Une femme pour une grande ville ?

 » La politique ne peut pas se priver de la moitié de la population « , affirme la ministre wallonne de l’Egalité des chances, Eliane Tillieux, qui se lance avec la liste socialiste à la reconquête du maïorat namurois. Pas facile : la ministre n’a pas vraiment marqué la vie politique locale.

Le Vif/L’Express : Egalité homme-femme, on ne peut pas dire que le gouvernement wallon montre l’exemple…

Eliane Tillieux : En effet, j’y suis la seule femme. Et j’ai hérité de compétences considérées comme féminines, santé et action sociale. Il faut sortir de ce type de stéréotypes qui veut que les femmes ne se préoccupent que des femmes, de la scolarisation de leurs enfants ou des centres de planning familial… Je suis aussi ministre de l’Egalité des chances, et je constate qu’il y a encore du travail, en politique comme ailleurs, pour arriver à la parité. Le gouvernement wallon a lancé un  » plan global égalité « , une centaine de mesures pour briser les habitudes de cooptation au sein d’un  » old boys network  » et combattre les discriminations envers les femmes, mais aussi les personnes d’origine étrangère, les handicapés et lutter contre l’homophobie. J’ai également présenté un décret  » mixité  » pour limiter à 2/3 les administrateurs d’un même sexe dans tous les organismes agréés par la Région (sociétés de logement, crèches, parcs naturels, maisons de repos…). Il faut forcer le changement, puisque l’égalité ne vient pas naturellement.

Et vous comptez forcer aussi les portes de l’hôtel de ville de Namur ?

Ce serait en tout cas un signe fort qu’une femme dirige un jour une grande ville. Namur est la 3e ville de Wallonie, derrière Charleroi et Liège, et aucune des neuf grandes villes wallonnes (plus de 50 000 habitants) n’est dirigée par une femme. Il faut faire bouger les choses, permettre aux femmes d’être plus invitées sur les plateaux de télé, dans les débats. Trop de listes sont toujours tirées par des hommes. Les candidates arrivent dans un environnement essentiellement masculin, parce que les femmes doivent toujours tout prouver, parce que les hommes en place n’ont pas forcément envie de devoir s’effacer après 25 ans ou plus de mandat, de céder à un  » bouge-toi de là que je m’y mette « … La parité, c’est l’équilibre, qui deviendra dès lors la normalité. Je considère que la commune, là aussi, doit donner l’exemple.

En recourant aux quotas ?

Tout le monde dit qu’il faut des femmes. Je pense que le système des quotas est un mal nécessaire. Lui seul peut faire évoluer les mentalités, même si on sait que ce n’est pas l’idéal théorique. Certaines féministes y sont d’ailleurs farouchement opposées parce farouchement opposées parce qu’elles jugent cette mesure condescendante et pensent que l’on pourrait attendre qu’un mouvement naturel porte les femmes aux postes à responsabilité grâce à leur compétence, leur formation, la lutte contre les stéréotypes. Vous me permettrez de ne pas me satisfaire d’attendre. Je suis impatiente, parce que je veux des résultats rapides. Les inégalités doivent se réduire ! Et s’il faut forcer le destin, c’est bien cela, la responsabilité politique : faire en sorte que s’accélèrent les processus naturels favorables ! Il est fini le temps où une femme, approchée pour se présenter sur une liste, répond qu’elle doit demander à son mari… Ou endosser le costume de la femme forte. Mais c’est vrai que ce n’est pas facile. Quand j’ai décidé de me lancer en politique, des amis très proches m’ont demandé :  » Et tes enfants ?  » Comme si je les abandonnais…

PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL DELWICHE

 » Je suis impatiente, parce que je veux des résultats rapides « 

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