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Osez voyager enceinte

Le Vif

Une dernière escapade sans souci avec bébé dans le ventre, c’est parfaitement possible… à condition de prendre en compte quelques éléments importants.

La meilleure période pour voyager enceinte se situe entre la 16e et la 28e semaine de grossesse. « Après le premier trimestre, non seulement le risque de fausse-couche diminue, mais nombre de femmes sont également débarrassées des nausées et vomissements matinaux – et dans le cas contraire, quelques astuces ou éventuellement un traitement médicamenteux peuvent contribuer à les combattre, explique le Pr Fons van Gompel, médecin-chef de la clinique du voyageur de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers. Le risque d’accouchement prématuré est également faible au cours du second trimestre de la grossesse, alors qu’il augmente évidemment progressivement par la suite. Enfin, il faut aussi penser au risque d’hémorragie et de pré-éclampsie. »

Une piqûre et c’est parti ?

Lorsque vous souscrivez une assurance-voyage, vérifiez bien quels problèmes médicaux liés à la grossesse sont effectivement couverts par la police. Pensez également à demander conseil à votre médecin de famille (ou à un spécialiste du voyage) à propos des vaccinations. « De trop nombreuses personnes restent malheureusement convaincues que la grossesse est toujours une contre-indication aux vaccins, explique le Pr Van Gompel. Bon nombre d’entre eux peuvent pourtant être administrés en toute sécurité au cours de cette période, comme le vaccin combiné ‘diphtérie-tétanos-coqueluche’, par exemple, que les autorités mettent gratuitement à la disposition des femmes enceintes. »

Certains vaccins sont également recommandés pour des destinations spécifiques et sont parfaitement sûrs pour le foetus. « C’est le cas du vaccin contre l’hépatite A, indispensable dès lors que l’on quitte l’Europe occidentale », illustre Fons Van Gompel. Un vaccin qui n’est par contre pas administré en routine aux femmes enceintes est celui qui protège contre la fièvre jaune, une infection due au virus amaril et propagée par des moustiques du genre Aedes, qui peut se solder par une issue fatale. « Les femmes vaccinées avant de tomber enceintes seront protégées à 100 % contre la fièvre jaune pendant une dizaine d’années, voire à vie. »

Il n’existe par contre actuellement pas de vaccin contre la malaria ou paludisme, maladie infectieuse transmise par l’anophèle, un moustique actif entre le coucher et le lever du soleil.  » Chez la femme enceinte, l’infection comporte des risques de santé importants pour l’enfant à naître, mais la future maman est aussi plus sensible aux complications durant la grossesse », souligne le Pr Van Gompel. Des traitements prophylactiques parfaitement sûrs pour le foetus existent, mais ils ne protègent jamais à 100 %. Il est dès lors conseillé d’utiliser des répulsifs ou, mieux, des moustiquaires dans la chambre.

Le syndrome de la classe économique

Si l’avion permet des durées de trajets limitées et la proximité de toilettes, il y est difficile de pouvoir régulièrement se dégourdir les jambes. Or, les femmes enceintes risquent plus facilement de développer des thromboses dans les membres inférieurs lorsqu’elles restent longtemps en position assise. Ces petits caillots risquent ensuite d’aller boucher des vaisseaux sanguins n’importe où dans l’organisme, par exemple dans les poumons. « On utilise quelquefois l’expression de syndrome de la classe économique, mais le problème n’épargne évidemment pas les personnes qui voyagent en première classe, précise Fons Van Gompel. Le tout sera de veiller à bouger suffisamment au cours des vols de longue durée… En cas de violentes douleurs dans les mollets dans les 8 semaines qui suivent, il faudra absolument consulter un médecin pour pouvoir exclure l’hypothèse d’une thrombose. »

Les règles internationales stipulent que les femmes enceintes ne sont plus autorisées à prendre des vols intercontinentaux après 32 semaines de grossesse, et plus aucun vol après 36 semaines. Vérifiez donc les dispositions spécifiques de la compagnie à bord de laquelle vous allez voyager, et pensez à demander à partir de quel moment vous devrez fournir une attestation médicale mentionnant la date prévue pour l’accouchement.

Gare à la turista

La turista ou diarrhée du voyageur est encore plus problématique lorsqu’on présente déjà un risque accru de déshydratation en cas de vomissements provoqués par la grossesse et/ou par le mal des transports. Il est donc essentiel d’être très attentif aux mesures d’hygiène alimentaire. « En cas de diarrhée, veillez à absorber suffisamment de liquide, de sel et de sucre. Les pharmacies proposent des solutions de réhydratation prêtes à l’emploi, mais efforcez-vous aussi de manger une quantité normale d’aliments faciles à digérer. Si vous souffrez d’une diarrhée liquide et très abondante, vous pouvez éventuellement, à partir du 2e trimestre de la grossesse, prendre une dose modérée de lopéramide. Une dose unique de 4 mg peut suffire, mais n’en abusez pas, vous risqueriez la constipation. Dans les formes très sévères de turista, souvent accompagnées de fièvre, les futures mamans pourront prendre sans danger l’antibiotique azithromycine, sur prescription médicale. »

Un dernier conseil pour éviter les petits malaises qui risquent de gâcher les vacances : « Évitez de manger trop tard et trop copieusement, ce qui peut provoquer des problèmes de reflux chez les femmes enceintes. Et souvenez-vous également qu’un excès de soleil favorise l’apparition de taches (masque de grossesse) : n’oubliez donc pas d’emporter une crème à haut indice de protection ! »

Plus d’informations sur : www.itg.be, sous « Médecine des voyages ».

Par An Swerts

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