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Les patients vaccinés pourraient devenir majoritaires à l’hôpital

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Près de deux tiers des patients hospitalisés sont entièrement vaccinés. Et c’est tout à fait logique.

C’était, en quelque sorte, un paradoxe. Selon les données les plus récentes (pour la semaine du 21 octobre et pour le 3 novembre), il y avait, parmi les patients entrés à l’hôpital à cause de la Covid, 64% d’entièrement vaccinés. En soins critiques, ils représentaient 54%.

Mais aussi exacts soient-ils, ces chiffres ne sont pas sans poser problème. D’abord, pour 14% des nouveaux hospitalisés, on ignore le statut vaccinal. D’autres données manquent, par ailleurs: Sciensano, l’organe en charge de la collecte des indicateurs sanitaires, ne recense pas la présence ou non de comorbidités, le type de vaccin (celui de Johnson & Johnson, par exemple, voit son efficacité tomber à 13% après six mois), le calendrier vaccinal (quand le patient a-t-il reçu sa deuxième dose?) ni le comportement social, puisque, selon les propos de Pedro Facon, commissaire du gouvernement en charge de la crise du coronavirus, « la population vaccinée a peut-être davantage de contacts, et des contacts moins sécurisés ».

Plus le nombre de vaccinu0026#xE9;s augmente, plus le nombre d’hospitalisu0026#xE9;s vaccinu0026#xE9;s augmente. Rien de plus logique.

Soins intensifs

En détail, on observe tout de même que le risque d’hospitalisation se réduit de 62% chez les 65 ans et plus complètement vaccinés, de 88% chez les 18 à 64 ans et de 100% chez les 12 à 17 ans. L’effet de la vaccination se révèle majeur si on regarde les entrées en soins intensifs. Pour les 18-64 ans, on compte quatorze fois moins d’admissions chez les vaccinés, 4,5 fois moins chez les 65-84 ans vaccinés et, enfin, deux fois moins pour les 85 ans et plus qui sont vaccinés. Presque la moitié des admissions en soins intensifs sont des patients de plus de 65 ans, parmi lesquels 78% de vaccinés. En dessous de 65 ans, ce sont majoritairement des non-vaccinés.

Et, pourtant, malgré l’efficacité des vaccins, les patients vaccinés pourraient devenir majoritaires, rendant cet indicateur obsolète, voire trompeur. Car ici, on compare des groupes qui ne sont pas comparables, puisque la part de chacun dans la population n’est, au départ, pas identique: il y a en Belgique 74,6% de vaccinés et 26,4% de non-vaccinés (ou partiellement).

Analyse plus fine

En revanche, rien de plus logique: plus le nombre de vaccinés augmente (74,6% de la population entièrement vaccinés, contre moins de 8% en mai), plus le nombre d’hospitalisés vaccinés en lien avec la Covid augmente. Et ce nombre sera d’autant plus élevé que le virus circule intensément.

D’abord, parce que les vaccins ne protègent pas à 100%. Les études internationales, pour les deux vaccins les plus administrés en Belgique (Pfizer et Moderna), tendent vers une diminution du risque d’infections de 70% et de maladie grave de 90%. On sait ensuite que l’immunité induite par les vaccins baisse au fil du temps chez tous et, surtout, chez les plus âgés et les immunodépressifs, d’où la décision d’administrer une troisième dose « booster ». La durée de leur efficacité pourrait, enfin, être altérée par de nouvelles mutations, comme le Delta, 60% plus contagieux que son prédécesseur, le variant Alpha. Mais la protection contre l’hospitalisation, selon les dernières études, semble perdurer, contrairement à celle contre l’infection.

Pour éviter des lectures erronées, Sciensano planche, désormais, sur une analyse plus fine des patients et de leur schéma vaccinal, intégrant des indicateurs sur le moment de la vaccination et le type de vaccin injecté.

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