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Covid : des nouveaux-nés séparés dès la naissance de leurs parents

Stagiaire Le Vif

Même si le nombre de nouveau-nés prématurés a énormément diminué durant la crise sanitaire en Belgique, dans certains pays, les soins administrés ou plutôt non administrés aux bébés fragiles durant la crise sanitaire liée au covid engendrent des risques de complications ou de décès.

Le covid a perturbé l’organisation des hôpitaux, notamment pour les femmes enceintes qui y étaient présentes pour accoucher. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et des partenaires ont réalisé une étude portant sur les soins administrés aux nouveau-nés fragiles et malades durant la pandémie. Plus d’un millier de personnes travaillant en soins néonatals, venant de 62 pays, majoritairement à faible revenu ou intermédiaire, ont répondu à l’enquête en ligne de l’OMS.

Certains bébés ont un réel besoin de soins dès la naissance, telle que la méthode kangourou. Celle-ci se résume à un « contact peau à peau immédiat et prolongé avec un parent et allaitement exclusif au sein ». Selon l’OMS, pour certains bébés plus fragiles à la naissance, tels que les prématurés ou ceux ayant un faible poids, la méthode kangourou est très importante. « Jusqu’à 125 000 nouveau-nés pourraient être sauvés si la méthode kangourou était appliquée partout ». En effet, elle réduit « la mortalité infantile d’au moins 40%, l’hypothermie de plus de 70% et les infections graves de 65% ».

Pourtant, ces soins primordiaux pour certains nouveau-nés ont été mis à mal par la pandémie. 85% du personnel de santé répondant dit que la méthode kangourou était pratiquée normalement avant la crise du covid. Mais depuis la pandémie, ce ne sont plus que 55% des interrogés qui disent la pratiquer normalement. Pour causes, les services concernant la méthode kangourou sont parfois totalement à l’arrêt, la durée du peau à peau est moins longue ou, dans la majorité des cas, les familles quittent plus rapidement l’hôpital, par peur d’être contaminées. Cette peur a d’ailleurs poussé certaines femmes à ne pas accoucher à l’hôpital puisque plus de 20% des répondants ont constaté une baisse de 25% des naissances à l’hôpital et des admissions en service néonatal, allant jusqu’à 35% pour des pays d’Asie. Certains espaces ainsi que du personnel de santé destinés aux soins des nouveau-nés ont d’ailleurs été réaffectés à d’autres tâches, notamment au service covid.

Cette étude révèle que deux tiers des interrogés ne permettent pas aux mères de pratiquer la méthode kangourou si elles sont suspectées ou testées positives au covid. De plus, près d’un quart du personnel de soin ne permet pas à ces mamans d’allaiter. Pourtant, « la méthode kangourou est l’un des moyens les plus économiques et les plus efficaces de protéger les enfants de faible poids de naissance ou prématurés. Il ressort de notre analyse que les risques dépassent de loin la faible probabilité qu’un nouveau-né tombe gravement malade de la COVID-19 », précise l’une des auteurs du rapport, Queen Dube, Directrice de la santé au Ministère malawien de la santé.

L’OMS a d’ailleurs publié des normes concernant les soins à administrer aux nouveau-nés fragiles dans le « cadre de la couverture sanitaire universelle. Comme ces soins sont récents et considérés comme peu prioritaires, les soignants manquant de pouvoir, dans de nombreux établissements, la réponse à la pandémie a déplacé les équipements et le personnel essentiels vers d’autres services ».

Selon les derniers chiffres, 15 millions de bébés naissent prématurément chaque année et 21 millions ont un faible poids de naissance. Ces enfants ont donc besoin de soins adaptés et d’une attention plus importante afin d’éviter les risques de décès ou de complications irréversibles.

Lauriane Vandendael

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