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Coronavirus : le pire des scénarios impliquerait l’hospitalisation de 3000 personnes en Belgique

Le pire des scénarios envisagés pour la propagation du coronavirus en Belgique impliquerait l’hospitalisation de 2.000 à 3.000 personnes, dont 500 à 700 en soins intensifs. Ces chiffres sont comparables à ceux d’une mauvaise grippe saisonnière, a expliqué mardi le virologue et directeur du comité scientifique « coronavirus », Steven Van Gucht, devant la commission de la Santé de la Chambre.

La capacité disponible devra alors être intégralement utilisée. La situation aurait pu poser un problème si le virus s’était propagé en même temps que la grippe saisonnière mais, heureusement, le pic de la grippe de cette année est passé et la maladie n’a pas été sévère comme elle a déjà pu l’être au cours des années précédentes.

Selon une étude chinoise réalisée sur les premiers cas de coronavirus, dans les groupes à risque, l’attention doit surtout se porter sur les personnes âgées, où le taux de décès à l’hôpital est de 15%, soit un taux comparable à celui de la grippe. Les enfants, autre catégorie à risque, semblent beaucoup mieux résister à la maladie.

L’expert ne s’attend toutefois pas à de telles extrémités. La province chinoise de Hubei où ont été détectés les premiers cas n’était pas préparée à y faire face et les autorités locales ont mis du temps à réagir, a-t-il rappelé.

« Nous sommes bien préparés », a-t-il assuré.

La ministre de la Santé, Maggie De Block, se refuse à parler de « calamité » comme le fait la N-VA, un mot qui, à ses yeux, ne couvre pas la réalité belge de 13 cas de contamination jusqu’à présent. « Il n’y a pas encore de panique dans la population mais, si s’entends certains d’entre vous, je pense qu’ils risquent de paniquer. Il est utile que quelqu’un garde son sang-froid », a-t-elle dit aux députés.

Bon nombre de questions ont porté sur le problème des masques anti-virus. La Belgique s’est inscrite dans le cadre d’un achat européen. Vendredi, lors d’une réunion des ministres européens de la Santé, la ministre demandera s’il y a moyen d’accélérer le processus qui s’étale en principe sur 40 jours. Elle n’a pas précisé le nombre de masques commandés, par respect pour les règles européennes. Le marché connaît actuellement une situation de disruption: le producteur chinois a arrêté la production et la Chine essaie de racheter des masques… en Europe. Mme De Block s’est d’ailleurs opposée à ce que la Belgique réachemine ces objets vers la Chine.

Du côté du comité scientifique, un appel a été lancé pour un usage rationnel de ces masques. L’utilisation par des particuliers n’a guère d’intérêt, a laissé entendre M. Van Gucht. « C’est un gaspillage. Ils devraient être réservés aux praticiens qui en ont vraiment besoin », a-t-il ajouté.

Quant aux vaccins, ils font l’objet d’un effort mondial, notamment dans un laboratoire de Louvain, mais il est très peu probable qu’ils soient prêts à temps, estime M. Van Gucht. Des questions ont aussi été posées sur l’usage de la chloroquine pour soigner les patients. Il s’agit d’un médicament utilisé dans le traitement d’un cas rare de lupus. Son utilité pour le coronavirus est loin d’être suffisamment démontrée, a averti Mme De Block.

Les réformes de l’Etat ont réparti la compétence des soins de santé entre le pouvoir fédéral et les Régions et Communautés. Un comité de concertation s’est réuni lundi matin pour accorder les violons entre les entités. « Je déplore un manque de hiérarchie. Dans ce genre de politique, on a besoin d’une gestion centralisée, basée sur des avis scientifiques », a lancé Sofie Merckx (PTB), également médecin généraliste. Le regret était le même au cdH. « On a besoin d’une pilotage unique pour renforcer la cohérence. J’appelle les différents gouvernement de ce pays à valider un pilotage unique fédéral », a dit Catherine Fonck.

La ministre fédérale ne s’est pas avancée dans cette voie. Elle n’a pas la capacité de passer outre les lois spéciales de réformes institutionnelles. « Nous devons coopérer, c’est un point d’honneur. Les citoyens n’en peuvent rien. C’est la raison pour laquelle nous avons toutes ces réunions avec les entités fédérées. Nous devons prouver que l’éparpillement des compétences ne donne pas lieu à une situation où les citoyens seront moins bien traités », a-t-elle expliqué.

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