Une formation pour le patron

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

Une nouvelle  » affaire  » pour le Forem, qui n’en a pas vraiment besoin. Cette fois, c’est la tête qui est visée, avec la préparation, par une firme privée, de Jean-Pierre Méan à sa propre succession.

Le Forem, avec plus de 4 000 agents, a besoin d’un management fort, explique un membre du comité de gestion qui ne peut être suspecté d’une tendresse démesurée pour le PS. Ce management a besoin d’être formé. Jean-Pierre Méan, l’administrateur général, n’avait même plus d’adjoint. « 

 » C’est un mauvais procès qui lui est fait, d’autant que le Forem est contrôlé par de nombreuses instances, dont un audit interne permanent et la Cour des comptes « , ajoute un autre membre du comité de gestion, l’organe composé de représentants des organisations patronales et syndicales.

En 2008, Jean-Pierre Méan, étiqueté socialiste, a été confirmé dans ses fonctions, qu’il exerçait depuis vingt ans. Toutefois, il a d’abord dû passer une épreuve de sélection : le poste avait été ouvert à d’autres candidats, comme tous les postes dirigeants de l’administration wallonne. Méan a réussi l’épreuve, organisée par le Selor, et a été nommé par le gouvernement wallon. Selon le MR, il aurait bénéficié de facilités pour présenter l’épreuve, en l’occurrence une formation taillée sur mesure par une société privée, Management People Development. Il ne serait d’ailleurs pas le seul : quatre autres personnes auraient profité des conseils manifestement avisés de cette société pour réussir l’épreuve du Selor, et accéder aux quatre plus hauts postes du Forem, en dessous de Méan. Cette société privée, a répondu Jean-Claude Marcourt (PS), ministre wallon de l’Economie et de l’Emploi, a perçu pour ce coaching une somme d’environ 20 000 euros, payée par le Forem.

C’est là que le bât blesse. Pour le député MR Willy Borsus,  » de l’argent du Forem a donc servi non à la formation des chômeurs, au placement des sans-emploi, mais à du coaching bénéficiant à la carrière individuelle de quelques-uns « . Il est normal de se préparer à un examen, dit-il, mais pas avec l’argent public. Le cas n’est sans doute pas unique, subodore-t-il, puisqu’il a demandé au gouvernement wallon d’établir l’inventaire précis des moyens utilisés par les administrations wallonnes  » pour garantir la carrière de leurs hauts fonctionnaires « .

Jean-Pierre Méan, suite à la publicité faite autour de cette affaire, a décidé de rembourser la somme de 7 405 euros payée pour sa formation. Man£uvre maladroite peut-être, car cela ressemble drôlement à la reconnaissance que quelque chose a été caché.

Ciblée pour le Selor

 » C’est une réaction personnelle, je suis comme je suis, répond-il. J’éprouve une grande lassitude par rapport à ces attaques perpétuelles. J’en ai ma claque, et je ne veux pas que cette formation que je trouve normale puisse être mal perçue. Je considère que toutes les entreprises, publiques comme privées, doivent assurer des formations, pas seulement au personnel, mais aussi aux cadres. « 

Les prestations de la société privée visaient-elles clairement à préparer à l’examen du Selor ?  » En ce qui me concerne, en partie oui. Pour les quatre autres personnes, je ne sais pas. Je pense par contre que, pour couper court à tous ces reproches, il conviendrait qu’elles s’engagent elles aussi à rembourser. En tout cas la partie ciblée sur le Selor, qu’il faudra établir, et qui ne représente donc qu’une partie des sommes invoquées. « 

MICHEL DELWICHE

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