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Isabelle Arpin: « Donner fait autant de bien à celui qui donne qu’à celui qui reçoit »

Isabelle Arpin, 49 ans, cheffe du restaurant Louise 345, à Bruxelles.

Qu’est-ce qu’un beau geste ?

C’est donner aux autres ce qui nous est le plus précieux : une chose que l’on désirerait pour soi-même, par exemple. Pour moi, c’est donner du temps aux autres car c’est ce qui me manque le plus dans ma vie. Mais ce n’est pas un sacrifice car donner fait autant de bien à celui qui donne qu’à celui qui reçoit.

Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?

Je suis partie faire deux jours de golf en Irlande. Pour une fois, je n’ai pas offert le peu de temps que j’ai aux autres mais à moi-même.

Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?

Durant les vacances, j’ai emmené quelqu’un dans mon fief, un lieu où je vais depuis des années, où je retrouve mes amis d’enfance et mes proches. Pour la première fois, j’ai décidé de partager cette intimité avec quelqu’un d’autre et de m’ouvrir un peu. Au niveau professionnel, je viens de racheter le fonds de commerce du restaurant. Je suis donc chez moi et pour mon personnel, c’est mieux : ça le sécurise et lui donne un port d’attache, un peu comme une famille.

Et pour la société ?

Je suis devenue la marraine d’une école hôtelière à Bali, la Sumba Hospitality Foundation, une initiative de particuliers belges qui offrent une éducation à des enfants qui n’en ont pas forcément les moyens. J’irai fin janvier y donner des cours avant d’inviter d’autres chefs ensuite.

Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez-pas ?

Même si je suis plutôt rancunière, il m’arrive malgré tout de vanter les qualités d’une personne qui m’a fait du tort ou du mal. Je ne dirai jamais non plus du mal d’une personne que je n’aime pas même si, dans un cas comme dans l’autre, je la zappe définitivement de ma vie.

Quel est l’acte dont vous êtes le plus fier ?

Etre devenue la personne que je suis et n’avoir jamais trahi les valeurs de mes parents : la politesse, le respect des autres, le don de soi et la gratitude. Je suis fière aussi d’avoir réussi à quitter Ostende pour Bruxelles (NDLR : après le décès de son mari) : c’était difficile car toute ma vie était là-bas.

Quel acte a-t-on posé à votre égard et qui a changé votre vie ?

Mon père qui, lorsque j’ai quitté mes études de finances pour me lancer dans la cuisine, a dit à ma mère qui pleurait toutes les larmes de son corps :  » Je ne m’inquiète pas, elle retombera toujours sur ses pattes.  » Moi, j’ai pensé :  » Si papa le dit, c’est que c’est vrai.  »

Quelle personne vous inspire ?

Je ne connais pas son nom… Un prisonnier politique sous Pol Pot, un homme qui a survécu à l’enfer et qui a écrit un livre ensuite. Son histoire m’impressionne énormément.

Quelle est la dernière chose que vous ayez donnée ?

La confiance en soi à une amie qui en manquait cruellement. Je l’ai mise en valeur, je lui ai démontré qu’elle avait des qualités même si on l’avait cassée toute sa vie en lui disant le contraire.

Selon vous, le monde irait mieux si…

Nous étions plus dans le partage, pas nécessairement financier, mais humain et sentimental. Si on cultivait un peu plus l’empathie et pas comme aujourd’hui où si quelqu’un se fait agresser ou renverser par une voiture, tout le monde regarde la scène sans jamais intervenir.

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