Image d'illustration du microbiote intestinal.

Lutte contre le diabète et l’obésité: découverte par des chercheurs belges d’une bactérie prometteuse

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Une équipe de scientifiques de l’UCLouvain a découvert une nouvelle bactérie dans l’intestin humain qui opère une action positive sur le diabète de type 2, l’obésité et l’inflammation. Une découverte rare.

Le microbiote humain n’a pas encore révélé tous ses secrets. Composé de milliards de bactéries dont seulement 30% ont été identifiées à ce jour, le champ de recherche de ce qu’on appelle « la matière noire de l’intestin », aussi baptisé notre « second cerveau » est encore très vaste.

L’équipe de Patrice Cani, chercheur FNRS-WELBIO au Louvain Drug Research Institute de l’UCLouvain, est passionnée par cette matière encore bien mystérieuse dont l’intérêt scientifique n’est qu’assez récent. Fait assez rare dans le milieu, ils viennent de découvrir une toute nouvelle bactérie présente dans la flore intestinale. Et, ils ont même eu le privilège de lui donner un petit nom, « Dysosmobacter welbionis », (en grec, « la bactérie qui pue », car elle dégage une légère odeur quand on la fait pousser), dorénavant utilisé comme référence dans les bases de données scientifiques internationales.

Des perspectives prometteuses

Cette bactérie découverte par hasard offre des perspectives prometteuses pour les traitements contre les cancers du sein ou de l’intestin, contre les maladies inflammatoires – comme la maladie de Crohn – ou encore, pour améliorer la santé des personnes diabétiques de type 2.

« On ne s’attendait pas à isoler cette bactérie d’un nouveau genre, totalement inconnue. C’est une découverte tout à fait fortuite au cours de nos recherches sur plus de 600 bactéries isolées de l’intestin », nous explique Patrice Cani. « C’est ça le fun dans la recherche : on fouille pour trouver des os de dinosaures et on finit par trouver un trésor », s’enthousiasme le chercheur.

Via l’analyse de 12.000 échantillons provenant des quatre coins de la planète, les scientifiques ont constaté que la bactérie était présente chez 70 % de la population. Sa particularité est qu’elle a un métabolisme spécifique: elle produit des molécules comme le butyrate connu notamment pour diminuer les risques de cancer du côlon via un renfort de la barrière intestinale et de l’immunité.

Dysosmobacter welbionis
Dysosmobacter welbionis© UCLouvain

En parallèle, l’équipe a observé que « Dysosmobacter welbionis » est moins présente chez les personnes diabétiques de type 2. Emilie Moens de Hase et Tiphaine Le Roy, chercheuses de l’équipe du professeur Cani, ont testé l’action de « Dysosmobacter welbionis » au sein de l’organisme. Elles ont alors remarqué que la bactérie augmente non seulement le nombre de mitochondries – sorte d’usines à gaz qui brûlent les graisses – diminuant ainsi le sucre et le poids. Mais, qu’elle a aussi des effets anti-inflammatoires importants, très intéressants pour des sujets diabétiques de type 2 et obèses. Une action qui rappelle celle d' »Akkermansia », une autre bactérie au coeur des recherches du laboratoire du professeur Cani.

Efficace contre les cancers et les maladies inflammatoires

Les effets bénéfiques de la bactérie ne se limitent pas à l’intestin : certaines des molécules qu’elle produit migrent dans le corps et agissent de façon bénéfique ailleurs. Ce qui est prometteur et explique, sans doute, les effets de la bactérie sur le tissu gras, mais aussi sur le fait qu’elle pourrait être efficace pour lutter contre d’autres maladies comme les cancers. « Avec ma collègue la Professeure Bénédicte Jordan, on analyse aussi l’impact de cette bactérie sur la diminution du cancer du sein. Des études récentes ont en effet associé ce cancer à l’obésité « , précise Patrice Cani.

Les effets bénéfiques de la bactérie ne se limitent pas à l’intestin : certaines des molécules qu’elle produit migrent dans le corps et agissent de façon bénéfique ailleurs.

A l’avenir, l’équipe de scientifiques compte tester l’action de « Dysosmobacter welbionis » couplée à celle de l’Akkermansia. Le but : observer si leur association permet de démultiplier leurs effets sur la santé. Concrètement, la découverte pourrait à l’avenir permettre de traiter des maladies, grâce au développement de médicaments, ou de compléments alimentaires. « Les pistes sont ouvertes pour la prise en charge du diabète de type 2, par exemple, via un complément alimentaire développé avec cette bactérie, associé à un autre médicament. Les molécules actives de la bactérie pourraient aussi, dans 10-15 ans, être utilisées dans un médicament », explique Patrice Cani.

Il est rare qu’une seule et même équipe de recherche donne un nom à une bactérie qui sera ensuite utilisé dans les banques de données internationales, et d’ensuite mettre au jour son action au sein du corps humain. Cette première scientifique en Belgique est publiée ce mercredi dans la prestigieuse revue scientifique Gut, la référence internationale en recherche gastro-entérologique.

*welbionis est une référence à WELBIO, l’organisme de la Région wallonne qui finance cette recherche

Visionnez une petite vidéo explicative sur la découverte de cette nouvelle bactérie

Microbiote intestinal Dysosmobacter welbionis Prof CANI UCLouvain (format Réseaux sociaux)InGutWeTrusthttps://www.youtube.com/channel/UCN50OrFSaYrcvGQMKH6PGHwvideo1502001.0YouTubehttps://www.youtube.com/360480https://i.ytimg.com/vi/N8WdcZ3oN_A/hqdefault.jpg

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