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Le beau geste de Véronique de Viguerie : « Rester sincère et le plus proche de la vérité possible »

Véronique de Viguerie, 41 ans, photoreporter. Lauréate du Visa d’or Paris Match News et du Visa d’or humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) 2018 pour sa couverture de la guerre au Yémen.

Qu’est-ce qu’un beau geste ?

C’est un geste gratuit, sans aucune attente en retour, pas calculé, juste pour le bien de l’autre

Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?

Comme chaque année, j’ai fait la fermeture de la station de Tignes avec mon mon père, mes frères ainsi que des amis. J’adore le snowboard, un grand bol d’air qui me permet de m’aérer l’esprit et de me faire du bien, c’est une fatigue saine.

Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?

Les photographes sont des  » preneurs  » d’images. Souvent, on arrache des moments d’intimité aux gens que l’on croise ou que l’on rencontre. Souvent, ces personnes qui nous  » offrent  » leur histoire de vie sont  » des oubliés de la vie  » et j’estime par conséquent que la moindre des choses est de les faire se sentir  » le héros d’un jour « , qu’elles se sentent respectées et dignes. Même si les reportages n’ont pas le pouvoir de changer les choses, nous pouvons toujours essayer de rendre justice aux gens que l’on photographie en les traitant comme des personnes extraordinaires (NDLR : à découvrir : 100 photos de Véronique de Viguerie pour la liberté de la presse , éd. Reporters sans frontières).

Et pour la société ?

C’est un engagement général, j’essaie toujours de rester sincère et le plus proche de la vérité possible. Je me tiens loin de tout sensationnalisme, ce qui pour moi est l’écueil de la facilité.

Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez pas ?

Aujourd’hui, je trouve que la tendance générale est de voir le monde et les gens de manière binaire : c’est blanc ou noir. Or, je pense que diaboliser les personnes dont on ne partage pas les idées est une attitude qui nous conduit droit dans le mur. Aussi, dans mon travail, j’essaie de révéler l’humanité de cet autre que l’on n’aime pas et que l’on préférait déshumaniser pour mieux l’éviter ou l’anéantir.

Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous réconcilie avec la nature humaine ?

Ma fille, 7 ans, en pleurs devant des bouteilles vides qui flottaient sur le canal Saint-Martin et qui me dit :  »  » Pourquoi les gens font ça ? Ils savent que ça tue les poissons ?  » C’est bien que l’école enseigne aux enfants le respect de la nature et de l’environnement, cela les conscientise et j’espère donc qu’ils prendront mieux soin de notre planète que nous.

Quel est l’acte et dont vous êtes le plus fière ?

Dernièrement, j’étais en reportage en Syrie avec le journaliste Luc Mathieu pour le quotidien Libération. Nous avons identifié et retrouvé des orphelins de Daech, abandonnés dans un camp au nord de la Syrie. Grâce aux photos, ils ont pu être identifiés par leur famille et rapatriés en France. Hélas, il en reste encore beaucoup, perdus dans ces camps, orphelins, nés sous le califat, sans aucune existence légale.

Quel acte a-t-on posé à votre égard et qui a changé votre vie ?

Lors de mes études de photojournalisme en Angleterre, j’ai pris contact à la demande d’un de mes professeurs avec un de ses amis qui travaillait à l’AFP. Au bout du fil, il me dit :  » Vous feriez mieux d’arrêter et prendre plutôt des cours de cuisine… « . En raccrochant, j’ai su que ma vocation était de prendre des photos et que j’allais prouver que  » quand on veut, on peut « .

Qui vous inspire ?

Les femmes photoreporters de guerre comme Marie-Laure de Decker, Catherine Leroy, Laurence Geai et Alexandra Boulat.

Selon vous, le monde irait mieux si…

Si on pouvait s’unir pour lutter ensemble et ce, en dépit de nos différences.

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