Zacharie, fou du roi

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Considéré comme le bouffon de Kabila, Zacharie est la nouvelle star de la télé au Congo. Diffusée sur plusieurs chaînes, son émission populaire, Lingala facile, captive les Kinois.

A Kin’, on l’adore ou on le déteste. Créateur et présentateur vedette de l’émission populaire Lingala facile, diffusée en soirée sur plusieurs chaînes congolaises, Zacharie Bababaswe captive des centaines de milliers de téléspectateurs. Mais, dans les milieux intellectuels, l’éc£urement l’emporte sur la fascination : beaucoup le considèrent comme un démagogue aux propos outranciers, voire comme le  » perroquet de Kabila « . Car cet animateur aussi agité et fort en gueule qu’un télévangéliste se présente comme un proche du président, se dit  » ministrable  » et n’hésite pas à traiter d’incapables ou d’incompétents des agents de la sécurité du chef de l’Etat et des membres du gouvernement, dont il réclame le limogeage.

Zacharie s’avoue  » un peu impulsif « , mais se flatte surtout d’être un historien des mentalités et un  » attaché de presse  » de l’épouse du président, Olive Lembe.  » Il a toutefois perdu son poste de conseiller auprès de la première dame du pays après la diffusion, dans son émission, d’un reportage qui contredisait les bilans officiels des érosions à Binza, sur les hauteurs de Kinshasa, à l’origine d’effondrements meurtriers « , signale Faustin, un Congolais employé d’ONG.  » Il dit ce que les autres cachent, mais donne aussi le mauvais exemple aux enfants, incités à tout se permettre « , juge Elise, une maman kinoise.

Né, selon ses dires, à Namur en 1964, fils de militaire, Zacharie a été un promoteur de la musique congolaise en Belgique. Il s’est rendu célèbre en produisant, depuis Bruxelles, Feux verts, un programme polémique qui présentait l’Europe aux Kinois. Dans la foulée, il lance, à Kinshasa cette fois, Lingala facile, émission d’actualités en argot local, qui donne la parole à l’homme de la rue, évoque les soucis du peuple et comporte des interviews et commentaires politiques.

 » Je fais ce que le public aime « , répète l’histrion.  » Sans la moindre gêne, Zacharie clame sa fierté d’avoir sa part du gâteau, raconte Octave, un autre journaliste télé. Il s’affirme vantard, mais pas orgueilleux. L’orgueilleux, dit-il, parle à tous de ce qu’il n’a pas ; le vantard, lui, étale ce qu’il a. « 

Olivier Rogeau

il se permet tout, traite des ministres d’incapables

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire