1930 © Getty

L’ONE, un acteur essentiel dans la lutte contre la mortalité infantile

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Vendredi dernier, l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) et ses pendants flamand et germanophone fêtaient le 100e anniversaire de leur parent commun, l’OEuvre Nationale de l’Enfance. L’occasion de revenir sur l’histoire de l’OEuvre.

S’il faut attendre le 5 septembre 1919 pour que l’État belge fonde l’OEuvre nationale de l’Enfance, différentes initiatives existaient déjà pour enrayer la mortalité infantile et maternelle, extrêmement élevée à cette époque. Au 19e siècle en Belgique, non seulement 18 à 20% des enfants meurent avant leur premier anniversaire, mais parmi les survivants, 7 à 14% n’atteignent pas l’âge de 5 ans. En cause, des maladies infectieuses.

En 1897, le docteur Eugène Lust crée à Bruxelles la première consultation de nourrissons associée aux « Gouttes de Lait », une organisation qui distribue du lait stérile aux mères dans le besoin. Durant la Première Guerre mondiale, 800 consultations de nourrissons permettent de réduire la mortalité de moitié et de la faire baisser à environ 10%.

L’OEuvre Nationale de l’Enfance permet de regrouper toutes ces initiatives. Elle se voit confier la mission d’encourager et de développer la protection de l’enfance, notamment au niveau de l’hygiène. Ses principaux objectifs sont le soutien aux consultations de nourrissons, l’obligation d’une autorisation pour la garde d’enfants de moins de 7 ans et l’agrément des colonies de vacances pour les enfants précarisés.

Très vite, l’OEuvre édicte une première réglementation des crèches et pouponnières insistant sur l’hygiène et « considérée comme sévère pour l’époque ». En 1924, l’OEuvre développe les premières consultations prénatales où elle prodigue notamment des conseils aux femmes enceintes, dépiste les maladies telles que la syphilis et la tuberculose et identifie les accouchements difficiles afin de prendre des mesures pour assurer un bon déroulement.

Trois mille enfants juifs sauvés

Durant la Seconde Guerre mondiale, l’OEuvre Nationale de l’Enfance, dirigée par Yvonne Feyerick-Nevejean, fidèle à sa mission, sauve plus de 3000 enfants juifs. À partir de 1943, la directrice met en place un réseau d’activités clandestines afin de protéger les enfants juifs, interdits de séjour dans les établissements de l’OEuvre par l’occupant allemand. Elle leur épargne un sort atroce soit en les plaçant sous de faux noms dans les « colonies pour enfants débiles (NDLR : le terme était utilisé à l’époque pour les enfants malades et affaiblis parce que sous-alimentés) », soit en les retirant d’autorité d’une caserne où les nazis les avaient rassemblés.

Yvonne Feyerick-Nevejean
Yvonne Feyerick-Nevejean© Wikicommons

Soutenue par de nombreux travailleurs de l’OEuvre qui prennent des risques considérables, la directrice s’occupe également du sort des enfants dispersés par l’exode, des enfants de prisonniers de guerre, et des petites victimes de bombardements. En 1966, elle se voit décerner le titre de Juste parmi les nations.

Dans les années cinquante, les vaccins et les antibiotiques s’avèrent un outil puissant dans la lutte contre la mortalité infantile. À cette époque, l’ONE lance le premier car sanitaire qui permet d’assurer le suivi médical des populations qui vivent isolées à la campagne.

En 1960, l’OEuvre généralise la vaccination des nourrissons à toutes les consultations. Quatre ans plus tard, l’Inspection Médicale Scolaire introduit les tests de dépistage de la tuberculose dans les écoles. En 1967, l’ OEuvre décide de les introduire dans ses consultations afin d’atteindre les enfants de moins six ans.

Service public accessible à tous

À partir de 1970, l’ OEuvre Nationale de l’Enfance ne s’adresse plus seulement aux familles « pauvres », mais devient un service public accessible à tous. La participation financière des parents est proportionnelle aux revenus du ménage. En 1974, le taux de mortalité infantile est descendu à environ 1,7%. Plus de la moitié des décès sont ce qu’on appelle des morts subites inexpliquées des nourrissons.

En 1983, à la suite de réformes institutionnelles, l’OEuvre Nationale de l’Enfance se voit scinder en l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) pour la Communauté francophone, et Kind & Gezin, pour la communauté néerlandophone. La scission ne sera effective que le 1er février 1987. 1985 voit la création des Équipes SOS Enfants, destinées à prévenir et à traiter « les situations où des enfants ou familles sont victimes de maltraitance physique, psychologique, sexuelle, institutionnelle, ou de négligence », le tout hors du cadre judiciaire.

Les années 1990 voient l’arrivée sur le marché de réfractomètres portables qui permettent le dépistage visuel des enfants de moins de trois ans. En 1999, l’ONE décrète un code de qualité pour l’accueil des enfants de moins de 12 ans.

En 2015, à la suite de la sixième réforme de l’état, l’ONE se voit transférer les matières « santé et prévention » en lien avec l’enfance par la Communauté française. Il est désormais chargé de la promotion de la santé à l’école, la politique de vaccination, les dépistages néonataux, le dépistage de la surdité congénitale, et la promotion de la santé dentaire.

Mortalité infantile et inégalité sociale

Un an plus tard, en 2016, le taux de mortalité infantile s’élève à 3,2 pour mille en Belgique, soit 387 décès d’enfants de moins d’un an pour toute l’année. Même si ce chiffre est très bas et qu’il représente une magnifique avancée, « chaque décès d’enfant est une immense souffrance pour sa famille et la lutte contre la mortalité doit rester une des priorités d’autant que des analyses plus fines montrent que des liens persistent entre mortalité infantile et inégalités sociales de santé », écrit l’ONE.

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Visite d'une TMS sur un bateau
Visite d’une TMS sur un bateau© ONE

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