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Comment faire de ses enfants des adultes moins sexistes ?

Muriel Lefevre

Une vision sexiste du monde commence dès le plus jeune âge. Elle n’est pourtant pas une fatalité et les parents attentifs peuvent y faire quelque chose. Slate explique comment.

« Un enfant observe constamment ce qui l’entoure, à la recherche de ce qui est important » explique Rebecca Bigler, psychologue et chercheuse à l’université du Texas d’Austin dans Slate. Dès un an, il sait distinguer un visage féminin d’un visage masculin. Par contre, c’est parce qu’on insiste en permanence sur la différence entre un genre et un autre que l’enfant va commencer à y accorder de l’importance. Le cerveau des enfants n’étant pas encore armé devant les subtilités, ils vont tout catégoriser dans des stéréotypes grossiers et rapidement se dire qu’il existe « beaucoup de différences essentielles et innées entre les garçons et les filles », affirme Christia Spears Brown, psychologue à l’université du Kentucky et auteure de Parenting Beyond Pink and Blue toujours dans Slate. D’autant plus que ces comportements basés sur des stéréotypes sexuels sont récompensés, alors que s’en éloigner n’est pas encouragé. Il n’est, par exemple, pas rare qu’un garçon qui joue à la poupée se fasse gronder par son père. Les parents sont souvent aussi plus tolérants quand un garçon se montre agressif physiquement. Les enfants, lorsqu’ils sont entre eux, se punissent mutuellement si on enfreint les règles tacites de « son genre ». Slate précise encore qu’il semble que ce soit surtout le cas chez les garçons.

Y aurait-il une raison purement biologique ?

Les chercheurs admettent qu’on ne peut que très difficilement déterminer ce qui est inné et ce qui est acquis puisqu’il est pratiquement impossible de séparer la nature de l’éducation tant, dès la naissance, une fille ou un garçon vit des expériences biologiques et sociales différentes. Il existe des preuves qu’au début du développement, les niveaux de testostérone influencent le comportement de jeu, mais on ignore encore les effets précis de ces hormones, stipule Carol Martin, chercheuse en développement de l’enfant à l’Arizona State University, dans Slate. Il est par contre certain que les autres enfants et les parents jouent cependant un rôle dans la construction de ces clichés puisque soit on imite ses copains, soit on joue avec ce qu’on a.

Vers 8- 10 ans, les enfants développent une plus grande souplesse cognitive qui leur permet de se rendre compte que les normes de genre se basent sur des conventions sociales, mais, chez certains, les stéréotypes de genre se verront encore renforcés par une certaine idée de la moralité ou, autrement dit, parce que « c’est comme cela que ça doit être. » Une fois adolescent, ces stéréotypes vont encore prendre de l’ampleur et être sexualisés. Les garçons qui croient le plus aux stéréotypes de genres (ex : une fille doit surtout s’efforcer d’être jolie) seront plus susceptibles d’être des auteurs d’agressions sexuelles. Il semblerait également que les croyances stéréotypées sur le genre – par exemple que les filles soient des êtres inférieurs ou tout du moins très différents- soient bien plus présentes chez les garçons que chez les filles.

La bonne nouvelle, selon Slate, c’est que l’on peut enrayer la mise en place de tels stéréotypes dès le plus jeune âge en encourageant, par exemple, les enfants à jouer et à construire des amitiés avec des enfants de l’autre sexe afin de découvrir les nombreux points communs et acquérir une certaine résilience. Mais aussi en dénonçant les stéréotypes sexistes dès qu’ils se présentent, dans une réflexion en rue, en regardant la télé (ou les stéréotypes biaisés sont surreprésentés). Il est aussi utile de ne pas mentionner de façon inutile et à tout bout de champs le sexe dans une conversation avec ses enfants.

Tout cela demande constance et vigilance, mais aurait des effets sur le long terme précise enfin Slate.

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