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« La parentalité n’est pas un sport de perfectionnistes »

Le Vif

Andrew Solomon, professeur de psychiatrie au Weill Cornell Medical College a écrit le livre « Far from the Tree: Parents, Children, and the Search for Identity », un livre réconfortant et émouvant sur les formes extrêmes de parentalité.

Des enfants sourds, nains, autistes et schizophrènes : Andrew Solomon s’est entretenu avec des centaines de parents, dont l’enfant diffère totalement de ce dont ils avaient rêvé, pour écrire un livre émouvant et réconfortant. « Far from the tree » parle de l’amour éprouvé par les parents pour leurs enfants, même quand rien ne va plus ».

Votre livre braque les projecteurs sur les enfants extrêmement différents de leurs parents, mais en fait il s’agit de parentalité tout court ?

Andrew Solomon : Absolument. J’ai étudié des formes extrêmes de parentalité comme une façon de parler de la réalité universelle. Il arrive à tous les parents de regarder leur enfant et de se demander de quelle planète il vient.

« La parentalité n’est pas un sport de perfectionniste », écrivez-vous.

Les gens veulent que leurs enfants soient parfaits: ils les envoient dans les meilleures écoles afin qu’ils y vivent de bonnes expériences et que plus tard ils tombent amoureux de la bonne personne. Il est cependant impossible d’exercer ce genre de contrôle sur ses enfants. Ils suivront leur propre route et ne sont pas parfaits. Si vous avez le sentiment que vous ne pourrez aimer qu’un enfant parfait, il vaut mieux ne pas en avoir. On ne devient parent à part entière qu’en cherchant des façons de gérer les défauts de nos enfants. Si nous résistons à leurs imperfections, si on fait comme si elles n’existaient pas, les conséquences peuvent se révéler catastrophiques.

Les parents témoignent de leur tenaillement entre des sentiments contradictoires: un jour, ils aiment leur enfant profondément, le lendemain ils souhaitent sa mort.

Et parfois ils sentent ces deux émotions en même temps. Mon livre parle de la capacité à rebondir des parents, mais également de la lutte continuelle entre leurs sentiments contradictoires. La plupart des parents avec lesquels je me suis entretenu étaient souvent frustrés par leur enfant alors qu’il leur manquerait énormément s’il n’était plus là. J’espère que ce livre permettra une meilleure compréhension de ces émotions ambivalentes et qu’elles perdront leurs stigmates.


Ilse Degryse

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