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Comment meurt-on (littéralement) de chaud ?

Stagiaire Le Vif

 » Je meurs de chaud !  » Cette phrase risque d’être prononcée par beaucoup d’entre nous en raison de la canicule. Mais que se passe-t-il dans notre corps lorsqu’on meurt – littéralement – de chaud ?

En 2017, une étude de l’Université d’Hawaii recensait 27 façons de mourir de chaud selon cinq mécanismes affectant les organes du corps. Par temps de forte chaleur, tous les systèmes de défense sont mis en place pour tenter de réguler la température de l’organisme mais finissent par s’emballer et se retourner contre le corps, ce qui met les organes en danger.

  • Les effets de la chaleur sur les organes

Le coeur

Le système cardiovasculaire est un des premiers à être affecté par la canicule. Dans le cas de fortes chaleurs, le corps a tendance à produire plus de transpiration pour réguler sa température. Dès lors, le flux sanguin est déplacé des organes centraux vers les organes périphériques (en l’occurrence, la peau). Pour compenser le manque d’oxygène dans les organes vitaux, les battements du coeur s’accélèrent.

La redistribution du flux sanguin peut provoquer une diminution dangereuse de la tension artérielle avec comme conséquences possibles, des évanouissements ou une insuffisance cardiaque. C’est pourquoi les personnes atteintes de pathologies cardiaques sont souvent les premières victimes des canicules.

Le cerveau

L’augmentation de la température perturbe la communication entre les cellules nerveuses et peut même les endommager car la chaleur affecte la structure de l’ADN et l’intégrité des membranes cellulaires. La déshydratation peut également troubler la communication entre les cellules nerveuses et les cellules musculaires. Les voies cognitives sont déréglées, ce qui peut provoquer une augmentation de l’anxiété, des maux de tête, des altérations du jugement, …

Pour lutter contre le réchauffement, le cerveau est refroidi par le système respiratoire. La fréquence de respiration est accélérée ce qui rafraîchit le sang qui va et vient vers le cerveau. Cette thermorégulation peut se comparer à une sorte de climatisation naturelle mais comprend des effets négatifs : le pH sanguin augmente car la pression en CO2 est moindre, ce qui met en danger les fonctions cellulaires d’autres organes.

Schéma reprenant les principaux dommages de la chaleur sur l'organisme
Schéma reprenant les principaux dommages de la chaleur sur l’organisme© Camilo Mora (Université d’Hawaii)

Les intestins et les reins

Les intestins reçoivent moins de sang à cause de la redistribution du flux sanguin. Cela entrave son bon fonctionnement et peut provoquer, dans des cas extrêmes, des nausées et vomissements.

Les reins sont quant à eux déshydratés car la transpiration demande beaucoup d’eau. L’hypothalamus, partie du cerveau en charge de la température du corps, émet l’hormone diurétique qui favorise la réabsorption d’eau et de sel pour compenser la perte de pression artérielle. Le corps produit de moins en moins d’urine et le tissu rénal peut s’endommager. Par conséquent, les reins fonctionnent moins bien.

  • Mise en marche des cinq mécanismes mortels

L’ischémie (diminution du flux sanguin) et l’attaque cytotoxique (dégradation des membranes cellulaires) rompent la muqueuse intestinale et libèrent les déchets de cellules endommagées par la chaleur dans le flux sanguin. Le mécanisme de réponse inflammatoire systémique est alors mis en route : le système immunitaire envoie trop de cytokines toxiques qui entretiennent l’inflammation et accélèrent la destruction des cellules. C’est effet est d’autant plus mauvais que les parois des tissus sont devenues perméables aux toxines (rhabdomyolyse). Dernier mécanisme : la coagulation intravasculaire. Les protéines en charge de la coagulation s’emballent et forment des caillots qui coupent l’afflux sanguin vers le cerveau, les reins, le foie et les poumons. À côté de cela, l’épuisement des facteurs de coagulation peut entraîner une hémorragie mortelle, même en l’absence de blessure. Toute activité physique (sport, travail en extérieur, …) est susceptible de causer la rupture des muscles squelettiques, responsables de la mobilité du corps.

À l’avenir, les vagues de chaleur vont probablement tuer de plus en plus de personnes. En effet, le nombre de citadins augmente toujours. Or, les villes sont remplies de pierres et de béton qui absorbent la chaleur le jour et la restituent pendant la nuit. La température est donc élevée le jour et ne baisse pas vraiment la nuit. Le corps n’a alors pas l’occasion de se reposer et de se remettre des chaleurs intenses.

Loreline Dubuisson

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