© Getty Images

Pourquoi tant de méfiance envers l’eau du robinet ?

Dans l’Union Européenne, après l’Italie, l’Allemagne et la Hongrie, la Belgique est le 4e plus gros consommateur d’eau en bouteille, avec une moyenne de 135 litres par personne par an. Et cette quantité augmente. En comparaison, nos voisins du nord consomment en moyenne 29 litres d’eau en bouteille par an. Pourtant, nous n’avons qu’à ouvrir le robinet pour disposer d’eau potable !

Notre eau courante provient pour moitié des eaux de surface et pour l’autre moitié, des nappes phréatiques. Le trajet parcouru par cette eau varie cependant beaucoup. L’eau de surface, exposée aux éléments et aux influences humaines, est plus polluée ; en revanche, l’eau souterraine est plus pure, grâce aux processus naturels d’épuration lors de l’infiltration ; elle ne nécessite dès lors qu’un traitement restreint. Cela ne veut cependant pas dire que l’eau courante issue des eaux superficielles est moins potable : si elle subit une plus grande purification, elle doit toujours satisfaire aux mêmes conditions et est tout aussi strictement contrôlée. En Belgique enfin, on ajoute encore généralement du chlore à l’eau courante, quelle que soit son origine, afin d’assurer une hygiène optimale lors de la distribution.

Les distributeurs qui exploitent l'eau de surface contrôlent régulièrement la présence de plus 100 substances différentes ; lorsque de nouveaux produits chimiques arrivent sur le marché, ces derniers sont ajoutés à la liste des substances vérifiées.
Les distributeurs qui exploitent l’eau de surface contrôlent régulièrement la présence de plus 100 substances différentes ; lorsque de nouveaux produits chimiques arrivent sur le marché, ces derniers sont ajoutés à la liste des substances vérifiées.© GETTY

Toutes ces étapes sont suivies de près et la qualité de l’eau courante est sévèrement contrôlée. Les laboratoires des fournisseurs d’eau ont été accrédités pour analyser l’eau destinée à la consommation ; leur analyse va souvent plus loin que les 60 paramètres imposés par la législation. Par ailleurs, ils sont obligés d’analyser l’eau courante qu’ils livrent chez leurs  » clients « . C’est ainsi que chaque année, des milliers d’échantillons sont prélevés auprès des ménages, hôpitaux, écoles, crèches, halls sportifs… bref, partout où l’on a accès à de l’eau de distribution. Ces prélèvements permettent de suivre de près la qualité de tout le réseau.

Préoccupations

La présence de pesticides, d’hormones et de résidus médicamenteux dans l’eau constitue néanmoins une préoccupation importante. Ils se retrouvent en effet dans les sources, en particulier dans l’eau de surface. Phénomène logique, dans la mesure où nous faisons usage de l’agriculture et de la médecine modernes pour satisfaire à nos besoins. Sans compter que nous avons développé des méthodes de mesure tellement précises que même de très faibles concentrations ne leur échappent pas. Heureusement, des techniques de traitement de l’eau permettent d’éliminer ces substances et le produit final, à savoir l’eau distribuée, est rigoureusement contrôlé. Les distributeurs qui exploitent l’eau de surface contrôlent régulièrement la présence de plus 100 substances différentes ; lorsque de nouveaux produits chimiques arrivent sur le marché, ces derniers sont ajoutés à la liste des substances vérifiées.

Chaque année, des milliers d'échantillons sont prélevés auprès des ménages, hôpitaux, écoles, crèches, halls sportifs... bref, partout où l'on a accès à de l'eau de distribution.
Chaque année, des milliers d’échantillons sont prélevés auprès des ménages, hôpitaux, écoles, crèches, halls sportifs… bref, partout où l’on a accès à de l’eau de distribution.© GETTY

À côté de cela, des  » bio-indicateurs  » permettent de suivre de près la qualité microbiologique des eaux. L’absence de ces indicateurs signifie que le processus d’épuration s’est bien déroulé, dans des conditions d’hygiène parfaites. Les sociétés distributrices d’eau investissent aussi de plus en plus dans des techniques de pointe qui vont plus loin que les paramètres microbiens obligatoires et inspectent le profil microbien dans son entièreté.

Sécurité assurée

Pour notre santé, il n’y a pour ainsi dire pas de différence entre l’eau du robinet et l’eau en bouteille. Au contraire : certaines eaux minérales en bouteille contiennent plus de minéraux que l’apport recommandé, et ici aussi, l’excès peut nuire. En revanche, dans l’eau du robinet, les normes sont telles qu’elles rendent impossible une surdose de minéraux.

Certaines catégories de personnes doivent néanmoins être attentives : les femmes enceintes et les bébés, qui doivent éviter des taux trop élevés de nitrate, ou les personnes souffrant de problèmes rénaux, qui sont plus sensibles aux minéraux… Mais ces mises en garde valent tant pour l’eau du robinet que pour l’eau en bouteille. Vous pouvez trouver la composition moyenne de votre eau courante sur le site de votre distributeur d’eau.

Il n’y a donc aucune raison, si vous êtes en bonne santé, de trimbaler des bouteilles d’eau, responsables de 500 fois plus d’émission de CO2, au moins 100 fois plus chères et dont la production d’un litre nécessite… 3 litres d’eau. Sans compter la montagne de déchets générée ! Si l’eau du robinet est donc bonne pour votre santé, elle l’est surtout pour l’environnement et votre portefeuille.

Marjolein Vanoppen

* L’auteur est bio-ingénieur. L’article a été écrit avec la collaboration de Paul Bielen et Katrien De Maeyer (Pidpa)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire