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Un jeune sur cinq est confronté à du contenu sexuel non sollicité sur Internet

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Les jeunes n’ont jamais eu autant accès à Internet qu’aujourd’hui. Les scientifiques essayent de savoir quel impact cela peut avoir sur leur développement.

Une nouvelle étude publiée il y a quelques jours dans le Journal of Adolescent Health (le Journal de la Santé adolescente), rapporte qu’un jeune sur cinq a déjà reçu des propositions de contenu sexuel non sollicitées de la part de leurs pairs ou d’adultes.

L’auteure de l’étude, Sheri Madigan, psychologue pour enfants et adolescents, affirme que de nombreux jeunes patients lui ont décrit les risques qu’ils prenaient en ligne. « Certains adolescents avec qui je travaillais organisaient des réunions hors ligne avec des inconnus qu’ils avaient rencontrés en ligne », explique-t-elle au Time. « D’autres adolescents avaient envoyé des photos d’eux nus et étaient soumis à un chantage pour envoyer plus de photos, ou ils risquaient que leurs images soient postées et publiées en ligne. »

Sheri Madigan s’est alors demandé s’il était courant que des jeunes découvrent du contenu sexuel en ligne ou le demandent à d’autres jeunes ou adultes. Pour l’aider à répondre à cette question, Madigan et ses coauteurs ont rassemblé les données de toutes les études existantes sur l’exposition sexuelle en ligne non désirée comme des images ou des vidéos pop-up, des spams et des liens ou sollicitations de jeunes de moins de 18 ans. Ils ont trouvé 31 études portant sur l’exposition non désirée en ligne et neuf études portant sur la sollicitation en ligne.

Ils ont constaté que 20% des jeunes ont été exposés à des images sexuelles en ligne et 11% ont reçu des demandes non désirées de se livrer à des activités ou des conversations sexuelles, ou de fournir des images sexuelles.

Sheri Madigan affirme que seulement environ 40% des parents parlent régulièrement à leurs enfants et adolescents de la sécurité sur Internet, et que la surveillance parentale de l’utilisation d’Internet est faible. « Ces chiffres doivent évoluer positivement afin que tous les enfants et adolescents obtiennent l’information dont ils ont besoin pour être en sécurité en ligne », préconise-t-elle.

L’étude a également fourni de bonnes nouvelles. Les chercheurs ont constaté que même si l’exposition et la sollicitation en ligne non désirées sont encore assez courantes chez les jeunes, elles ont diminué chaque année d’environ 1% entre 2005 et 2015.

« Nous croyons que la sensibilisation a augmenté au fil du temps, ce qui peut expliquer la réduction de l’exposition aux risques en ligne », explique Sheri Madigan, soulignant que de plus en plus d’écoles proposent des cours sur la sécurité sur Internet et que les contrôles parentaux et les filtres sont devenus plus facilement disponibles. Une plus grande surveillance de la cyberintimidation et des prédateurs d’Internet par les forces de l’ordre pourrait également avoir un effet positif, souligne la chercheuse.

L’étude a cependant plusieurs limites. Il n’évalue pas les manières les plus courantes dont les jeunes sont exposés à des images ou à des sollicitations sexuelles. Les chercheurs ont également examiné des études de 1990 à 2016, ce qui signifie que les taux d’exposition actuels pourraient être différents. Mais Madigan et ses collègues plaident pour davantage de stratégies de prévention pour protéger les enfants et les adolescents en ligne, plus d’éducation sur les relations saines en ligne et hors ligne, plus de conseils pour identifier les comportements courants des prédateurs sexuels en ligne, ainsi que plus de messages de sécurité ciblant les jeunes et pas seulement leurs parents.

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