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L’activité cérébrale liée à l’attention et la mémoire varie selon les saisons

Certaines fonctions cognitives du cerveau humain semblent varier en fonction de la saison, selon une étude menée par une équipe de chercheurs de l’Université de Liège, indique lundi cette dernière.

En matière d’attention, l’activité cérébrale maximale est atteinte près du solstice d’été, alors que le niveau est à son plus bas près du solstice d’hiver. En ce qui concerne la mémoire à court terme, l’activité cérébrale est à son maximum à l’automne et à son minimum à proximité de l’équinoxe de printemps. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS).

Si les sautes d’humeur ont été corrélées aux saisons, on sait par contre peu de choses sur la façon dont d’autres fonctions cérébrales varient selon les saisons, expliquent les chercheurs du Centre de recherches du Cyclotron de l’ULg. L’équipe a mesuré l’activité des fonctions cérébrales de 28 volontaires à différents moments de l’année.

Pour chaque période d’essai, les volontaires, tous âgés d’une vingtaine d’années, ont passé cinq jours dans le laboratoire dépourvu de tout repère saisonnier, comme la lumière du jour, et privé d’accès internet.

A la fin de chaque période, les chercheurs ont mesuré l’activité cognitive des volontaires en réalisant deux tests différents en imagerie par résonance magnétique (IRM) fonctionnelle. L’un des deux tests mettait surtout en jeu l’attention (tâche attentionnelle) des volontaires. Le second test impliquait surtout la mémoire à court terme (tâche exécutive).

Les performances aux deux tâches sont restées bonnes et constantes pour tous les sujets, quel que soit le moment de l’année, selon les résultats de l’étude. Les ressources cérébrales utilisées pour réaliser les tests changeaient toutefois en fonction de la saison. Pour la tâche attentionnelle, l’activité cérébrale maximale est atteinte en juin, près du solstice d’été, alors que le niveau est à son plus bas près du solstice d’hiver. De façon assez inattendue, l’activité cérébrale de la tâche exécutive (mémoire à court terme) ne suivait pas cette tendance, d’après les chercheurs liégeois. Elle était à son maximum à l’automne et à son minimum à proximité de l’équinoxe de printemps.

Les sujets répondaient aux mêmes paramètres (âge, exposition à la lumière, heures de sommeil, activités…) et avaient perdu toute notion de la réalité, explique Gilles Vandewalle, du centre de recherches du Cyclotron. Ce dernier présume dès lors que l’activité cérébrale se réduit ou s’accélère en raison de la « mémoire des saisons », supposant que le « rythme endogène » serait atténué si les chercheurs avaient gardé les volontaires plus longtemps.

L’étude souligne que « le cerveau ne fonctionne pas toujours de la même manière en fonction des saisons et que cela peut être davantage le cas pour des personnes plus vulnérables, qui font des dépressions saisonnières ou qui ont une sensibilité plus importante à ces fluctuations. On savait que l’homme était saisonnier mais notre étude peut apporter une pierre à l’édifice », a précisé l’expert.

Des analyses supplémentaires montrent que ces résultats ne sont pas liés à des variations dans des mesures neurophysiologiques du niveau d’éveil, de la qualité du sommeil ou des variations endocrines du niveau de mélatonine. Ces résultats démontrent qu’en plus de leur rythmicité circadienne, certaines fonctions cognitives cérébrales varient donc également au gré des saisons.

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