Hôpital universitaire d'Anvers (UZA) à Edegem © Belga Images

Coronavirus : une molécule vient au secours des patients hospitalisés

Le Vif

Une molécule, l’hydroxychloroquine, laisse espérer des bienfaits pour les patients hospitalisés. Les autorités sanitaires la préconisent dès maintenant pour tous les patients alités. Bien connue et éprouvée, elle pourrait constituer un levier majeur de lutte contre la maladie.

Depuis vendredi soir, la Belgique a décidé d’utiliser l’hydroxychloroquine non seulement chez tous les patients hospitalisés avec une maladie sévère, mais aussi chez ceux chez qui la maladie reste légère à modérée, mais qui appartiennent à une catégorie à risque, comme une maladie pulmonaire, rénale ou un diabète. Le traitement dure une semaine en tout.

Est-ce le remède miracle ? Non. Comme tout médicament, il comporte risques et effets secondaires. Mais ils sont très largement compensés par tous ses avantages. Le premier, c’est d’être une molécule utilisée depuis très longtemps pour soigner le lupus et l’arthrite rhumatoïde. Des millions de patients l’ont donc déjà utilisé depuis 40 ans. Le deuxième, c’est d’être peu cher et disponible de suite. Le troisième, c’est d’afficher peu de contrindications. Le médicament peut par exemple être administré aux femmes enceintes. Le quatrième, c’est que c’est un traitement de cinq jours, limité dans le temps et donc peu coûteux. Le cinquième, c’est la possibilité d’avoir un effet prophylactique. C’est le cas en culture cellulaire. Si c’est vérifié chez l’humain, on pourrait donc le donner aux patients appartenant aux groupes à risque et seulement suspectés d’avoir contracté le virus.

Une décision étayée scientifiquement

C’est pourquoi la task-force réunie au sein de Sciensano, l’Institut belge de santé publique, recommande l’utilisation hospitalière de l’hydroxychloroquine pour les stades léger, moyen et sévère de la maladie. Cette task-force est composée de trois experts des hôpitaux de référence (UZAnvers et hôpital universitaire St-Pierre) et de l’Institut des maladies tropicales d’Anvers. C’est une recommandation prise au moment même de l’amplification de l’épidémie en Belgique. « Cette recommandation constitue ce qui est le plus robuste actuellement. Elle est par nature destinée à être adaptée en permanence. Toute nouvelle étude publiée et même des avis d’experts non encore soutenus par des études complètement publiées, peuvent aider notre compréhension de la meilleure manière de soigner ce virus », explique le docteur Nicolas Dauby, de l’hôpital universitaire St-Pierre (ULB) qui a corédigé ces recommandations. Une recherche toute récente indique en effet que le Plaquenil pourrait potentiellement raccourcir la durée de la prise en charge, du séjour à l’hôpital et diminuer la morbidité et la mortalité. Dans quelle mesure ? On ne le sait pas précisément.

Certes, la molécule fait l’objet de controverses sur son efficacité. Mais les Chinois en ont fait le traitement de choix, ainsi que les Italiens. En France, on n’est pas d’accord : à Paris, on lance un essai sur d’autres molécules. Mais à Marseille, qui abrite l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, une unité de pointe, on vient d’entamer un essai clinique avec l’hydroxychloroquine. Pour Nicolas Dauby, s’il est prématuré de déclarer l’hydroxychloroquine comme arme absolue contre le Covid-19, on est sûr « qu’il inhibe la réplication du virus in vitro et qu’il empêche l’infection d’autres cellules. Il rend aussi les cellules réfractaires à l’intrusion du virus, ce qui laisse augurer d’un possible effet prophylactique ». Comment ça marche ? On pense qu’il modifie les récepteurs spécifiques par lesquels le virus s’introduit dans les cellules. Mais il met en garde : « Il est très important que les gens ne se ruent pas sur le Plaquenil n’importe comment, car c’est un médicament qui doit être administré sous surveillance stricte. Pour l’instant, nous ne le recommandons qu’en milieu hospitalier et nous demandons aux généralistes de ne pas l’utiliser. C’est une utilisation « off-label » qui impose une surveillance intensive qui ne peut être réalisée à la maison ».

Frédéric Soumois

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