Waterloo sous pavillon étranger

Les expatriés forment toujours un pilier du marché waterlootois, surtout pour son volet locatif. Mais leurs budgets ont fondu et ils sont moins nombreux qu’auparavant.

Le climat de peur, dont les attentats de Paris du 13 novembre dernier ont été l’un des déclencheurs, a-t-il une incidence sur le marché immobilier waterlootois historiquement marqué par une forte présence d’expatriés gravitant autour de Bruxelles ? A la baisse, s’il leur venait l’idée de rentrer chez eux pour assurer leur sécurité ; ou à la hausse si, vivant dans la capitale, ils rapatriaient leur petite famille vers le calme de la périphérie ? Une décision appuyée par les récents attentats de Bruxelles, dont les conséquences posent également question.  » Nous n’avons pas pu observer de répercussions à la suite des événements parisiens et bruxellois, qu’il s’agisse de départs groupés, de perte de valeur ou même de désintérêt quelconque pour la brique locale de la part d’expatriés, renseigne Marick Schippers, consultant en immobilier auprès de la branche waterlootoise du réseau d’agences Engel & Völkers. Toutefois, nous avons eu pas mal d’échos de Belges vivant à Bruxelles qui souhaitent venir s’installer à Waterloo. Il est encore trop tôt pour réellement observer le moindre déplacement, mais l’idée fait son chemin parmi cette frange de nos clients.  »

Ce qui ne veut pas dire pour autant que la brique waterlootoise ne connaît pas d’évolution ces dernières années, tant sur les plans locatif qu’acquisitif. Et ce, quel que soit l’amateur, belge ou étranger.

Bruxelles est depuis longtemps une terre d’accueil pour les expatriés du monde entier. Eu égard à son statut de capitale européenne, abritant l’Otan de surcroît, à sa position centrale au sein du continent européen, mais aussi à sa brique, comparativement meilleur marché que celle d’autres métropoles.

Français, Sud-Américains et Suisses

Résultat ? Ils sont arrivés par vagues voici près de quarante ans pour y poser leurs valises, parfois même poussés dans le dos par des politiques nationales plus favorables à l’export de capitaux à l’étranger. Et se sont installés intra-muros, bien sûr, mais aussi au-delà des frontières bruxelloises, dans ses vertes campagnes environnantes.

 » A ce titre, Waterloo s’est très vite imposée comme nouveau quartier général, relate Marick Schippers. De par sa proximité avec la capitale, dont l’accès est bien desservi, mais aussi de par la notoriété de son nom.  » La petite commune  » en plein boom démographique  » voit débouler sur son marché des Anglais dans les années 1960, des Scandinaves dans la décennie suivante et dans les années 1980, rapidement suivis par des Américains et des Irlandais entre 1990 et 2000.  » Autour d’eux se créent des écoles – St John’s International School (1964), Bogaerts International School (1970), Scandinavian School of Brussels (1973)… – mais aussi des commerces spécialisés, des associations, des églises, des office parks peuplés de sociétés internationales… Bref, toute une petite communauté « , poursuit-il.

Communauté dont les rangs étaient, jusqu’il y a encore quatre à cinq ans, plutôt denses.  » On dénombrait alors quelque 20 % d’expatriés au sein de la population waterlootoise ! « , assure Marick Schippers. Aujourd’hui, ces troupes se sont clairsemées.  » Il y a moins d’expatriés qu’avant, c’est sûr, coupes budgétaires obligent pour les sociétés qui les emploient, renchérit Véronique Van Acker, coach immobilier et responsable de l’agence MB Housing. Mais il est intéressant de constater que de nouvelles nationalités font leur apparition. A l’image des Français, qui étendent à présent leurs recherches immobilières à Waterloo et ses environs, s’aventurant plus loin que les abords du Lycée français d’Uccle.  » Voire des Sud-Américains, ou même des Suisses,  » que l’on rencontre de plus en plus dans la région depuis une grosse année « , affirme la courtière.

Un Faubourg en vogue

Quid de leurs velléités immobilières ? Elles n’ont pas fondamentalement changé, observent les deux acteurs de terrain.  » Le quartier de l’école St John’s est toujours aussi prisé qu’avant, de même que, pour les plus fortunés des expatriés, celui du Faubourg, le plus couru de Waterloo par ailleurs « , indique Marick Schippers. Les grosses maisons cossues qui les colonisent y sont convoitées par ces candidats à la location – puisqu’il s’agit majoritairement de cela, malgré quelques exceptions acquisitives, de la part de Français surtout, signale Véronique Van Acker.

Outre ces deux quartiers mythiques, la courtière épingle aussi le centre de Waterloo, que certains expatriés apprécient pour la proximité des services et des commerces.  » Contrairement aux Belges, ils n’ont pas de problème avec le fait de ne pas posséder de voiture et de se déplacer partout à pied « , explique-t-elle. De son côté, Marick Schippers acquiesce et cite en exemple le quartier dit  » Versailles « .

En ce qui concerne les types de biens activement traqués par ces candidats locataires de choix, les deux professionnels décrivent des maisons brillant par leurs  » beaux espaces de vie, bien agencés « , par l’esthétique  » recherchée  » de leur intérieur comme de leurs prestations, par leur aspect général  » propre et joli « .  » Etant donné que les expatriés sont d’ordinaire accompagnés de leur famille, ils sont friands de biens comptant plusieurs chambres et salles de bains, précise Véronique Van Acker. Pour le reste, ils n’ont pas d’autres critères de prédilection.  »

Des loyers plus étriqués

Cela étant, les budgets en jeu ne sont, eux, plus ce qu’ils étaient.  » Autrefois, les « packages logement  » accordés aux expatriés étaient beaucoup plus importants « , souligne Marick Schippers. Désormais, les fees disponibles pour les loyers tombent dans une fourchette de 2 000 à 2 500 euros mensuels, contre plus de 3 000 euros il y a encore de cela cinq ans.  » Certains doivent même se contenter de tout au plus 1 600 à 1 700 euros mensuels, pointe le consultant. A ces prix-là, ils entrent directement en concurrence avec quelques clients belges.  » Il n’empêche, les biens les plus luxueux continuent de se louer à  » des tarifs défiant toute concurrence, de l’ordre de 5 000 euros mensuels pour les plus beaux d’entre eux, sis dans le Faubourg pour la plupart « , note-t-il.

Les  » packages logement  » des expatriés ayant rétréci, les prix de vente de ces villas waterlootoises de rapport ont suivi le mouvement ces dernières années. Surtout pour les biens évoluant dans des tranches de 700 000 à 1,5 million d’euros. Et la machine s’est enclenchée.  » Du coup, ce sont les mêmes maisons qui se louent à des prix plus doux, leur valeur vénale ayant été rabotée « , glisse Marick Schippers.

De quoi éveiller l’intérêt d’éventuels investisseurs… Si tant est, néanmoins, que les propriétaires vendeurs ne font pas montre d’attentisme.  » On en compte une poignée à ne pas accepter de se séparer de leur bien en-deçà d’un certain montant, aujourd’hui révolu. Deux solutions s’offrent alors à eux : sortir leur bien de la vente en attendant des jours meilleurs ou persévérer et risquer de le voir s’éterniser sur le marché. « 

Par Frédérique Masquelier

 » Il est intéressant de constater que de nouvelles nationalités font leur apparition  »

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