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Courir, la nouvelle addiction

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Plus de 40 000 personnes participent ce dimanche à la 36e édition des 20 km de Bruxelles. Symbolisant ce qui est un véritable phénomène du XXIe siècle : la course à pied. Devenue, chez nous, le sport le plus populaire

Après avoir résisté à la mode du jogging durant quarante ans, les Belges s’adonnent massivement à la discipline du running. Partout, tout le monde cavale : une personne sur huit est un runner régulier, soit un million d’adeptes – de loin le sport le plus populaire chez nous, devant le sacro-saint vélo. Difficile d’y échapper : les coureurs sont partout, à tous les coins de rue, sur tous les chemins, en ville surtout.

Runner de la première heure, Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef des revues Sport et Vie et Zatopek, a observé, ces cinq dernières années, les pelotons gonfler saison après saison, comme le soufflé dans le four. Comment expliquer un tel engouement ? Plus qu’une mode, le running est, aujourd’hui, un vrai mode de vie. « Nous avons enfin réuni tous les éléments de l’algorithme pour que la tendance dure : le sport-santé. Ainsi, pour comprendre le phénomène running, il faut tenir compte de l’avènement de la société du bien-être », décode Mathieu Le Maux, auteur d’un Dico du running (Flammarion, 2014). « Tout le monde réalise qu’il faut prendre soin de son corps, de son alimentation. On s’est d’abord mis à mieux manger et à mieux cuisiner. Puis, petit à petit, la culture du bien-être, du « bouger » est montée. Comment bouger de la meilleure manière qui soit ? En courant. »

Les marques surfent aussi sur la vague et développent des équipements toujours plus performants et séduisants. Ils permettent de calculer la vitesse, le nombre de calories brûlées, de kilomètres avalés… On ne compte plus les applications inventées pour optimiser sa forme, se faire coacher en direct, ou établir une playlist « cardio-compatible ». Résultat : la dernière foulée terminée, un runner sur deux partage ses performances sur les réseaux sociaux. Parmi les pratiquants, très nombreux sont donc les urbains, connectés, ayant entre 25 et 45 ans. « Il y a sans aucun doute une génération de coureurs qui a été attirée vers le jogging par la technologie. Ce sont les geeks de la course à pied », poursuit le spécialiste. Passage en revue des « must have » du runner d’aujourd’hui :

La tenue : La différence entre le jogging et le running est la mise en scène. On jogge sans se soucier de son apparence. On runne dans une panoplie technique et jolie. Des tenues plus performantes et plus fashion depuis que la mode autorise le port de la basket en toutes circonstances. Des couleurs fluo, les baskets assorties au haut. Plus high-tech : un collant qui élimine la sueur, un maillot qui contrôle la température. L’engouement pour la course à pied donne naissance à des chaînes de boutiques spécialisées, en dehors des grandes surfaces sportives, comme Runner Lab, en Flandre, et Jogging Plus, dans la partie francophone du pays. Comptez au minimum 129 euros pour une paire de baskets de qualité.

Les accessoires : Au rayon montres, les marques Polar et Garmin figurent en haut du tableau. Elles proposent des modèles capables de mesurer votre fréquence cardiaque en la combinant avec les données de vitesse et de distance, d’afficher les calories brûlées, d’enregistrer et de comparer vos dernières séances d’entraînement… Un coach dans 9 cm3.

Les applis : En tapant « course à pied » sur l’AppleStore, ce sont plus d’une cinquantaine d’applications qui sont proposées aux joggeurs, qu’ils soient débutants ou en phase de préparation de marathon. La plupart ont des fonctionnalités comme la perte de poids ou les parcours de remise en forme. RunKeeper. Runtastic, Strava…disponibles sur iOs et Androïd sont parmi les plus populaires du marché. Généralement gratuites et pour certaines uniquement en anglais, elles se déclinent aussi en version payante (autour de 4,99 euros) lorsqu’elles présentent davantage de fonctionnalités. Un plan d’entraînement pour le marathon sera même facturé 25 euros sur RunKeeper. Nike +Running monte en puissance. Elle impose d’être équipé de chaussures de la marque à la virgule. Ces applications analysent chaque footing et pour, au fil des semaines, suivre les évolutions des entraînements et faire des statistiques. RunKeeper aide à se fixer des objectifs. Nike+Running permet, elle, de se choisir un « coach » ou de lancer des défis à ses amis.

Les clubs/la communauté : Le running est lié à l’idée de communauté. Une foule de sites facilite le contact entre participants : on y échange des astuces d’entraînement, de parcours, des commentaires sur des épreuves, des conseils nutritionnels, des avis sur des équipements… Les grands équipementiers ont, eux aussi, lancé leurs communautés de running. A l’image de Décathlon, avec Kalenji, qui organise des courses régulièrement. Ou de l’opération « Je cours pour ma forme », mise sur pied dans la plupart des communes francophones. Le running, c’est aussi devenu une expérience qu’on exhibe sur les réseaux. Aucun inscrit à une fun run ne se déplace sans son smartphone ou sa caméra.

Le dossier « Courir sans limite, la nouvelle addiction », dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • La résonance avec les valeurs actuelles
  • Courir ne suffit plus
  • La force du trail
  • Et dans la foulée, la bigorexie…
  • Sommes-nous faits pour courir ?

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