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« Le coronavirus est encore bien présent mais le risque de le contracter est plus faible »

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Jean Ruelle est virologue et chercheur à l’Institut de recherche expérimentale et clinique de l’UCLouvain. Il répond à nos questions sur l’évolution du coronavirus.

Les tendances épidémiologiques sont positives depuis quelques semaines, il y a de moins en moins de contaminations au coronavirus dans la population… Le Covid9 pourrait-il disparaître totalement des radars ?

On en apprend tous les jours sur le Covid-19. Au début, on a pensé que le virus aurait pu s’éteindre complètement. Maintenant, c’est moins probable, car il est présent dans tous les coins de la planète, à des moments différés. Sa disparition n’est donc pas possible même si on observe jour après jour de moins en moins de cas de contamination dans la population en Europe.

Le virus sera donc toujours présent parmi nous…

Oui, il ne disparaitra pas complètement. Son réservoir, son hôte, sera toujours l’être humain. Le virus est bien installé dans la population mondiale à des intensités et des rythmes différents. Le coronavirus ne disparaitra pas pour autant et on peut craindre sa réapparition à l’automne-hiver. On observe donc un rythme saisonnier, comme pour le virus de la grippe ou d’autres infections banales à coronavirus. L’été pourrait nous apporter une certaine accalmie à ce niveau-là.

Quels sont les facteurs qui favorisent la présence moins active du virus aux beaux jours ?

Les températures plus douces pourraient amenuiser les chances de survie du coronavirus. Le fait de vivre plus à l’extérieur en été est aussi un facteur qui empêche les contaminations. En hiver, les muqueuses du nez sont plus fragiles ce qui augmente le risque d’attraper un virus par temps froid. On aura plus de recul après l’été sur le comportement du SARS-CoV-2.

L'été pourrait apporter une accalmie avant une seconde vague épidémique à l'automne.
L’été pourrait apporter une accalmie avant une seconde vague épidémique à l’automne.© belga

L’immunité croisée donne un nouvel espoir contre l’épidémie, expliquez-nous

L’OMS avance qu’il n’y a pas d’indices. Je ne suis pas de cet avis : il n’y a pas encore de preuve établies mais il y a des indices publiés qui font que c’est une piste intéressante à investiguer. L’immunité croisée s’explique par la mise en contact d’une personne avec d’autres coronavirus responsables des rhumes au cours de sa vie, ce qui pourrait lui procurer une certaine immunité ou l’aider à combattre le coronavirus. L’immunité croisée expliquerait en partie le fait que les jeunes et les enfants sont moins touchés par le Covid-19, car l’immunité de leur organisme contre ces autres coronavirus est récente.

Les enfants ont donc bien un risque de transmission plus faible

Je ne suis pas inquiet du retour en grand nombre à l’école des enfants, car des études épidémiologiques ont montré que le risque de transmission est beaucoup moins élevé chez eux. A l’heure actuelle, le bénéfice psychologique pour les enfants surpasse le risque sanitaire. Il faut bien sûr garder des mesures de précaution comme ne pas mélanger les différentes « bulles » d’élèves, en plus des capacités de tests et de tracing.

Comment voyez-vous les prochaines semaines ?

Nous sommes à un tournant de l’épidémie. Les mesures mises en place fonctionnent bien. Ce qui n’est pas encore décidé par les autorités, c’est à partir de quel seuil, quel taux de contamination, ces mesures pourront être levées. Nous n’avons pas encore assez de perspective à ce sujet. Il faut continuer à rester très prudents. Même s’il y a beaucoup moins de cas de contamination répertoriés, le virus est encore présent chez nous, le risque de croiser une personne infectée et donc de le contracter est devenu plus faible.

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