Victor Horta, l’homme derrière l’architecte

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Enfin une véritable biographie du maître de l’Art nouveau en Belgique, lui-même très discret sur sa vie privée.

Son £uvre compte parmi les atouts artistiques et touristiques du pays. Il a donné son nom à une station de métro bruxelloise, récemment vandalisée. De grandes expositions lui ont été consacrées. Le public se presse, toujours plus nombreux, dans sa maison-atelier de la rue Américaine, à Saint-Gilles. Jamais Victor Horta, à l’époque où le vieil architecte rongé par l’amertume rédigeait ses Mémoires (1939), n’aurait pu imaginer pareille gloire posthume. Car plusieurs de ses bâtiments avaient déjà été gravement défigurés. D’autres, boudés, négligés, lui paraissaient condamnés. De fait, trois ans à peine après sa mort, on abat l’hôtel Aubecq, qu’il considérait comme son chef-d’£uvre. En 1965, la Maison du Peuple est démolie, en dépit des protestations internationales.

Commence, grâce à la détermination de Jean Delhaye, ex-architecte-stagiaire du maître, un long combat pour la sauvegarde de ce qui subsiste. De même, une première monographie d’envergure consacrée à Horta paraît en 1970. De nombreuses publications vont suivre, qui pourraient remplir une bibliothèque entière ! Les unes, très spécialisées, traitent d’un aspect particulier de l’£uvre. Les autres, destinées au grand public, empruntent des sentiers battus et rebattus : dans ces beaux  » ouvrages de salon « , le texte n’apporte qu’un soutien incertain à l’image.

Soixante-cinq ans après la mort de l’architecte paraît enfin une véritable bio-bibliographie de Horta, fruit des longues recherches de Michèle Goslar, qui fut, voici une quinzaine d’années, la biographe de Marguerite Yourcenar. Ce texte donne non seulement un relevé complet des réalisations de l’un des plus grands maîtres de l’Art nouveau, mais il offre aussi un regard nouveau sur sa vie privée, largement méconnue. Peu heureux en ménage, survivant à ses deux filles, échouant dans sa réforme de l’enseignement artistique, Horta apparaît comme un homme sûr de son talent en cour de chantier, mais déçu par ses réalisations. Critiqué, moqué, peu apprécié par les pouvoirs politiques, il n’a jamais baissé les bras, s’est remis chaque fois à sa planche à dessins, avec l’espoir d’être enfin reconnu.

Victor Horta (1861-1947). L’homme – l’architecte – l’Art nouveau, Fonds Mercator.

Olivier Rogeau

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