Vert d’accord, mais pas à tout prix…

Jean-Pierre Delwart, CEO d’Eurogentec, va succéder, à l’automne, à Eric Domb à la présidence de l’Union wallonne des entreprises. Face aux orientations économiques de l’olivier, il est réservé. Gare au budget, aussi.

Le Vif/L’Express : Le plan Marshall 2.0 (high-tech et réseaux) annoncé à quelques semaines de la fin de la législature a fait place au plan Marshall 2. Vert. Cela vous semble porteur ?

> Jean-Pierre Delwart : L’Union wallonne des entreprises est d’accord avec cette orientation : l’éco-construction, le bio, les énergies alternatives, l’environnement plus vert, et la réduction des factures des ménages. Ce changement de politique annoncé va créer une nouvelle dynamique. Mais attention ! Nous sommes une petite Région, avec des moyens limités, et nous devons miser sur nos points forts. Il faut faire une analyse coûts-bénéfices très rigoureuse. C’est bien d’établir des politiques, à condition que la Région et le citoyen s’y retrouvent. Il faut analyser ce qui est valorisable. Les résultats des programmes de recherche doivent servir aux entreprises, leur finalité est d’être exploitables.

La création d’un sixième pôle de compétitivité, consacré aux technologies environnementales, ne risque-t-elle pas de diluer l’effort, et les moyens financiers, déjà en baisse ?

> J’espère que, à terme, ce sera une bonne idée. Il existe deux niveaux dans ce type de collaboration. Le premier étage est constitué par les clusters (bouquets, ou grappes), une forme de réseautage d’entreprises. Le deuxième par les pôles de compétitivité, qui rassemblent une masse critique de grandes entreprises, de PME, d’universités et de centres de recherche dans une démarche très innovante qui leur permet d’être des acteurs internationaux. Il existe déjà plusieurs clusters dans le secteur de l’environnement : Eco-Construction, Tweed, Tradecowall, Cap 2020… Il ne sert à rien de créer une nouvelle structure avant d’utiliser ce qui existe déjà. D’autant que la préoccupation environnementale est bien présente dans les pôles existants : BioWin est le pôle  » santé « , SkyWin travaille sur la consommation des avions, Mecatech sur le recyclage, Logistics sur la traçabilité ou le raccourcissement des trajets… Faisons donc d’abord travailler les clusters environnementaux, qu’ils se parlent entre eux. Si la nécessité de créer un sixième pôle se fait sentir, si le secteur atteint la masse critique pour se positionner au niveau international, alors on verra… Orientation verte de l’économie, d’accord, mais en travaillant sur ce qui existe déjà, et en tenant compte des budgets. Un pôle doit venir en soutien aux entrepreneurs. Ce n’est pas un projet qui est lancé d’abord, avant de chercher les entrepreneurs qui pourraient s’y associer.

Eurogentec fait partie de BioWin, l’un des pôles de compétitivité existants. Cela fonctionne bien ?

> Nous sommes effectivement associés à un programme de recherches. BioWin est un pôle important, qui comprend de grandes entreprises (GSK, UCB, IBA), lesquelles entraînent des PME dans leur sillage. Cela donne une visibilité internationale à un pôle qui avait déjà la taille critique pour s’imposer.

Parmi les priorités wallonnes en discussion : l’enseignement et la formation, qui devraient être plus en phase avec la réalité économique et sociale.

> Il est important qu’on forme des gens pour qu’ils puissent travailler en entreprise. L’école doit former des personnes compétentes. Mais comme les métiers évoluent tout le temps, il est important d’apprendre à apprendre, pour pouvoir évoluer tout au long de sa carrière. Il faudra des personnes flexibles, adaptables.

Plutôt olivier ou jamaïquaine?

> Ce qui est important, c’est que le futur gouvernement table sur les entreprises wallonnes, et ait une vision de l’avenir économique wallon.

Entretien : Michel Delwiche

Le changement de politique annoncé va créer une nouvelle dynamique. Mais attention !

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