Viol : quand la parole se libère

Les petites filles aujourd’hui devenues femmes se mettent à parler. L’injonction de silence qui a pesé sur elles parfois pendant plus de trente ans a fini par être levée, souvent au prix d’efforts dont seules les premières concernées peuvent mesurer l’ampleur. Celles qui parlent et qu’on entend usent merveilleusement de leur talent et de leur notoriété pour se révéler, exposant ainsi une part d’elles-mêmes, nichée aux creux les plus intimes de leur féminité. Elles crient alors pour toutes les autres qui restent silencieuses et elles crient aussi sous toutes les formes : pièce de théâtre récompensée aux Molières, film primé aux Césars, entretien cash sur Mediapart, livre coup de poing chez Gallimard, interview chez François Busnel. Les langues se délient et, tout à coup, la justice se réveille, l’opinion publique s’offusque, les auteurs sont montrés du doigt, les alliés d’autrefois s’empressent de prendre leurs distances avec des  » c’était une autre époque « ,  » on ne savait pas « . Hypocrisies de circonstance. C’est l’effervescence parmi les victimes, on pousse un ouf de soulagement, les auteurs sont nommés ainsi que les crimes qu’ils ont commis sous le coup de leurs pulsions. Ce sont des pédocriminels. Notez que ce mot est souligné en rouge par le correcteur automatique, il n’est pas reconnu. Il n’est tellement pas reconnu comme il le devrait qu’un pédocriminel du nom illustre de Polanski vient de se ramasser douze nominations aux Césars ! Douze nominations ! Petit rappel des chefs d’accusation initiaux : viol sur mineur, sodomie, fourniture d’une substance prohibée à une mineure, actes licencieux et débauche, relations sexuelles illicites et perversion […]. Sachez cependant que de toutes ces années de silence ont fini par germer des voix aujourd’hui capables de crier. Alors, mesdames, continuons à crier… oui… hurlons même !

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