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Le dépistage du cancer, un dommage collatéral de la crise sanitaire

Stagiaire Le Vif

La crise du coronavirus a perturbé l’organisation des hôpitaux, en suspendant parfois les rendez-vous dits non-urgents pendant un certain temps, notamment ceux concernant les dépistages des différents cancers.

Selon une étude de la Fondation Registre du Cancer, le nombre de diagnostics du cancer a fortement été impacté par la crise sanitaire, surtout lors de la première vague. En effet, en comparant les mois d’avril 2019 et 2020, c’est une diminution de près de la moitié des diagnostics de cancer qui avait été constatée. Même si depuis, les diagnostics remontent, ils restent en diminution par rapport à l’année 2019.

Yves Van Laethem est d’ailleurs revenu sur cette étude lors de la conférence de presse de ce mardi. « Il y a eu, heureusement, un rattrapage de ces chiffres lorsque les soins ont pu recommencer à partir de mai et de juin, mais ce rattrapage n’a été que partiel. On a ainsi obtenu le fait qu’entre mars, le début de la pandémie, et septembre 2020, on ait un retard de 14% par rapport aux chiffres auxquels on s’attendait ». Il rajoute également qu’il reste donc 5000 personnes avec un cancer qui n’ont pas consulté de médecin et qui donc, ne savent pas qu’ils sont porteurs d’un cancer.

Laurence Gordower, coordinatrice de la Clinique Prévention et Dépistage des Cancers du CHIREC, a vu son service fermer pendant le premier confinement, lorsque les consultations non-urgentes ont été supprimées. « Les gens n’ont pas pu venir. Dans ce contexte-là, il y a certains patients qui avaient des symptômes mais qui pensaient que ce n’était pas urgent. Ils avaient peur de venir à l’hôpital, peur de déranger, peur d’être contaminé par le covid ». Puis, quand les services ont pu rouvrir, Laurence Gordower constatait malgré tout que cette peur d’être contaminé était toujours présente. « Les patients ont mis un certain temps à revenir et à prendre conscience que toutes les mesures sanitaires étaient mises en oeuvre pour limiter le risque en venant à l’hôpital ».

À cause de ces retards de diagnostic, des patients venaient à l’hôpital avec un cancer à un stade plus avancé, ce qui peut, par conséquent, entrainer un traitement plus lourd. Cela a notamment été le cas pour les tumeurs cutanées ainsi que pour les cancers du sein, comme le développe Laurence Gordower. « Par exemple, pour le cancer du sein, en venant quelques mois plus tôt, peut-être qu’une chirurgie aurait suffi. Mais en venant quelques mois plus tard, peut-être qu’une chimiothérapie devra être réalisée en plus de la chirurgie ».

La crise sanitaire a également joué un rôle dans le suivi des traitements contre le cancer, surtout pendant la première vague. « Certains patients ont voulu postposer les traitements, notamment de chimiothérapie. Mais on essaie vraiment de les convaincre et de limiter ces cas », explique la coordinatrice de la Clinique Prévention et Dépistage des Cancers du CHIREC.

Laurence Gordower remarque néanmoins que depuis ce début d’année 2021, les patients sont de plus en plus nombreux à revenir dans son service et à l’hôpital en général. « Je pense qu’il y a eu une prise de conscience, grâce aux différents messages de sensibilisation dans les médias notamment. Mais il y a sans doute encore des cancers ‘attendus’ qui n’ont pas été diagnostiqués ». Même si le « rattrapage » des diagnostics de cancer se poursuit, la situation n’est sans doute pas encore revenue à la normale, mais il faudra suivre les prochains chiffres du Registre du Cancer.

Lauriane Vandendael

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