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Talented Youth Network, l’asbl qui révèle des jeunes issus de milieux défavorisés

Le Vif

Talented Youth Network a pour objectif de donner confiance aux jeunes issus de milieux défavorisés et d’élargir leurs perspectives d’avenir. Depuis sa création en 2013, à Bruxelles, un véritable réseau s’est créé et fait des émules en dehors de la capitale.

« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » Quand on est jeune et issu d’un milieu moins favorisé, avancer seul est souvent bien plus compliqué que lorsqu’on peut se reposer sur un collectif. C’est cette conviction qui a poussé quatre jeunes Bruxellois d’origine marocaine et de confession musulmane à créer en 2013 Talented Youth Network (TYN), une asbl « révélatrice de jeunes potentiels et créatrice de lien dans le milieu associatif ». Parmi eux, des personnalités particulièrement engagées, et modèles de réussite, comme Ihsane Haouach, diplômée de la Solvay Business School, membre du conseil d’administration de Brugel mais aussi entrepreneuse et cocréatrice de projets humains comme le collectif des Cannelles et, bien sûr, le TYN.

L’idée de ce réseau est partie des expériences et ressources qu’Ihsane et les autres fondateurs ont pu accumuler au cours de leurs parcours professionnels et académiques. « On a voulu mettre nos contacts et notre vécu à disposition des jeunes moins favorisés, pour lesquels certaines perspectives peuvent encore sembler impossibles aujourd’hui », explique Abdelhak Chenouili, cofondateur et président de TYN. « L’accès à des informations sur les études et les possibilités de formations, notamment, est souvent plus compliqué dans certains milieux. Nous avons aussi constaté dans notre entourage que beaucoup de jeunes que le système scolaire ou académique a perdus sont découragés. Ils ont du mal à se projeter dans l’avenir. »

Au fil du temps, les activités se sont multipliées, ce qui a permis de toucher toujours plus de jeunes.
Au fil du temps, les activités se sont multipliées, ce qui a permis de toucher toujours plus de jeunes.© DR

« Déconstruire les barrières »

En mettant sur pied le TYN, Abdelhak Chenouili et ses amis se sont donné pour mission principale d’aider ces jeunes (dès 10 ans) à retrouver confiance en eux et en leurs capacités, afin qu’ils puissent envisager leur avenir sous un autre angle. Ils s’appuient pour cela sur de nombreux partenariats avec des associations, mais aussi sur des échanges avec des personnes qui, comme eux, ont des parcours académiques ou professionnels plus avancés.

C’est sur ce principe que repose le pôle Inspire du réseau: il y est question d’ateliers, de rencontres avec des personnes ressources, mais aussi d’échanges et de voyages interculturels et linguistiques grâce à des partenariats avec d’autres associations. « Nous essayons également d’aider les jeunes à s’orienter en leur permettant de participer à des découvertes de campus, des portes ouvertes d’écoles, etc. », ajoute le président de TYN. « Cela aide à déconstruire les projections et barrières qu’ils ont parfois pu établir face à leur parcours académique ou professionnel. »

L’association propose aussi aux jeunes une série de formations non académiques – la TYN Academy – sur des thèmes aussi variés que la citoyenneté, les sciences, le développement durable, le digital… Les formations ont lieu le week-end en petits groupes et privilégient les échanges et la créativité. Les jeunes sont généralement invités à imaginer des projets qu’ils réalisent ensuite, ce qui leur permet d’acquérir des compétences tout en gagnant confiance en leurs capacités.

Au fil du temps, les activités se sont multipliées, ce qui a permis de toucher toujours plus de jeunes.
Au fil du temps, les activités se sont multipliées, ce qui a permis de toucher toujours plus de jeunes.© DR

Engagement de longue durée

Si ses objectifs n’ont pas changé au fil du temps, l’association a beaucoup évolué en sept années d’existence. Depuis 2015, elle a implanté ses activités à l’Epicerie, un centre éducatif et culturel à Molenbeek qu’elle gère avec Ras El Hanout, active dans le théâtre engagé. « Le fait d’avoir nos propres locaux a beaucoup changé nos rapports avec les jeunes, car ils disposent désormais d’un lieu où ils peuvent venir en dehors des activités », observe Abdelhak Chenouili. « De plus, le bâtiment est lui-même un support pour certains projets puisqu’il s’agit d’un ancien dépôt qu’on réaménage et les jeunes peuvent participer aux transformations. »

Au fil du temps, l’asbl TYN s’est aussi beaucoup professionnalisée et emploie désormais trois équivalents temps plein, ce qui lui a permis d’augmenter considérablement le nombre de ses activités et de toucher plus de jeunes. L’association ne s’adresse plus seulement aux personnes moins favorisées ou issues de l’immigration, mais est parvenue à créer une mixité particulièrement enrichissante.

TYN compte aussi beaucoup sur sa quarantaine de bénévoles qui sont autant animateurs qu’instigateurs de projets. C’est grâce à eux que se sont développées des formations en sciences, ou encore des activités à Louvain-la-Neuve. Et puis, le bénévolat est aussi un aboutissement pour de nombreux jeunes ayant suivi les activités de l’association: « Après avoir participé à différentes formations, ils ont pris confiance en eux et se rendent compte qu’ils peuvent apporter quelque chose aux autres », remarque le cofondateur. « Au sein de TYN ou ailleurs, c’est important pour les jeunes de poursuivre leur engagement, d’alimenter ce qui leur apporte de la fierté ou de l’espoir. »

En permettant à chacun de se développer personnellement, TYN a réussi à mettre en place un réseau vertueux qui s’entretient de lui-même et s’étend à de plus en plus de personnes et d’associations. Cet effet multiplicateur est sans doute la plus grande fierté des créateurs de l’asbl. Qui ambitionnent désormais d’élargir le champ géographique de leurs activités (lire l’encadré)… et d’obtenir une reconnaissance officielle en tant qu’organisation de jeunesse.

Un réseau sans frontières

A cause de la crise sanitaire, TYN a été contraint de réduire ses activités mais a réussi à poursuivre certains programmes de façon virtuelle, notamment en organisant des webinaires, formations ou rencontres en ligne. Ce format est certes moins accessible pour les plus jeunes et n’offre pas toutes les possibilités du présentiel, mais il entretient le lien et a même permis au réseau de toucher un public plus large. Abdelhak Chenouili remarque, par exemple, que les jeunes qui suivent les programmes en ligne de TYN ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui se rendaient aux activités physiques. Tout en espérant pouvoir reprendre au plus vite ses rencontres en présentiel, l’asbl a décidé de créer une véritable plateforme d’apprentissage en ligne. Il s’agira d’une démarche plus individuelle, mais qui permettra à TYN d’élargir son public. Par ailleurs, l’asbl sort aussi de l’enceinte de l’Epicerie et de Bruxelles grâce à des antennes à Louvain-la-Neuve et à Verviers, qui sont en plein développement.

Un article de Marie-Eve Rebts.

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