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Alerte sur les dangers d’un colorant présent dans les bonbons

Le Vif

Le dioxyde de titane, de son nom de code E171, est un additif alimentaire utilisé couramment dans les bonbons, les biscuits, le dentifrice ou encore, les plats préparés. Une récente étude a mis en avant un danger potentiel associé à ce colorant alimentaire chez le rat. Chez l’homme, des études complémentaires doivent encore être menées concernant sa toxicité.

Une étude menée par l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) et publiée fin janvier dans la revue scientifique Nature a identifié, chez le rat, un risque sanitaire associé à un colorant alimentaire répandu: le dioxyde de titane (TiO2) utilisé sous le code E171 par les industriels. Ces résultats préliminaires justifient des études ultérieures de cancérogenèse chez le rat et des analyses de risques chez l’homme, avance l’INRA. Ils constituent dans tous les cas une nouvelle mise en garde sur les risques associés aux nanoparticules, ces particules très petites présentes dans de multiples produits de consommation courante, notamment alimentaires, avertit Le Monde.

Le dioxyde de titane (TiO2) est un additif alimentaire, un colorant blanc opacifiant, utilisé couramment en confiserie (bonbons, produits chocolatés, biscuits, chewing-gums), ainsi que dans les sauces d’assaisonnement et les plats préparés. Il est utilisé par les industriels en Europe sous l’appellation E171. On le trouve par ailleurs dans les dentifrices, les produits cosmétiques, les crèmes solaires, mais aussi les peintures et les matériaux de construction.

Le dioxyde de titane n’aucune vertu nutritive, et il n’améliore pas non plus le processus de fabrication ou la conservation. Il s’agit juste d’un pigment blanc. Son effet est simplement d’augmenter la blancheur ou la brillance des aliments, ou encore, de modifier les teintes d’autres colorants. L’E171 est composé d’un mélange de nanoparticules (10 à 40% selon les lots du commerce) et de microparticules.

Déséquilibre des réponses immunitaires

Il n’est cependant pas soumis à l’étiquetage « nanomatériau », car il est intégré aux aliments sous une forme qui n’est que partiellement – de 10 % à 40 % – composée de nanoparticules (soit une dimension inférieure à 100 nanomètres, ou milliardièmes de mètre), le reste se présentant à l’état de microparticules, explique Le Monde.

Chez l’homme, l’exposition à ce colorant nanométrique (soit 10 000 fois plus petit qu’un grain de sable) est fréquente et quotidienne en fonction des produits alimentaires consommés qui contiennent cette substance. L’apport est augmenté par l’utilisation du dentifrice. La dose d’exposition orale peut être de plusieurs mg/kg de poids corporel/jour.

Les chercheurs de l’INRA, associés à l’Anses, au CEA, à l’université Grenoble-Alpes, au synchrotron Soleil et à l’Institut des sciences et technologies du Luxembourg, se sont penchés sur l’exposition orale à cet additif, c’est-à-dire sur son ingestion. Ils ont utilisé comme cobayes une centaine de rats auxquels ils ont fait boire de l’eau contenant de l’E171, à un dosage proche de l’exposition alimentaire humaine, soit 10 milligrammes par kilo de poids corporel et par jour.

Résultats observés in vivo chez ces animaux: le colorant alimentaire franchit la barrière intestinale et passe dans le foie via la veine porte, avant de rejoindre la circulation sanguine. Des nanoparticules de dioxyde de titane sont alors présentes dans la paroi de l’intestin grêle et du côlon, et se logent jusqu’au noyau de cellules immunitaires. Conséquences de cette absorption intestinale: il survient un déséquilibre des réponses immunitaires locales et systémiques au bout d’une semaine de traitement, jusqu’au développement d’un terrain micro-inflammatoire dans la muqueuse du côlon après 100 jours d’exposition résume l’étude. En résumé: l’additif ingéré de la sorte peut favoriser la survenue d’un cancer du côlon ou du rectum.

Chez des rats sains, 40% (4 rats sur 11) développent des lésions précancéreuses non malignes sur l’épithélium intestinal dans le côlon. Chez des rats prétraités par un cancérogène, 20% des lésions observées présentent une croissance accélérée.

A la question de savoir si ces effets biologiques sont toxiques chez le rat, l’institut ne s’avance pas, mais déclare toutefois que les effets sont persistants et susceptibles de représenter un danger. Au niveau du système immunitaire, il faudra par exemple tester sa réactivité face à des agresseurs pour déterminer si l’organisme est fragilisé par l’additif alimentaire, ce qui pourrait favoriser l’apparition de maladies.

« Cancérogène possible si inhalé »

En ce qui concerne l’apparition de cancers, les effets observés concernent des stades précoces et non malins de la carcinogenèse colorectale. Or, le développement de cette pathologie comporte de nombreuses étapes et l’origine de la maladie est multifactorielle.

Chez l’homme, aucune extrapolation des résultats de cette étude réalisée sur des rats ne peut être faite à ce jour. Mais elle constitue toutefois une alerte et un élément de vigilance à prendre en compte. Pour évaluer les effets du E171 à des stades plus avancés d’une pathologie, il est impératif de conduire une étude de cancérogenèse sur deux ans chez le rat.

Le dioxyde de titane, utilisé sous forme de poudre nanométrique depuis les années 90 dans de nombreux secteurs, a été classé en 2006 « cancérogène possible si inhalé » par le Centre international de recherche sur le cancer.

D’autres études approfondies, et notamment conduites, en France, par l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et l’EFSA (L’autorité européenne de sécurité des aliments), sont nécessaires pour arriver à en conclure un potentiel risque chez l’homme qui consomme ces produits contenant cet additif.

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