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Pourquoi manque-t-on de temps même en vacances ?

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Le grand jour approche et vous avez déjà planifié vos jours de congé dans les moindres détails ? Ou est-ce plutôt pour vous l’occasion de faire le vide et de décompresser ?

Nous serions de plus en plus nombreux à occuper nos vacances autant que nos journées de boulot, selon une étude du CNRS. Depuis l’instauration des congés payés en 1936, nous n’avons jamais eu autant de temps libre et ce temps libre n’a jamais été aussi actif, même si « les vacances où l’on ne fait rien » n’ont jamais existé, selon Jean Viard, sociologue et directeur de recherche CNRS.

Pourtant, partir en vacances n’a pas toujours été une évidence. C’est seulement dans les années 50 que la classe ouvrière a commencé à quitter sa maison et ses habitudes quotidiennes pendant ses jours de repos, notamment grâce à l’apparition des clubs et au développement des transports.

L’occasion de resserrer les liens

Les vacances sont un moment de l’année qui sert à renforcer les relations affectives en sortant du quotidien, affirme le sociologue. On passe du temps ensemble et « on consolide la famille ». C’est aussi l’occasion de sortir du train-train quotidien. « Le vacancier va acquérir une nouvelle expérience qu’il va pouvoir confronter avec sa vie au retour », explique Jean Viard.

Apprendre à découvrir le monde

Les enfants apprennent quant à eux la mobilité et découvrent la culture du voyage. Plus tard, ils auront ainsi moins peur d’explorer le monde par eux-mêmes et ne craindront pas l’inconnu.

Garantir l’efficacité du travailleur

Lors de cette pause bien méritée, le travailleur va aussi recharger ses batteries, ce qui est une aubaine pour l’employeur. C’est également l’occasion de consolider certaines compétences : utiliser internet, se familiariser avec les réseaux sociaux, pratiquer une langue étrangère…

De profondes inégalités

Aujourd’hui, tout le monde (ou presque) part en vacances, même les retraités qui souhaitent une rupture avec leur quotidien. Avec pour conséquence que celui qui ne part pas se retrouve marginalisé. Il s’agit d’ailleurs le plus souvent de personnes déjà précarisées (femmes seules, personnes âgées ou malades, jeunes de banlieues…).

« Il y a une profonde inégalité. Un tiers de la population française ne part pas du tout en vacances, un tiers voyage une ou deux fois dans l’année tandis que le denier tiers part jusqu’à sept fois par an et possède souvent une résidence secondaire », fait remarquer Jean Viard.

Une fragmentation des congés

La nouvelle tendance en matière de vacances serait de les fragmenter en plusieurs périodes courtes. « On a aujourd’hui plus de mal à débrancher, on fait donc de plus petites ruptures, mais plus nombreuses », décrypte Jean Viard. C’est peut-être aussi la preuve qu’il est devenu difficile de se déconnecter du quotidien et du travail.

En résulte une sensation générale de manque de temps. On veut toujours en faire plus, sur un laps de temps plus court, conclut le sociologue. Or, du temps libre, nous n’en avons jamais eu autant…

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