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Coronavirus à l’école : que faire si un élève présente des symptômes ?

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Deux semaines après la rentrée des classes, certains parents, élèves et membres du personnel s’interrogent encore quant à la gestion de la pandémie Covid-19 en milieu scolaire. Nez qui coule, gorge irritée… Ces symptômes sont communs chez les jeunes élèves, et peuvent rapidement être confondus avec des symptômes du coronavirus. Au grand dam des médecins, qui voient alors pulluler des têtes blondes dans leur cabinet. Finalement, comment doivent agir les établissements quand un élève présente des symptômes ? Le point.

Comment doit réagir le professeur/l’école si un élève est soupçonné d’avoir la Covid-19 ?

En cas d’apparition de symptôme(s) à l’école, chez un élève :

  • L’élève doit être isolé des autres dans un espace dédié à cet effet (medical room) ;
  • Ses parents doivent être contactés immédiatement pour venir le récupérer ;
  • Un adulte de l’école s’enquiert régulièrement de son état de santé auprès de lui (toujours le même si possible) ;
  • Après le départ d’un élève malade, cet espace doit être aéré et désinfecté ;
  • Les parents devront contacter le médecin traitant qui jugera s’il y a lieu de réaliser un test PCR2 et si l’enfant peut fréquenter l’école ou non ;
  • Si un test est réalisé, l’enfant doit rester isolé au moins jusqu’à ce que le résultat soit connu afin d’éviter toute nouvelle propagation du virus. En cas de forte suspicion de COVID-19, les cohabitants (frères et soeurs fréquentant le milieu scolaire) doivent déjà s’isoler préventivement en attendant le résultat du test ;
  • L’enfant pourra retourner à l’école en fonction de l’évaluation faite par son médecin traitant ;
  • Un certificat médical est fourni dans le cadre des procédures habituelles de l’Enseignement.

Comment savoir si un élève est potentiellement atteint de la Covid-19 ?

Il faut repérer les bons symptômes. Un enfant devra rester à domicile et ne pourra plus venir aux cours s’il présente:

Au moins un des symptômes majeurs suivants d’apparition aiguë, sans autre cause évidente :

  • fièvre
  • toux
  • difficultés respiratoires
  • douleur thoracique
  • perte de goût et/d’odorat sans cause apparente

OU

Au moins deux des symptômes mineurs suivants, sans autre cause évidente:

  • douleurs musculaires
  • fatigue
  • rhinite (encombrement ou écoulement nasal)
  • maux de gorge
  • maux de tête
  • perte d’appétit
  • diarrhée aqueuse

OU

Une aggravation de symptômes respiratoires chroniques (asthme, toux chronique…), sans autre cause évidente.

Un jugement trop précipité ?

Mais si une simple toux suffit à renvoyer l’élève chez lui, n’y a-t-il pas un risque de multiplier les fausses alertes et de surcharger les médecins ? La toux, le nez qui coule ou les maux de gorge sont en effet des symptômes communs en milieu scolaire. Et l’arrivée des périodes plus froides ne va certainement pas arranger la situation. « Pour déclarer quelqu’un comme suspecté d’être atteint du Covid-19, c’est très flou. Et donc tous les rhumes saisonniers pourraient être pris en compte comme étant des symptômes du Covid. Ca complique vraiment les choses, et nous [médecins généralistes], on est en première ligne. J’ai un peu peur des débordements qu’il pourrait y avoir« , témoigne un médecin de famille, qui « subit » déjà les conséquences de ces règles un peu vagues.

« Dans ma pratique journalière, depuis la semaine passée, je reçois beaucoup de coups de fil de parents, et beaucoup d’élèves de primaire et secondaire qui sont renvoyés par l’école, parce que l’établissement ne veut pas les récupérer tant qu’il n’y a pas eu de visites chez un médecin ou de test de dépistage« .

Que faudrait-il faire pour éviter ces débordements ?

Un élément important qu’il faudrait potentiellement améliorer est le côté administratif du dépistage. Un point qui a déjà été soulevé par les professionnels de la santé. « Je pense que si on facilitait les démarches administratives liées au test, cela pourrait peut-être déjà désengorger un peu [les cabinets médicaux et les centres de triage Covid] », insiste, lui aussi, le médecin généraliste.« À savoir qu’aujourd’hui, vous ne pouvez pas vous rendre n’importe comment dans un centre de triage ou dans un laboratoire pour demander un test. Il faut une prescription médicale. » Une prescription qui, d’une part, demande un certain travail – puisque pour chaque demande, les médecins ont beaucoup de papiers à remplir-, et qui, d’autre part, ralentit le dépistage.

La quarantaine est-elle finalement préférable au dépistage systématique ?

« En cas de maladie, la première chose à faire est de s’écarter« , une consigne donnée par les professionnels de la santé depuis le début de la crise. Il n’y a donc rien d’étonnant à privilégier une telle règle en cas de suspicion de Covid-19 chez un élève. L’idéal serait alors de permettre à cet élève de poursuivre sa scolarité à distance, le temps de la quarantaine.

Quelles mesures sanitaires générales sont prises dans les établissements scolaires ?

De manière générale, les directions des divers établissements ont eu le temps de préparer la rentrée afin de répondre aux exigences des autorités en matière d’hygiène et de prévention. Parmi les mesures exigées, on retrouve notamment :

  • Un nettoyage des locaux à l’eau et au savon est réalisé régulièrement. Cette recommandation concerne également les sanitaires ;
  • Il est également recommandé d’aérer les locaux : ouvrir les fenêtres minimum 2 à 3 fois par jour pour aérer les pièces et ce minimum 15 minutes et de préférence lorsqu’il n’y a personne dans la pièce;
  • Les poubelles doivent être vidées et nettoyées quotidiennement ;
  • Des mesures de distanciation physique et le port d’un masque en tissu sont prévus pour les élèves du secondaire et les adultes ;
  • Toutes les écoles doivent être équipées en savon, serviettes en papier et gel hydroalcoolique *;
  • Pour les garderies et écoles maternelles : les jouets lavables doivent être lavés une fois par semaine et autant que nécessaire, chaque enfant a un drap et une couverture individuels, il faut alterner la position des lits (pieds – tête), dans la mesure du possible.

*Procédure pour l’hygiène des mains :

Tous les élèves et les membres du personnel doivent se laver les mains (eau et savon ou gel hydro-alcoolique)…

  • en entrant dans l’école,
  • en entrant dans la salle de classe (après la récréation),
  • après être allé aux toilettes,
  • après avoir toussé ou éternué dans ses mains,
  • après avoir utilisé un distributeur,
  • avant et après le repas,
  • avant et après le cours d’éducation physique,
  • avant de quitter l’école.

Y a-t-il déjà eu des cas dans les établissements scolaires depuis le 1er septembre?

Depuis le 1er septembre 2020, l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) participe au suivi et à la gestion de la pandémie en milieu scolaire. Pour ce faire, l’organisme fait le relevé des différents cas signalés au sein des établissements scolaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce monitoring permet à l’ONE de transmettre l’ensemble des données utiles aux autorités et établissements concernés afin de garantir la bonne gestion de la pandémie, et d’adapter si nécessaire les mesures en vigueur.

Les résultats du premier relevé hebdomadaire (période du 31/08 au 06/09/20) indiquent que le nombre de cas signalés est actuellement de l’ordre de 6 pour 100.000 élèves scolarisés en enseignement fondamental et secondaire. «  Ces données rassurantes nous permettent à ce stade d’affirmer que la pandémie reste sous contrôle dans les établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles« , s’est d’ailleurs réjouie l’organisation.

Nombre de cas de Covid-19 signalés :

  • Elèves de maternelle : 2
  • Elèves de primaire : 19
  • Elèves de secondaire : 29
  • Etudiants de l’enseignement supérieur hors universités : 2
  • Membres du personnel de l’école : 8
  • Total des cas COVID-19 signalés dans les écoles : 60

À quoi correspond le code couleurs dans l’enseignement obligatoire ?

> Vert: risque nul

Une année scolaire normale, si un vaccin était découvert. À l’heure actuelle, ce n’est pas envisageable étant donné qu’un vaccin n’a pas encore été développé et homologué.

> Jaune: risque faible

À tous les niveaux, les élèves vont en classe normalement, à raison de cinq jours par semaine. En secondaire, les élèves doivent porter un masque si la distance physique ne peut pas être respectée.

> Orange: risque modéré

Dans les communes où la situation pandémique est aiguë, il est possible qu’il faille passer au code orange (mi-temps présentiel/à distance) exclusivement pour les deuxième et troisième degrés de l’enseignement secondaire. Une exception est toutefois faite pour les élèves les plus fragiles qui pourront toujours être invités à se présenter physiquement à l’école. Pour l’enseignement fondamental et le premier degré de l’enseignement secondaire, le passage en code orange est également possible mais les élèves pourront continuer à fréquenter l’école à temps plein dans ce cas de figure.

> Rouge: risque élevé

Les enfants de maternelle et primaire vont toujours à l’école cinq jours par semaine. En secondaire, le principe reste l’école mi-temps présentiel/à distance.

Rentrée scolaire coronavirus
Rentrée scolaire coronavirus© belga

Quelles conséquences pour la classe d’un élève testé positif ?

Conséquences pour la collectivité en maternelle et en primaire : Si un enfant à l’école maternelle ou primaire est un cas de Covid-19 confirmé, tous les enfants de la classe ainsi que l’enseignant sont considérés comme des contacts à bas risque.

  • Il n’y a pas de test ni de quarantaine pour les autres enfants et l’enseignant de la classe mais une information doit être transmise aux parents ;
  • Il faut surveiller l’apparition éventuelle de symptômes durant 14 jours chez les enfants et adultes avec lesquels il a été en contact ;
  • Les élèves de la classe peuvent continuer à fréquenter normalement l’école.

Conséquences pour la collectivité en secondaire : Si la distance physique (>à 1,5m) a bien été respectée, les règles sont les mêmes que pour la maternelle et la primaire (contacts à bas risque), si la distance physique n’a pas été respectée pendant plus de 15 minutes, les élèves et l’enseignant dans le cas sont des contacts à haut risque.

  • Ils doivent être mis en quarantaine et être testés ;
  • Si le test est négatif, la quarantaine reste d’application, pendant 14 jours après le dernier contact à risque. Un deuxième test peut être effectué sous certaines conditions et la quarantaine raccourcie. Le jeune et ses parents discuteront de cette possibilité avec leur médecin traitant :
  • Ceux dont le test est positif sont isolés à la maison et peuvent revenir à l’école 7 jours après le test, ou plus selon l’évolution de l’état clinique.

Quid si deux élèves d’une même classe sont testés positifs ?

À partir de deux cas Covid-19 positifs confirmés endéans 14 jours au sein d’une même classe (maternelle, primaire, secondaire), on considère qu’il s’agit d’un cluster. Cela signifie donc que toute la classe doit être testée, sauf en maternelle. Les Services de Promotion de la Santé à l’École (SPSE) et les Centres psycho-médico-sociaux (CPMS) des établissements concernés doivent alors contacter l’AVIQ ou la COCOM, qui prendra les mesures nécessaires.

Port du masque obligatoire dès le secondaire.
Port du masque obligatoire dès le secondaire.© belga

Que ce passe-t-il si un enseignant présente des symptômes ?

Si un enseignant ou tout autre personnel adulte de l’établissement (encadrant, accueillant extra-scolaire…) présente des symptômes, il doit immédiatement être écarté et testé. Si le test s’avère positif, il doit alors rester en quarantaine à la maison. Les conséquences pour les élèves vont varier en fonction du niveau d’enseignement (maternelle – primaire – secondaire) :

Les élèves de maternelle sont des contacts à haut risque parce que les adultes ne gardent pas une distance d’au moins 1,5m avec les enfants. La classe doit être fermée durant 14 jours.

Pour les élèves de primaire et secondaire, si la distance physique (plus d’1,5m) a été respectée par l’adulte, les élèves sont contacts à bas risque. Il n’y a pas de test ni de quarantaine mais une information sera transmise aux parents par la direction et le service PSE/centre PMS. Il faut alors surveiller l’apparition éventuelle de symptômes durant 14 jours chez les enfants et adultes avec lesquels il a été en contact. La classe poursuit normalement ses activités (avec un autre enseignant).

Quelles mesures sont d’application pour un élève, si un membre de son ménage est testé positif ?

Les élèves étant contact d’un cas positif dans le ménage (parents ou frère/soeur) sont considérés comme des contacts à haut risque. Là encore, les mesures vont varier selon le niveau d’enseignement :

L’élève en maternelle : il n’est pas testé, mais doit être mis en quarantaine et ne peut revenir à l’école que 14 jours après le contact à haut risque avec le membre de la famille infecté OU 14 jours après que le membre de la famille infecté ait été autorisé à mettre fin à l’isolement à domicile.

L’élève en primaire et secondaire : il est testé

  • Si le test est négatif, l’élève doit être mis en quarantaine et ne peut revenir à l’école que 14 jours après le contact à haut risque avec le membre de la famille infecté OU 14 jours après que le membre de la famille infecté ait été autorisé à mettre fin à l’isolement à domicile. Un deuxième test est possible, afin de réduire la durée de la quarantaine.
  • Si le test est positif, l’élève est isolé à la maison et peut revenir à l’école 7 jours après l’apparition des symptômes s’il n’a pas de fièvre les 3 derniers jours et qu’il y a amélioration significative des symptômes.

Si l’élève a présenté des symptômes, doit-il fournir un certificat pour prouver qu’il peut revenir à l’école ?

Si des mesures exceptionnelles ont été prises en ce début d’année scolaire, les absences sont, elles, toujours réglées par les procédures habituelles de l’Enseignement. En cas d’absence pour maladie, l’enfant ne doit pas fournir un certificat attestant qu’il peut à nouveau fréquenter l’école, mais un certificat couvrant sa période d’absence. Ce certificat peut être soit un certificat de maladie classique, soit un certificat de quarantaine si l’enfant était absent pour quarantaine.

Source : www.one.be/public/coronavirus/faq/, circulaire 7713, sciensano.

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