Giulia Enders, docteur en médecine de 25 ans, elle est l'auteure du "Charme discret de l'intestin". Cet éloge d'un organe méconnu est un immense succès de librairie. © Van De Sande

L’intestin, notre second cerveau ?

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Il peut influencer notre personnalité, comme le prouve la recherche scientifique, qui tente de décrypter le dialogue entre notre ventre et notre tête.

L’intestin, organe injustement mal aimé ? Sûrement. Un vulgaire tuyau qui n’est bon qu’à se vider ? C’est ce que beaucoup d’entre nous pensent encore. Si le coeur et le cerveau ont toute notre considération, l’intestin nous fait honte. Toutefois, son rôle primordial dans la santé et le bien-être, mis en évidence par la recherche, suscite un intérêt de plus en plus vif. En témoigne le succès phénoménal d’un petit livre, Darm mit Charme (Le Charme discret de l’intestin : tout sur un organe méconnu, Actes Sud), vendu à 1,5 million d’exemplaires en Allemagne, et dont la traduction française figure depuis quelques semaines aux places d’honneur dans les palmarès de best-sellers. L’auteur de cet éloge de l’intestin, Giulia Enders, docteur en médecine de 25 ans, mêle ton humoristique et précisions scientifiques pour expliquer clairement et sans tabou ce qui se passe dans notre ventre. Avec un double objectif : rendre la médecine plus accessible et encourager les lecteurs à changer leurs habitudes alimentaires afin de ménager leur tube digestif.

« Tandis que nous parcourons le monde en deux coups de cuillère à pot, nous passons à côté de quantité de choses formidables, déplore l’auteure. Au plus profond de nous, en effet, sous le rempart protecteur de notre épiderme, on ne chôme pas : on écoule, on pompe, on aspire, on écrase, on désagrège, on répare et on réorganise. Toute une équipe d’organes sophistiqués s’active joyeusement, tant et si bien qu’en une heure, un adulte consomme à peu près autant d’énergie qu’une ampoule de 100 watts. »

Parmi ces organes, l’intestin, long de sept à huit mètres, constitue la partie inférieure du tube digestif humain. C’est son « chef-d’oeuvre », s’émerveille Giulia Enders. Alors que l’estomac casse les molécules des aliments, l’intestin grêle, tuyau étroit et long (3 à 6 mètres), réduit ces molécules cassées à l’état de nutriments assimilables par l’organisme. Sa fine membrane est recouverte de plis et villosités, afin d’augmenter la surface d’échange avec le réseau sanguin. « Grand zigzageur devant l’éternel », commente la jeune gastro-entérologue, notre intestin grêle « veut nous offrir la plus grande surface possible et, pour y parvenir, il se plie en quatre pour nous ». Enfin, le « gros intestin dodu » ou côlon, qui héberge des bactéries, décompose ce que le corps humain n’a pu assimiler.

D’où vient l’engouement actuel pour tout ce qui touche à l’intestin et à la digestion ? « De plus en plus de patients parlent de leur inconfort intestinal, constate Nathalie Delzenne, professeur de métabolisme et nutrition à l’UCL. Mais on confond souvent deux états distincts : la maladie intestinale inflammatoire, qui fait l’objet d’un diagnostic précis, comme la colite ulcéreuse ou la maladie de Crohn, et le syndrome de l’intestin irritable, difficile à traiter. » On connaît mal l’origine de ces crampes au ventre, ballonnements, borborygmes, diarrhées, constipations… qui touchent près d’une personne sur cinq.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– N’a-t-on pas longtemps sous-estimé le rôle de l’intestin par rapport à celui du cerveau et du coeur ?

– L’intestin, contrairement au cerveau, est au coeur de la bataille

– Cette « jungle peuplée de créatures étonnantes »

– L’interview : « Nous vivons en symbiose avec nos bactéries intestinales »

– Les dernières découvertes scientifiques

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