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« Moi, je » : de la détresse émotionnelle plutôt que du narcissisme

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

On pense souvent que les personnes qui parlent constamment d’elles-mêmes sont égocentriques, voire narcissiques. Et s’il y avait une autre explication ?

Que se cache-t-il derrière une personne qui n’arrête pas de parler à la première personne ou à faire référence à elle-même ? On a vite fait de les mettre dans la case « égocentrique », « égoïste » ou « narcissique ». S’il y a sans doute une part de vérité dans ces qualificatifs, du moins chez certaines personnes, une étude suggère que la cause pourrait être plus profonde.

Émotivité négative

Selon une recherche de l’université d’Arizona publiée dans la revue Journal of Personality and Social Psychology et relayée par The Independent, ces personnes pourraient être plus sensibles à une série de problèmes d’ordre psychologique. Après des premiers résultats en 2015 qui suggéraient déjà que parler en « je » ne relevait pas forcément du narcissisme, les chercheurs pensent désormais qu’une telle rhétorique de langage peut indiquer une forme de détresse émotionnelle.

L’étude, qui se base sur les discours, l’humeur et la personnalité de 4.700 personnes, démontre des liens forts entre le langage à la première personne et l’émotivité négative. Cela comprend notamment les personnes qui sont facilement contrariées et qui peuvent être sujettes à la tension, la colère, la dépression et/ou l’anxiété. L’auteure de l’étude Allison Tackman explique ce lien par le fait que ces personnes sont davantage obsédées par des expériences de vie négatives et par la manière dont cela les a affectées. « Vous êtes tellement concentré sur vous-même que non seulement vous utilisez ces pronoms singuliers à la première personne, mais lorsque vous parlez à d’autres ou quand vous écrivez, cela se répercute sur votre langage », commente-t-elle.

Indicateur

Allison Tackman précise que le fait de parler beaucoup de soi ne doit pas être considéré seul comme un indicateur de la dépression. Il convient en effet de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse via d’autres facteurs. Cela peut indiquer une plus grande prédisposition à l’émotivité négative. Il faut cependant tenir compte du contexte dans lequel le discours autocentré est utilisé, ainsi que de sa récurrence.

Une personne moyenne utilise quotidiennement 16.000 mots, dont environ 1.400 pronoms en lien avec la première personne du singulier (je, moi). Une personne considérée comme « moi, je » utilisera ces mots jusqu’à 2.000 fois par jour. En revanche, l’utilisation des déterminants possessifs (mon, ma, mes) ne semble pas spécifiquement liée à l’émotivité négative.

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