Gautier Capuçon, 37 ans, violoncelliste. Vient de sortir Schumann (Warner Classics) avec le Chamber Orchestra of Europe sous la direction de Bernard Haitink, Martha Argerich (piano) et Renaud Capuçon (violon).
Qu’est-ce qu’un beau geste ?
C’est un acte que l’on fait par amour et non pour soi… Un geste de générosité pure, venu du coeur, spontanément et sans réflexion.
Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?
Je viens de réserver à l’instant un voyage de quelques jours à Marrakech. J’ai acheté les billets d’avion en une minute !
Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?
J’ai organisé des cours de ski pour mes filles. Les vacances à la montagne sont un grand moment de partage en famille, une pause privilégiée, sans voyages, sans concerts, et souvenir de toute mon enfance bien sûr (NDLR : il est né à Chambéry). Pour mes élèves, j’écris des lettres de recommandations pour les aider dans des démarches de concours internationaux.
Et pour la société ?
J’essaie de m’investir dans des projets qui permettent aux gens de découvrir la musique, comme l’association Passeurs d’arts. Juste avant Noël, nous avons partagé tous ensemble de beaux moments musicaux et clôturé la rencontre par un petit concert. J’ai également participé récemment à Une Nuit pour 2 500 voix (NDLR : en France, une manifestation musicale solidaire parrainée par Gautier Capuçon, qui rassemble scientifiques et associations à l’occasion du 15 février, journée mondiale des cancers de l’enfant).
Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez pas ?
J’ai une grande faculté à oublier les mauvaises choses que l’on pourrait me dire ou me faire. Par chance, j’ai une mémoire plutôt sélective. En conséquent, je ne garde en mémoire que les bons moments. Il y a bien sûr, parfois, des paroles et des gestes qui me blessent sur le moment mais passé l’instant de la » blessure « , j’essaie de toujours pardonner. De là à dire que j’arrive toujours à oublier… disons plutôt que je fais de mon mieux.
Quelle est la dernière chose que vous avez donnée ?
Un grand vin de Bourgogne à un ami, j’aime faire plaisir.
Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous réconcilie avec la nature humaine ?
J’ai entendu une personne proche de moi dire : » Pardon, je me suis trompé. » Alors que ce n’est pas dans son habitude. Si l’erreur est humaine, il n’est pas toujours facile d’accepter les siennes, de sa part, cela m’a touché.
Quel est l’acte dont vous êtes le plus fier ?
Annuler des concerts afin d’être présent pour la naissance de mes deux filles. Quel miracle de la vie, quelle émotion, tout cet amour !
Quel geste avez-vous regretté de ne pas avoir posé ?
J’ai regretté de ne pas avoir parlé ni dit certaines choses à un de mes anciens maîtres, Heinrich Schiff, avant qu’il ne décède il y a quelques années.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
La vie de tous les jours m’inspire, comme un écrivain ou ce que je mets dans ma musique, les personnes que j’aime, ma femme et mes filles.
Selon vous, le monde irait mieux si…
Si nous parlions de belles choses, des choses qui nous font sourire et nous font du bien. Si nous arrivions à nous concentrer sur le positif et non le négatif.
