Carte blanche

Coronavirus : Asie 1 – Europe 0. Arrêtons le carnage

La lutte contre le coronavirus pourrait marquer un tournant dans la prééminence, habituellement acceptée, du couple Europe/USA sur le monde. La guerre technologique dans la lutte contre la pandémie vient d’être gagnée par une partie de l’Asie et cette victoire aura des retentissements à tous les niveaux tant économiques, scientifiques que culturels.

Après l’expérience chinoise, la Corée du Sud, Hongkong, Singapour, Taiwan ont évité le confinement et ont opté pour une isolation du virus ou plutôt des porteurs de virus par des tests généralisés alors que l’Italie, et beaucoup de pays d’Europe et apparemment les USA ont choisi une stratégie de confinement des personnes. L’utilisation de technologie du XXIe siècle vs une stratégie intuitive du XIVe siècle (on ne connaissait pas la notion d’agent infectieux) dont on sait qu’elle s’est révélée peu efficace. D’un côté on s’arrime au futur, de l’autre on replonge dans le passé. Une explication ? Elle ne peut être que complexe. Je vois l’occident comme une vieille famille bourgeoise assise sur ses biens. Surtout tout préserver, ne rien dépenser. Investir dans de nouvelles technologies ? Pourquoi ? Tout ne fonctionne-t-il pas bien ? Cela coûte cher. Faisons des économies. On ne sait jamais. Moderniser l’accès au soin ? Pensez-vous ! Dépense inutile. Il y a quelques décennies, le numérus clausus a été le choix du futur. Moins de médecins réduiraient les dépenses. Un calcul de bureaucrate !

On nous dit que tout va aller mieux, qu’il faut attendre le résultat du confinement. Deux, trois semaines. Cela a fonctionné en Chine pourquoi pas chez nous. Quand un régime de dictature démocratique populaire prend une mesure, elle est mieux suivie que dans nos sociétés libérales prônant la liberté d’expression et de mouvement de chaque individu. Difficile à calculer, mais même un petit pourcentage de personnes qui n’adhèrent pas à la doctrine où ont des gestes, par inadvertance, contaminants, pourrait mettre en péril tout le processus. Si la contamination s’arrête, le nombre de personnes contaminées devrait diminuer rapidement. Dans le Hubei, en Chine, où l’épidémie a pris naissance, le nombre de décès a commencé à fléchir après deux, trois jours et la diminution est devenue évidente après huit à dix jours. Il suffit de suivre les courbes. En Europe, hormis l’Allemagne qui pratique des tests sur le modèle coréen du drive in, leur nombre explose. N’est-il pas temps de demander à la France, l’Italie, l’Espagne et tous les autres, de changer de stratégie et de se lancer dans la mise en oeuvre de tests généralisés sur des modèles qui ont fait leurs preuves. Arrêtons le carnage. Il dépasse le décompte journalier des morts et pourrait complètement déstructurer nos sociétés.

Harry Bleiberg, médecin cancérologue à Bruxelles

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