette variante a fini par muter en un type C qui domine en Europe, cette variante a été trouvée chez les premiers patients en Italie et en France.

Comme les recherches menées en Grande-Bretagne ont eu lieu à un stade précoce de l’épidémie et que le virus s’est ensuite diversifié, il est logique, selon le virologiste Marc Van Ranst, que l’on puisse retracer encore plus de souches. « Vous pouvez ensuite les classer en cinq autres types peut-être« , selon lui.

Une variante est-elle plus mortelle qu’une autre ?

Les scientifiques chinois ont signalé une variante agressive et une variante moins agressive en mars, mais « d’un point de vue clinique, on accorde peu d’importance à toutes les différentes variantes pour l’instant », déclare Van Ranst. « Cela voudrait dire qu’une variante italienne du virus agit de façon différente d’une variante chinoise, mais ce n’est pas le cas. Avec chaque variante, quelqu’un tombe malade et les mêmes symptômes apparaissent ».

Le virologiste a précédemment souligné que le code génétique du SRAS-CoV-2 n’a pratiquement pas changé en quelques mois, de sorte que le virus n’a pas acquis d’autres caractéristiques. «  Il est donc difficile de dire que le virus serait plus meurtrier en Italie que dans n’importe quel autre pays. Beaucoup dépend d’autres facteurs tels que le système de santé de ce pays« , explique le virologue dans De Morgen qui conclut : « Il se peut qu’un virus devienne plus agressif lorsqu’il a muté, mais pour l’instant, rien ne l’indique pour le coronavirus. »

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