Des scientifiques chinois ont mis au point une peau artificielle capable de détecter une fourmi. © Getty Images/Aerogondo

Une peau artificielle capable de ressentir le souffle du vent ?

Stagiaire Le Vif

Aujourd’hui, les prothèses les plus avancées, celles qui sont reliées au système nerveux, égalent presque les mouvements d’un vrai membre. Les scientifiques vont aujourd’hui encore plus loin et travaillent à recréer les sensations et même la douleur.

Des scientifiques chinois de l’Institut de technologie et d’ingénierie des matériaux de Ningbo ont annoncé, mercredi, dans la revue Science Robotics, avoir développé une peau artificielle d’un nouveau genre. Celle-ci se compose d’une membrane de particules magnétiques, qui capte les variations de champs et les convertit en un signal électrique transmis aux nerfs. Elle serait sensible au point de pouvoir détecter une fourmi, et même le souffle du vent.

Wim Rutten, professeur de neurotechnologie à l’Université de Twente aux Pays-Bas, nuance pourtant dans De Morgen : « Si le fonctionnement de ce capteur est neuf, avec son diamètre d’un millimètre, cette structure reste relativement petite et d’autres genre de capteurs offrent déjà des performances comparables. Cependant, sa simplicité de conception pourrait faciliter sa production, ce qui permettrait d’obtenir des peaux artificielles moins chères. » Il pointe également que « si cette peau peut détecter un coup de vent, elle est si fine qu’on peut se demander si elle résistera aussi aux mouvements du quotidien. Et pensez aux centaines de fils nécessaires pour connecter tous ces petits capteurs au système nerveux humain… » Le chemin semble donc encore long avant de pouvoir profiter de la brise.

La texture des objets est déjà détectable

Pourtant, des expériences menées avec des personnes amputées ont déjà montré des résultats bluffants. Dès 2013, après une opération menée à l’hôpital Gemelli de Rome, un Danois de 36 ans retrouvait les sensations de texture et de résistance des objets, grâce aux quatre électrodes greffées sur les nerfs périphériques de son moignon gauche. En 2015, un Autrichien de 54 ans a bénéficié de la même avancée, pour la jambe droite cette fois. Dans ce dernier cas, la prothèse a permis de mettre fin aux douleurs fantômes que subissait l’homme suite au traumatisme psychique de la perte d’un membre.

En juin dernier, la même revue publiait les résultats d’une expérience plus surprenante : des ingénieurs de l’université américaine Johns Hopkins étaient parvenus à recréer la douloureuse sensation que provoquent des objets pointus. Cette peau artificielle appelée « e-dermis » et dotée de deux couches de capteurs caoutchoutés engendre donc des stimuli désagréables qui « permettent d’alerter l’utilisateur des dommages potentiels de l’appareil », estiment les concepteurs.

Juliette Chable

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