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Véronique Bergen : « Je ne suis jamais dans une logique guerrière »

Véronique Bergen, 56 ans, écrivaine et membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, auteur notamment de Tous doivent être sauvés ou aucun (Onlit éditions) et de l’Abécédaire du Hard Rock Market (éd. Lamiroy).

Qu’est-ce qu’un beau geste ?

Un geste qui soulève la joie, qui rétablit la justice et qui augmente les puissances d’exister. Mais plutôt que de parler de beau geste, comme Sartre, je parlerais plus volontiers d’un bel acte. Contrairement au geste qui est posé pour autrui, le bel acte est un engagement de soi qui permet d’amener le monde vers plus de justice et de liberté.

Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?

Difficile de répondre car en donnant aux autres, c’est à soi-même qu’on donne quelque chose. Moi, ça donne un sens à mon existence.

Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?

Je pense à des échanges verbaux ou à une petite aide matérielle à des personnes qui en ont besoin. Une amie qui a de grosses difficultés financières ou quelqu’un que je croise souvent dans la rue et qui est contraint à mendier. Régulièrement aussi, je finance avec une amie la nourriture du chat d’un monsieur qui n’a pas les moyens d’en acheter.

Et pour la société ?

J’espère que mes écrits font un peu bouger les choses, que je donne voix à ceux qui en sont privés, comme le monde animal, les forêts, la terre, les non- humains, tous ces êtres vivants qui sont si malmenés.

Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez-pas ?

S’il y a un froid, j’essaie toujours de désamorcer la chose car je n’aime pas rester sur un faux problème. Mais en général, je n’ai pas d’inimitié à l’égard des autres, plutôt des absences d’affinités. Alors, je me distancie. Je ne suis donc jamais dans une logique guerrière.

Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous réconcilie avec la nature humaine ?

L’appel des 200 personnalités pour sauver la planète lancé par l’astrophysicien Aurélien Barrau et l’actrice Juliette Binoche. Le soutien au cinéaste Oleg Sentsov, aussi, emprisonné en Russie.

Quel acte avez-vous posé dans votre vie et dont vous êtes le plus fière ?

J’ai surmonté le fait que j’écrivais avant tout pour moi-même ; grâce au soutien d’une amie proche, j’ai fini par envoyer mes manuscrits à une maison d’édition.

Quel acte a-t-on posé à votre égard et qui a changé votre vie ?

Pierre Mertens, qui dirigeait la collection Culture et communication chez De Boeck, a décidé de publier mon premier livre consacré à Jean Genet en 1993. Ça a ouvert la porte à toutes les publications qui ont suivi.

Qui sont les personnes qui vous inspirent ?

Gilles Deleuze, pour le vent de liberté qu’il a apporté en connectant la philosophie aux arts, pour avoir déployé un système qui permettait d’interroger le monde. Hélène Cixous, une écrivaine à l’écriture exploratoire, une femme qui fait exploser la syntaxe. Et enfin, Damien Saez, un chanteur, militant et poète qui résiste.

Quelle est la dernière chose que vous avez donnée ?

Un livre à cette dame qui vit dans la rue, et mon violon à une petite fille qui n’avait pas les moyens d’en acquérir un et qui rêvait d’apprendre à en jouer. Et des gouttes d’eau, via des moteurs de recherche comme Lilo ou Ecosia : à chaque recherche sur Internet, ils permettent de planter des arbres ou d’offrir de l’argent à des ONG.

Selon vous, le monde irait mieux si …

Un tribunal international poursuivait les responsables d’écocides, les crimes contre toutes les formes du vivant et de la biodiversité. J’aimerais qu’il mette hors d’état de nuire les lobbys qui mènent les vies humaines et non humaines au désastre.

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