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Le bad trip des drogues sur mesure

Stagiaire Le Vif

LSD, cocaïne, hallucinogènes, marijuana… Ces drogues traditionnelles ont de la concurrence : les drogues sur mesure, ou  » designer drugs « . Très versatiles et hautement toxiques, ces nouvelles drogues seraient responsables d’encore plus d’overdoses et de troubles comportementaux que les drogues reconnues. Le problème ? Elles passent facilement entre les mailles du filet.

Ces vingt dernières années, le marché des stupéfiants a vu apparaitre de nouvelles drogues « artisanales », destinées à être accessibles à un plus grand public. Les adolescents et les jeunes adultes sont les plus touchés par ce phénomène, notamment en raison du prix moins élevé de ces substances, de la facilité à se les procurer et de la difficulté à les reconnaitre.

Créées dans des laboratoires clandestins, ces nouvelles drogues ont la vocation de copier les effets des drogues traditionnelles. Elles ont une composition chimique presque similaire à leur drogue originale respective. D’après le National Institute of Drug Abuse, ces drogues utilisées pour leurs effets semblables à ceux de la cocaïne ou de la marijuana ont été associées à des effets secondaires dangereux et même à la mort.

Un statut difficile

Malgré tous les efforts des gouvernements pour endiguer le problème, la consommation de drogues de synthèses continue de prospérer en raison de leur facilité à être vendues et de leur statut quelque peu compliqué.

Les nouvelles drogues, étant des versions légèrement modifiées de leurs précurseurs, échappent à certaines lois mises en place spécifiquement pour les drogues traditionnelles, ce qui les place dans une législation floue Les vendeurs de drogues contournent facilement les lois en substituant les substances illicites par d’autres substances chimiques plus nocives. Tandis que les autorités cherchent à combler leur retard dans le domaine, les drogues continuent de se vendre sans impunité. Mais lorsque les lois tombent enfin, il suffit aux fabricants de drogue de modifier la formule pour continuer à revendre leur produit.

Ces nouvelles drogues sont notamment vendues sur le « dark net » et se trouvent même dans certains magasins en se faisant passer pour un « mélange de tabac et de fines herbes ». En 2009, la vente libre de ces produits a été interdite en France et dans de nombreux autres pays, mais les vendeurs ont trouvé des moyens pour contourner la loi. Ils dissimulent leurs produits sous l’appellation de produits ménagers comme « encens d’herbes », « engrais végétal », « sels de bain » ou « décapant pour bijoux ».

Mais le problème majeur reste l’impact provoqué sur les consommateurs. Au vu de la nature changeante de ces produits, les consommateurs ne sont pas informés de leur composition et ne peuvent donc pas prévoir les conséquences que les substances auront sur leur santé.

Des stations d’analyse dans des services d’urgences

Le Rapport européen sur les drogues 2018 souligne que « de nouveaux opioïdes de synthèse à forte teneur en principe actif qui imitent les effets des opiacés dérivés de substance naturelle sont de plus en plus souvent détectés. « . Le rapport indique que le marché des drogues reste relativement fructueux et qu’ils semblent croitre dans certaines régions d’Europe. Il mentionne également que le dérivé de cannabis est « la drogue la plus fréquemment saisie, avec 763 000 saisies de produits dans l’UE en 2016. »

En Belgique, la députée Els Van Hoof a mis en place un réseau d’aide aux toxicomanes dans le but de stopper cette hausse de la consommation de drogues dérivées. « Cela pourrait sauver des vies » dit-elle. Elle considère que la législation doit être plus réactive face au raz-de-marée de nouvelles drogues qui envahissent notre pays et le monde. Elle propose de mettre en place des stations d’analyse dans des services d’urgences et dans les festivals : celles-ci pourraient collecter les drogues, les analyser et étudier les conséquences directes sur les consommateurs. Ces stations enverraient chaque semaine les informations collectées sur les patients.

Ces nouvelles données pourraient aider à améliorer la connaissance des autorités compétentes sur le terrain et leur permettraient de s’organiser efficacement en cas d’accidents. Ce projet pourrait même leur permettre de réagir plus rapidement à chaque fois qu’une nouvelle drogue ferait son entrée sur le marché.

Thomas Bagnoli

Le site de Medscape décrit quelques-unes de ces « designers drugs » les plus répandues

Les sels de bain

. Similaires aux drogues dites « stimulantes » comme le speed, la cocaïne ou les métamphétamines, les sels de bain ont une composition chimique qui provoque des effets beaucoup plus puissants que les drogues traditionnelles. Ils affectent certaines substances du cerveau comme la dopamine, responsable notamment de notre comportement. Ces drogues se manifesteront donc pas une euphorie, une désinhibition, une hausse de la confiance en soi, des hallucinations. Les effets négatifs seront les mêmes : dépression, insomnie, bipolarité, psychose, vomissements, éruptions cutanées et autres problèmes d’ordre corporel. Les effets provoqués par les sels seront cependant extrêmes. En 2012, un homme en avait consommé et s’était adonné à des actes de cannibalisme.

Le Cannabis de Synthèse (Spike, K2, …)

Ces drogues de synthèse sont indétectables via les tests de dépistage classique et ont des effets beaucoup plus puissants que le cannabis traditionnel. Selon une étude du New England Journal of Medecine, les cannabis de synthèse serait même 85 fois plus puissant que le cannabis traditionnel, car ils ne contiennent pas de THC (le principe actif du cannabis), une molécule qui fonctionne comme un antipsychotique. Par conséquent, les victimes de Spike par exemple souffrent de paranoïa, d’hallucinations sévères et sont sujettes à des comportements agressifs, hyperactifs et à des troubles de la respiration. Les consommateurs de K2, quant à eux, ressemblaient à des zombies : pupilles dilatées, faible réactivité, pression sanguine très basse, grognements. Ces drogues peuvent même mener à la mort. En octobre 2017, une consommation en masse de Spike avait provoqué la mort de 25 personnes et l’hospitalisation de plus de 700 personnes selon le Washington Post

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