Van Cau : double soupçon de trafic d’influence

La justice bute sur Jean-Claude Van Cauwenberghe dans deux dossiers où il aurait usé de son influence en tant que chef du gouvernement wallon. Premiers gros tracas judiciaires ?

La justice serre le socialiste Jean-Claude Van Cauwenberghe d’un peu plus près encore. Des magistrats parlent d’  » indices sérieux  » le mettant en cause dans deux dossiers distincts : Immo Congo et Beaumont.  » Van Cau  » serait intervenu pour favoriser les petites affaires d’amis proches. Son cerveau financier, l’ex-réviseur d’entreprises Daniel Lebrun, avait été associé à une nébuleuse transaction immobilière au Congo. Via une société que contrôle son épouse, Lebrun était entré par la fenêtre à Kinshasa, où devait être logé un centre Wallonie-Bruxelles, après avoir été jeté par la porte. A Beaumont (Hainaut), l’entrepreneur Michel Vandezande, membre du premier cercle au même titre que Robert Wagner, avait été désigné dans d’opaques circonstances pour la construction d’un hall des sports.

Point commun : Van Cauwenberghe était ministre-président de la Région wallonne au moment de ces coups de pouce présumés. A la mi-décembre, la justice carolo a obtenu son propre dessaisissement. Elle ne peut aller plus loin sans faire face à Van Cau. Or l’homme politique, ministre au moment des faits, jouit à ce titre d’un privilège de juridiction. Il ne peut être jugé par un simple tribunal correctionnel. Les dossiers vont donc aboutir au parquet général de Liège, la juridiction supérieure dont dépend le siège du gouvernement wallon. Là, le procureur Cédric Visart de Bocarmé devrait prochainement désigner un autre magistrat instructeur, au sein de la cour d’appel. Lequel poursuivra l’enquête sans risquer la nullité des poursuites. L’avenir dira au passage si les perquisitions menées au domicile de Van Cau, en juin dernier, dans le cadre du dossier Beaumont, peuvent échapper à des querelles de procédureà

Le 7 juin, Van Cau ne jouira plus de son immunité

A Liège, l’ancien patron de Charleroi pourra désormais être entendu, confronté ou même inculpé sans précaution particulière. Seuls un mandat d’arrêt ou un renvoi devant les tribunaux devront être précédés d’une demande de levée d’immunité parlementaire. Jusqu’au 7 juin prochain, en tout cas. Après cette date, Jean-Claude Van Cauwenberghe, n’étant plus député, ne sera plus protégé.

La justice cherche à établir un usage d’influence, qualification pénale proche de la corruption – à la différence notable qu’il ne faut pas prouver une récompense en échange d’un service offert. Van Cau a-t-il utilisé son pouvoir pour imposer ses  » candidats  » ? L’enquête Immo Congo s’est aventurée plus loin que celle des députés wallons, gentils animateurs d’une commission parlementaire aux conclusions chèvre-choutistes, en décembre 2006. Revoici donc Van Cau sous pression. Pour Beaumont, la procédure d’obtention des subsides mérite apparemment d’autres investigations. On aurait dérogé à la règle. Vandezande aurait-il été promu avec une manne d’argent public sous le bras ?

Trafic d’influence, favoritisme, copinage : d’autres vieux dossiers carolos secouent l’épouvantail Van Cauwenberghe. Dans la gestion d’énormes fonds de pension publics, la justice a constaté que des  » experts  » financiers introduits par Van Cau se sont octroyé de juteuses commissions occultes dans des paradis fiscaux, notamment aux Bahamas. L’enquête avance lentement dans les méandres de la finance internationale. Quant aux dossiers  » Wagner « , ils progressent tout aussi poussivement, gênés par les perquisitions manquées au domicile de Van Cau, en juin dernier, puis la tentative déjouée d’une conspiration franc-maçonnique visant à étouffer l’affaire, en septembre.

Philippe Engels

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