© iStock

Bisphénol A, le retour

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Alors que la France a pris la décision de bannir le Bisphénol A (BPA) de son territoire, l’Europe vient de blanchir la substance utilisée dans de nombreux contenants alimentaires, faute de preuves suffisantes pour l’incriminer.

Le Bisphénol A est une substance chimique principalement utilisée dans la fabrication de plastiques alimentaires. C’est en 1996 qu’un premier chercheur, Frederick vom Saal de l’université du Missouri, découvre que l’exposition au Bisphénol A (à petite dose et durant une courte période) a des effets néfastes sur l’appareil génital de souris mâles.

Depuis, plusieurs milliers d’articles scientifiques ont montré le lien entre le Bisphénol A et un grand nombre de pathologies : diabète, obésité, problèmes de fertilité, cancers, troubles du comportement et cardio-vasculaires, etc.

En mars 2011, l’Union européenne a donc décidé d’interdire le Bisphénol A dans la fabrication et la commercialisation des biberons, uniquement.

La France à l’avant-garde

Le 1er janvier 2015, la France a banni le Bisphénol A de tous les contenants alimentaires et des tickets de caisse. De la simple bouteille en plastique, aux boites de conserve, la molécule est désormais interdite sur le sol français. Il s’agit d’une première mondiale et d’un pari risqué sur le plan économique.

Dans le doute, l’Europe ne s’abstient pas

La France espérait donc que l’UE abonde dans son sens et fasse interdire le BPA sur son sol également. Il n’en est rien. L’exposition au Bisphénol A « aux niveaux actuels » « ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs », même si de nombreux doutes restent à tirer au clair, a déclaré l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments (Efsa), ce mercredi.

À l’issue d’une « réévaluation complète » lancée en 2012, de cette substance, l’Efsa préconise seulement de diviser par douze le seuil de sécurité pour l’exposition humaine. Ce nouveau seuil, ou « dose journalière tolérable » (DJT) doit être ramené à 4 microgrammes (mg) par kilo de poids corporel contre 50 mg actuellement, recommande-t-elle.

Cette décision de l’UE va donc rentre la tâche plus ardue pour la France. Il lui sera très difficile d’interdire sur son sol les produits européens contenant du BPA à cause de la libre circulation des biens au sein de l’Union. « L’interdiction française ne prendra tout son sens que si elle est étendue aux autres membres de l’Union. Il faut que la France porte ce combat au niveau communautaire », reconnaissait déjà Gérard Bapt, le député à l’origine de loi, avant la publication du rapport européen.

Entre la peste et le choléra

Reste que certains produits destinés à remplacer le Bisphénol A sont déjà remis en cause par les scientifiques.

Selon Le Monde, le BPA serait remplacé dans la plupart des cas par du Bisphénol « S » ou « F ». Or, une nouvelle étude française, publiée dans la revue « Fertility & Sterility », montre que ces deux produits posent les mêmes problèmes sur l’appareil génital masculin que le BPA.

Une autre étude parue le 12 janvier dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) affirme que le Bisphénol S a des effets négatifs sur le développement du cerveau et le comportement du poisson-zèbre, comme le Bisphénol A. La bataille est donc loin d’être finie pour les autorités françaises.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire