Donna, 30 ans, travaille pour une riche famille libyenne qui vit entre Paris, Londres et Dubaï. Ce jour-là, elle reçoit un appel de ses patrons annonçant leur arrivée imminente et lui priant de nettoyer les vitres de cet appartement parisien de 500 mètres carrés. Ils n'arriveront que plusieurs mois après... © Thomas Morel-Fort

Une vie à servir

Sur les 50 000 Philippins vivant en France, près de la moitié sont des travailleurs clandestins. Ils constituent une main-d’oeuvre domestique travaillant généralement dans les beaux quartiers de l’ouest parisien et dans des villas de la côte d’Azur. Dans des conditions qui tiennent souvent de l’exploitation.

Elles s’appellent Donna, Tita, Myrna ou Jhen. Mais dans le milieu, on les appelle  » Filipinas « . Ces employées domestiques philippines sans papiers travaillent pour de riches familles étrangères de passage en France. Cloîtrées chez leurs employeurs, logées dans des chambres de bonne ou dans les combles d’immeubles parisiens, certaines tentent d’échapper à leur condition précaire. En fuyant ou en se réfugiant auprès de leur communauté. Le photographe Thomas Morel-Fort a suivi leur vie au quotidien, se faisant passer pour l’un des leurs et partageant leurs conditions de travail pendant trois ans. Il nous en livre le récit en images.

Donna assure aussi la garde du bébé de la soeur de son patron, de passage à Paris. Cette maman se comporte tellement mal avec ses nounous que plusieurs ont déjà démissionné.
Donna assure aussi la garde du bébé de la soeur de son patron, de passage à Paris. Cette maman se comporte tellement mal avec ses nounous que plusieurs ont déjà démissionné.© Thomas Morel-Fort
Une vie à servir
© Dans une chambre de bonne d'un immeuble parisien, on se retrouve entre Philippins pour fêter un anniversaire et se soutenir mutu
Employées par de riches notables, les domestiques philippines se retrouvent à assurer des tâches ménagères dans des lieux improbables, ici à bord d'une péniche sur la Seine.
Employées par de riches notables, les domestiques philippines se retrouvent à assurer des tâches ménagères dans des lieux improbables, ici à bord d’une péniche sur la Seine.© Thomas Morel-Fort
Des enfants philippins s'amusent à la sortie de la messe dominicale organisée pour la communauté philippine. Cette génération est née en France et parle parfaitement le français.
Des enfants philippins s’amusent à la sortie de la messe dominicale organisée pour la communauté philippine. Cette génération est née en France et parle parfaitement le français.© Thomas Morel-Fort
Cette fois, c'est dans une villa sur la Côte d'Azur que Donna arrange la chambre de ses patrons. Cela fait dix jours qu'elle y est cloîtrée sans savoir à quelle date ses employeurs arriveront.
Cette fois, c’est dans une villa sur la Côte d’Azur que Donna arrange la chambre de ses patrons. Cela fait dix jours qu’elle y est cloîtrée sans savoir à quelle date ses employeurs arriveront.© Thomas Morel-Fort
A Paris, la fraternité des Guardians, dont chaque membre se voit marqué d'un tatouage, organise la solidarité entre membres de la communauté philippine : entraide administrative, collectes de fonds et organisation de festivités.
A Paris, la fraternité des Guardians, dont chaque membre se voit marqué d’un tatouage, organise la solidarité entre membres de la communauté philippine : entraide administrative, collectes de fonds et organisation de festivités.© Thomas Morel-Fort
Employée par une princesse saoudienne, Jhen fait le repassage dans la chambre d'un hôtel particulier du xvie arrondissement de Paris.
Employée par une princesse saoudienne, Jhen fait le repassage dans la chambre d’un hôtel particulier du xvie arrondissement de Paris.© Thomas Morel-Fort
Après une journée de travail, Jhen tente de joindre ses deux enfants de 15 et 17 ans, restés à Manille. Elle ne les a pas vus depuis cinq ans. Pour 440 euros par mois, elle loue cette chambre de neuf mètres carrés qu'elle occupe avec son compagnon.
Après une journée de travail, Jhen tente de joindre ses deux enfants de 15 et 17 ans, restés à Manille. Elle ne les a pas vus depuis cinq ans. Pour 440 euros par mois, elle loue cette chambre de neuf mètres carrés qu’elle occupe avec son compagnon.© Thomas Morel-Fort
Les patrons de Tita lui ont confisqué son passeport pour qu'elle ne s'enfuie pas. Obligée de dormir dans le couloir avec le bébé dont elle assure la garde dans cette grande villa, elle pourra compter sur la bienveillance du jardinier qui lui prêtera un matelas.
Les patrons de Tita lui ont confisqué son passeport pour qu’elle ne s’enfuie pas. Obligée de dormir dans le couloir avec le bébé dont elle assure la garde dans cette grande villa, elle pourra compter sur la bienveillance du jardinier qui lui prêtera un matelas.© Thomas Morel-Fort

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