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« Il est grand temps que les hommes s’investissent plus dans la sphère familiale »

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Un compte Twitter recense toutes les « perles » entendues en service de pédiatrie d’un hôpital français. Du papa ignorant l’état de santé ou le traitement de son enfant, à celui qui n’arrive pas à le moucher, ces témoignages illustrent le manque d’implication de certains pères.

En juin 2018 dernier, une interne aux urgences pédiatriques d’un hôpital français décide de créer le compte Twitter @chargementalePédiatrie afin d’y relayer des anecdotes vécues au sein de son service. Le compte se focalise sur le manque d’implication des pères dans le suivi médical de leur progéniture, ainsi que leur ignorance sur certains actes de soins ou informations de base, détenues selon eux, le plus souvent par la mère.

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Pour Moira Mikolajczak, professeur de psychologie à l’UCLouvain, si ce compte Twitter est une caricature de la répartition déséquilibrée des tâches domestiques, il est quand même révélateur d’une certaine réalité. Une enquête menée en 2015 par l’Insee en France indique en effet que 70% des tâches sont gérées par la femme dans un foyer, et que 65% de la charge mentale liée à la gestion au quotidien du ménage et de l’éducation des enfants leur incombe, contre 30% pour les hommes.

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Cependant, la psychologue remarque qu’un certain nombre de femmes décident volontairement de s’arroger toute une série de tâches qu’elle pourrait très bien déléguer au père. « On appelle cela dans la littérature scientifique le ‘maternal gatekeeping’. Il y a une part de responsabilité de la part de ces mères, car elles pensent qu’elles le feraient mieux et plus rapidement que leur compagnon. Du coup, elles ne délèguent pas et leur charge mentale explose. » Une charge qui découle de facteurs sociologiques et individuels parfois difficiles à mesurer.

« Moucher le nez d’un nourrisson ou lui changer sa couche, le père le ferait tout aussi bien, si seulement, on le laisse faire. Il est grand temps qu’on lui donne la responsabilité de s’impliquer même si cela prendra plus de temps au début. » Car, selon la psychologue, pour être expert dans une tâche donnée, il faut effectivement de l’entraînement, soit 10.000 heures de pratique en moyenne.

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Pour elle, des changements de mentalité sont quand même à l’ouvrage. « Car il ne faut pas se leurrer, les hommes sont aussi capables de planifier, sinon, il n’y aurait pas autant de managers dans les entreprises. Il est grand temps que les hommes s’investissent et passent de la sphère professionnelle à la sphère familiale. » La psychologue observe aussi que dans certaines familles, c’est l’homme qui prend en charge la majorité de la gestion quotidienne. « On est aussi dans l’ordre du 70%-30% pour la gestion des tâches mais, dans ce cas de figure, les rôles sont inversés et l’homme prend plus de responsabilités. »

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La situation évolue fortement depuis quelques années. On est loin des « desperate housewife » dépeintes dans les années ’50. «  Des mères de cette époque déclarent que pour rien au monde elles n’auraient laissé leur mari s’occuper de leur enfant. Elles ne voulaient pas que l’homme s’immisce dans leur tâche qui les valorisait en tant que femme au foyer « , explique Moira Mikolajczak. Et de prendre comme exemple de l’évolution de la bonne répartition des tâches au sein d’un couple, ce qui s’observe dans les pays scandinaves, où l’homme s’occupe du nourrisson dès sa naissance. Les congés de paternité dans ces pays nordiques durent des mois, bien plus longtemps donc que les 10 jours octroyés en Belgique. Hommes et femmes se retrouvent dès lors sur le même pied d’égalité dans l’éducation de leurs enfants.

« C’est culturel de pousser les parents à partager les tâches de manière plus équitable, cela crée une société plus égalitaire dès le début. » Moira Mikolajczak souligne toutefois que si ce changement se fait du jour au lendemain, quand l’enfant a déjà 5 ans, par exemple, l’équité est moins évidente à mettre en pratique. « Car qui dit que les heures de temps libre retrouvées par les pères qui prendraient un 4/5 vont effectivement être utilisées pour les courses, la garde des enfants et pas pour pratiquer une heure supplémentaire de sport ? »

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