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Cancer: le risque des traitements alternatifs

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

De nombreux patients atteints d’un cancer ont recours à un traitement alternatif ou complémentaire. Une pratique qui peut représenter un danger si elle n’est pas suivie par un médecin.

Les thérapies complémentaires et alternatives sont celles que les patients utilisent en plus ou à la place de soins médicaux traditionnels. Selon une nouvelle recherche publiée dans la revue JAMA Oncology, environ un tiers des patients atteints de cancer ont eu recours à un traitement alternatif au cours de l’année écoulée. Et certains d’entre eux déclarent ne pas avoir prévenu leur médecin qu’ils utilisaient des thérapies parallèles. Un comportement qui pose problème, et qui peut même mettre le patient en danger. En effet, les thérapies alternatives peuvent représenter des risques pour la santé, surtout si les patients arrêtent dans le même temps les traitements conventionnels.

En parler à son médecin

« Les patients plus jeunes sont plus susceptibles d’avoir recours aux médecins alternatives et complémentaires, ainsi que les femmes, mais j’aurais pensé que plus de gens avertiraient leur médecin », confirme Nina Stanford (UT Southwestern Medical Center), à l’origine des recherches. De nombreuses personnes interrogées n’ont rien dit car leur médecin ne l’avait pas demandé ou qu’ils ne pensaient pas qu’il avait besoin d’en être informé.

Une situation jugée préoccupante pour les scientifiques, surtout dans le cas des suppléments à base de plantes, qui ne sont pas suffisamment réglementés et soumis à des contrôles. « Vous ne savez pas ce qu’il y a dedans. Certains sont une sorte de méli-mélo de choses différentes », confirme le Dr Stanford. Elle ne les recommande pas « à moins de savoir ce qu’ils contiennent », car ils peuvent mal interagir avec les traitements conventionnels comme la chimiothérapie et la radiothérapie. Des niveaux élevés d’antioxydants peuvent, par exemple, interférer avec les radiations et les compléments à base de plantes médicinales peuvent devenir dangereux lorsqu’ils sont mélangés à certains médicaments sur ordonnance.

Les patients se tournent vers les médecines douces pour de nombreuses raisons, comme « des symptômes persistants, une détresse psychologique ou un sentiment de contrôle sur leurs soins », écrivent les chercheurs. Bien que certaines thérapies complémentaires puissent aider à résoudre ces problèmes, les patients devraient toujours discuter de leurs choix avec un médecin pour s’assurer qu’ils ne mettent pas en danger l’ensemble de leur traitement.

Interventions corps-esprit

Certaines thérapies alternatives sont toutefois recommandées par les oncologues, pointe l’étude. Les interventions plus spirituelles, comme le yoga, le tai-chi, la méditation ou encore la pleine conscience peuvent garder les patients en forme et énergiques durant le traitement, réduire les effets secondaires des traitements traditionnels et améliorer le sommeil, le stress et la santé mentale. Cela peut également aider pour faire face au choc du diagnostic.

« Nous conseillons fortement aux patients de rester actifs et de faire de l’exercice durant le traitement. Un effet secondaire courant des radiations est la fatigue. Les patients qui ressentent le plus de fatigue sont ceux qui sont les plus sédentaires et ceux qui font de l’exercice sont ceux qui ont souvent le plus d’énergie », confirme Stanford.

Outre les compléments et les thérapies corps-esprit, les patients sont plus susceptibles de se tourner vers les chiropraticiens, les ostéopathes et les massothérapeutes lorsqu’il s’agit d’interventions alternatives. Enfin, un petit nombre d’entre eux ont recours à l’acupuncture, la thérapie énergétique ou aux traitements homéopathiques. Si l’acupuncture peut aider à soulager les douleurs, il y a encore trop peu de preuves scientifiques de son efficacité. Concernant l’homéopathie, une vaste analyse d’études en 2015 révélait qu’il était difficile de prouver son efficacité.

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