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Quelle est donc cette mystérieuse hépatite qui touche les enfants?

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

L’OMS lance l’alerte: ces dernières semaines, de nombreux enfants ont contracté une hépatite sévère d’origine inconnue. Un premier cas a même été détecté en Belgique, quand d’autres pourraient émerger dans les semaines à venir. Voici ce que l’on sait de cette mystérieuse maladie…

Jaunisse, diarrhées, vomissements, douleurs abdominales intenses… Une mystérieuse infection du foie – dont l’origine est encore inconnue – semble sévir dans la population infantile mondiale. Jusqu’à présent, au moins 169 cas d’hépatite aiguë ont été signalés dans le monde, dont 114 cas rien qu’au Royaume-Uni. Ce samedi 23 avril, cette mystérieuse hépatite a même fait sa première victime.

Et si un unique cas a pour l’instant été découvert dans notre pays, l’institut de santé Sciensano met en garde. Il ne faut pas sous-estimer la virulence de cette « nouvelle » forme d’hépatite, les cas se multiplient et plusieurs enfants belges pourraient être infectés dans les prochaines semaines.

Origine inconnue

L’hépatite est une inflammation du foie, le plus souvent causée par une infection à un virus (hépatites virales A, B, C, D, E), mais parfois par l’alcoolisme, ou par une intoxication par un médicament ou par un produit chimique (hépatites toxiques). Fièvre, mal-être, perte d’appétit, diarrhées, nausées, gêne abdominale, urines foncées ou encore ictère (coloration jaune de la peau et du blanc de l’oeil)… L’hépatite entraîne une kyrielle de problèmes de santé, selon les cas, et peut même parfois provoquer une infection chronique du foie et la mort de certains patients.

On estime que 325 millions de personnes dans le monde vivent avec l’hépatite B et/ou C. Néanmoins, aucune de ces formes courantes de la maladie ne semble être responsable des récents cas pédiatriques recensés par l’OMS. Et pour cause: les hépatites classiques ne sont pas fréquentes chez les enfants. Or, la mystérieuse maladie n’a jusqu’à présent été observée que chez les enfants de moins de 16 ans, en particulier chez ceux âgés entre 2 et 5 ans. De plus, des analyses ont immédiatement écarté l’hypothèse d’une hépatite virale habituelle.

Et si la plupart des enfants ont pu être soignés rapidement, une minorité d’entre eux a subi une transplantation de foie, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDE). De quoi pousser les instances sanitaires européennes à se pencher sur le dossier pour identifier l’origine de ce nouveau mal, qui a déjà fait une première victime.

Principal suspect: un adénovirus

Parmi les premières causes possibles de la maladie, les experts évoquent la piste d’un adénovirus. Les adénovirus sont des virus à ADN double-brin, de grande taille qui se transmettent par contact avec des objets contaminés ou des gouttelettes respiratoires. 74 cas ont été testés positifs pour l’adénovirus de type 41, qui n’entraîne normalement que des infections principalement bénignes (comme le rhume).

« On a également détecté la présence de cet adénovirus dans les selles du patient identifié dans notre pays », précise Steven Van Gucht. « Mais les adénovirus sont très fréquents chez les enfants, donc nous ne savons pas s’il s’agit bien de la cause. »

D’autant que l’adénovirus n’explique pas entièrement la gravité de la situation. En effet, ce virus n’est pas connu pour causer un tel symptôme. Certains experts évoquent dès lors l’émergence potentielle d’un nouvel adénovirus: « Il pourrait s’agir d’une nouvelle variante susceptible de provoquer des lésions hépatiques chez les enfants dont le système immunitaire est naïf », explique Zania Stamataki, professeur-associé en immunologie virale au Centre for Liver and Gastrointestinal Research de Birmingham.

Le Covid, responsable?

D’autres facteurs tels qu’une sensibilité accrue chez les jeunes enfants suite à une circulation plus faible de l’adénovirus pendant la pandémie de Covid, ainsi que la co-infection par le SRAS-CoV-2 sont également mentionnés.

Ainsi, la pandémie de Covid pourrait avoir affaibli le système immunitaire des enfants – bien moins exposés à l’adénovirus durant cette période inédite -, favorisant l’apparition de cette hépatite. Par ailleurs, la piste de la co-infection n’est pas écartée, au vu des données récoltées. Le coronavirus et/ou l’adénovirus ont en effet été diagnostiqués chez « plusieurs » enfants infectés, mais leur rôle dans le développement de la maladie « n’est pas encore clair », précise l’OMS.

Cependant, les experts ne considèrent pas un lien avec le Covid comme très probable. « Il serait alors étrange que cette hépatite ne soit pas plus répandue, étant donné la forte prévalence actuelle du Covid« , a déclaré l’infectiologue Graham Cooke de l’Imperial College de Londres dans un communiqué.

Vrai ou faux : la faute au vaccin anti-covid ?

Les autorités sanitaires britanniques ont même cherché à savoir si cela pouvait être un effet indésirable d’un vaccin contre le Covid. Une hypothèse rapidement démentie, non seulement car aucun lien n’a été trouvé mais surtout car les enfants atteints d’hépatite n’ont pas tous été vaccinés.

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