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On devient pleinement « adulte » à 30 ans

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les gens ne deviennent de « vrais adultes » qu’après avoir atteint la trentaine, selon des chercheurs qui étudient le développement du cerveau.

La loi de nombreux pays reconnait une personne de 18 ans comme un adulte mature, autorisé à voter ou à conduire un véhicule. Mais le cerveau continue à subir des changements importants pendant de nombreuses années encore et est donc loin de sa maturité, estiment les scientifiques. Leurs recherches suggèrent que ces changements peuvent avoir des effets importants sur le comportement des jeunes gens, et les rendre également plus vulnérables aux troubles mentaux.

Une définition « absurde »

Les processus qui impliquent l’augmentation de la conductivité nerveuse, la construction des réseaux neuronaux et « l’élagage » des connexions indésirables commencent dans l’utérus et se poursuivent pendant des décennies, explique The Independent. Les spécialistes pensent qu’une explosion de bouleversements dans le cerveau explique le comportement souvent difficile des adolescents, mais cela ne se termine pas nécessairement quand les gens quittent l’âge de l’adolescence. Pour eux, les définitions rigides de l’âge adulte semblent « de plus en plus absurdes », d’autant que l’âge adulte, autrement dit la maturité du développement du cerveau, est propre à chacun. Pour le neuroscientifique Peter Jones (université de Cambridge), « c’est une transition beaucoup plus nuancée qui se déroule sur trois décennies ». Il semble cependant que la plupart d’entre nous l’atteignent vers 30 ans.

Des systèmes tronqués

Les différents systèmes (éducatifs, de santé, légaux) « se facilitent la tâche en prenant en compte des définitions précises », mais les scientifiques estiment que la période de transition entre l’enfance et l’âge adulte dure désormais de 10 à 24 ans. « Il n’y a d’abord l’enfance, puis ensuite l’âge adulte. Les gens suivent une trajectoire », poursuit Jones. Le Pr. Daniel Geschwind (université de Californie à Los Angeles) souligne quant à lui le degré de variabilité individuelle dans le développement du cerveau. Selon lui, les systèmes éducatifs ont tort de se concentrer sur les groupes plutôt que sur les individus.

Troubles mentaux

Ces nouvelles connaissances pourraient changer la manière dont nous abordons la vie en société. Les différentes phases de mutation du cortex peuvent entrainer des modifications du comportement, de la personnalité, voire favoriser le développement de troubles mentaux, dit la BBC. Les scientifiques se questionnent également sur l’impact de l’environnement sur les conditions psychotiques, comme la schizophrénie, qui résultent d’une interaction complexe d’influences génétiques et de facteurs externes. Le diagnostic de la schizophrénie est plus fréquent chez les adolescents et jeunes adultes, car le risque diminue une fois le cerveau « mûri ». Les citadins, en particulier les personnes pauvres et les migrants, courent un risque accru de troubles en raison du « cocktail puissant » d’influences externes qui affectent le développement du cerveau. Les populations minoritaires sont en outre jusqu’à trois fois plus à risque.

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