Sophie Wilmès, à la tête d'un gouvernement en affaires courantes. Un cadeau empoisonné ? © HATIM KAGHAT/BELGAIMAGE

Une première Première

Jamais avant Sophie Wilmès (MR) une femme n’était devenue cheffe de gouvernement fédéral. Modestement chargée de faire tourner la boutique belge en léthargie. En attendant mieux : une vraie Première ministre ?

Dimanche 27 octobre, madame la locataire a pu prendre ses quartiers au 16, rue de la Loi déserté par Charles Michel, happé par un destin européen. Mazette, une femme à la tête d’un gouvernement fédéral, jamais encore la Belgique n’avait franchi le pas. Sophie Wilmès, 44 ans, MR comme son prédécesseur, n’a pas voulu en faire tout un plat. L’ex-ministre du Budget a eu le triomphe modeste, jusqu’en famille où le champagne n’a pas été sorti pour l’occasion.  » J’ai surtout réuni mes quatre enfants (10, 14, 16 et 23 ans) dans le salon afin de leur expliquer les conséquences de cette nomination sur notre organisation familiale. S’ils étaient habitués à ce que je sois peu à la maison, je leur ai dit que cela pouvait encore s’aggraver.  » Surtout, pas d’horrible malentendu,  » évidemment qu’être maman et Première ministre sont conciliables « . Quelle question !

Sophie Wilmès est autant ravie du signal fort enfin posé en faveur de la reconnaissance des femmes que consciente d’entrer dans l’histoire par la petite porte, celle qui lui livre les commandes d’un gouvernement réduit à gérer les affaires courantes. Il y a plus folichon que ce cadeau empoisonné. Femme de devoir plus que de pouvoir, l’heureuse promue recadre : elle ne se dérobera pas à sa mission. Plus ingrate qu’on ne l’imagine.

Que la Flandre n’ait généralement porté qu’un regard distrait sur l’ascension de cette illustre inconnue ne l’a pas offusquée. Son naturel autoproclamé  » humble et modeste  » n’en a pas été meurtri, jure-t-elle. Au nord du pays, les flamingants ont pourtant appris à la connaître et surtout à la prendre en grippe. Dame ! Une femme de la périphérie bruxelloise, habitante de Rhode-Saint-Genèse, une de ces communes à facilités linguistiques où elle a officié comme échevine, élue sur la liste Union des francophones. Le portrait tout craché d’une fransquillonne, tenante de l’impérialisme francophone en terre flamande, s’est épouvanté Theo Francken (N-VA), une  » pestkop « ,  » la pire des emmerdeuses « , dixit Gertrui Windels (CD&V), épouse d’un certain Herman Van Rompuy, qui fut échevine flamande à Rhode. Sophie Wilmès a beau balayer ce profil peu reluisant, sa réputation risque de la poursuivre. Qu’importe, elle n’a qu’un voeu à formuler : s’attarder le moins longtemps possible dans sa fonction d’intérimaire, pouvoir vite passer le relais à un  » vrai  » gouvernement dirigé par un  » vrai  » Premier ministre. Ou par une  » vraie  » Première ministre : elle, de préférence ? Elle y pense.

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