Pas moins de 30 % des enfants ont une empreinte numérique avant leur naissance

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Internet et les écrans ont pris une telle place dans nos vies qu’aujourd’hui, même avant leur naissance, un tiers des enfants a déjà une existence numérique.

Les derniers nés de la génération des milléniaux (nés entre 1980 et 2000) atteindront l’âge adulte cette année. Cette génération qui a grandi avec l’internet a également commencé à faire des enfants. Les habitudes des parents face aux écrans ont évidemment des conséquences sur leurs propres enfants.

L’étude de la société faireparterie, en collaboration avec l’institut de sondage GECE, a interrogé 1011 parents d’enfants de moins de 8 ans.

Une identité numérique avant de naitre

Aujourd’hui, l’empreinte numérique de nombreux enfants (près d’un sur trois) commence avant même qu’ils soient nés puisqu’un quart des jeunes parents choisissent d’annoncer la grossesse sur Facebook ou de publier une photo de l’échographie sur un réseau social. Cependant, 81 % des parents préfèrent toujours annoncer l’heureux évènement en personne, du moins à leurs proches. Seuls 2 % ont eu recours uniquement aux réseaux sociaux.

Lorsque le bébé est né, 62 % des parents ont annoncé la nouvelle en face à face et/ou par téléphone (51%). Tandis que 33 % ont envoyé un SMS. 29 % des parents ont également choisi d’annoncer la naissance de leur bébé sur Facebook.

Des parents hyperconnectés

Les parents milléniaux ayant grandi avec internet l’ont intégré dans leur quotidien. Ils sont 91.5% à se connecter à internet tous les jours. Plus d’un tiers d’entre eux y passe même plus de cinq heures par jour. Et un sur deux s’estime accro à son smartphone.

Toutefois, certains y voient des avantages puisqu’Internet est devenu une source d’informations précieuses pour les jeunes parents. 46 % déclarent se sentir mieux informés grâce aux sites spécialisés dans la parentalité. Internet est donc devenu un allié indispensable et un véritable soutien. Selon 22 % d’entre eux, internet est même un outil qui leur permet d’être de meilleurs parents.

Des enfants exposés aux écrans dès leur plus jeune âge

Aujourd’hui, la quasi-totalité des enfants de moins de 8 ans est régulièrement exposée aux écrans (89 %). Déjà à partir de 3 ans, la majorité des enfants utilise un écran interactif. Presque un tiers des enfants utilisent des smartphones.

« Nos enfants ont le désir d’imiter nos comportements avec les objets numériques avant même de les posséder, explique Serge Tisseron, psychiatre membre de l’Académie des technologies. Cela veut dire qu’il faut être très vigilant. Dès qu’on a un bébé, il est très important de ne pas utiliser son téléphone mobile pendant qu’on est avec lui . Et quand il grandit, il faut établir des règles familiales, notamment pas de téléphone pendant les repas, et jamais dans la chambre la nuit. Achetons-nous un réveil ! »

L’étude constate également que l’utilisation des écrans augmente avec l’âge. À un an ils sont 7 % à avoir utilisé un écran interactif (smartphone, tablette classique ou tablette pour enfant), à 7 ans ils sont 78 %. À 6 ou 7 ans, près de 70 % des enfants jouent sur des applications et ils sont déjà 53 % à faire la même chose entre 3 et 5 ans.

Selon Elsa Job Pigeard, orthophoniste et cofondatrice de l’association « joue pense parle », tout écran devrait être prohibé avant 3 ans. « Le jeune enfant a besoin de tout son temps et de toute son attention pour découvrir et comprendre le monde avec ses 5 sens et un adulte disponible à ses côtés. Après 3 ans, le parent est le garant de la variété du jeu, des échanges, des sollicitations qui nourrissent la pensée et l’imaginaire. Tout comme une alimentation variée est indispensable à la bonne santé du corps. Entre 3 et 10 ans, le temps d’exposition aux écrans ne devrait pas dépasser 10 à 20 % du temps libre de l’enfant. »

Une empreinte numérique pour 90 % des enfants

Aujourd’hui, 90 % des enfants de moins de 8 ans ont une empreinte numérique sur internet à cause de leurs parents. Cela pose question sur la protection de la vie privée de tous ces enfants qui n’ont pas choisi de voir leur image publiée sur le web.

Plus d’un tiers (36 %) des parents a déjà utilisé une photo de son enfant en guise de photo de profil qui par définition est accessible à tout un chacun puisqu’elle ne bénéficie d’aucune protection. Seuls 13 % des parents veillent à ne publier que des photos où l’on ne voit pas le visage de leur enfant.

29 % des parents d’enfants de moins de 8 ans autorisent leurs proches à publier des photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux. Ils sont encore plus nombreux lorsque l’enfant à plus de 3 ans.

Par ailleurs, 80 % des parents utilisent les messageries instantanées (WhatsApp et Messenger) pour envoyer des photos de leurs enfants, dont la moitié le fait régulièrement.

Des règles instaurées par les parents

Cependant, les parents sont conscients qu’il est nécessaire d’instaurer des règles sur l’utilisation des écrans par leurs enfants. Seuls 3 % des parents ont déclaré n’avoir instauré aucune règle. En moyenne, les parents instaurent 3 ou 4 usages à mettre en place pour protéger leurs enfants.

Parmi ces mesures, les plus fréquentes sont : inciter l’enfant à s’épanouir sans écrans (58%), éviter d’utiliser les écrans devant son enfant (40%), fixer des horaires d’utilisation des écrans (35 %), pas de smartphone à table (32 %), pas d’accès à des écrans ( 24%), etc.

Concernant l’usage d’internet, les parents mettent également des mesures en place : surveiller les activités en ligne (30%), installer des mots de passe (26%), renseigner son enfant sur les risques (25%), limiter les accès grâce à des pare-feu ou un contrôle parental (23 %), définir des paramètres de confidentialité (19 %), surveiller l’historique de navigation (18%) et l’utilisation d’un moteur de recherche pour enfant (6%). Ils sont également 3 % à ne pas restreindre l’accès à internet pour leur enfant.

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